La Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP) était en conférence de presse le mercredi 26 juillet à Lomé. Dans leur déclaration luminaire, les responsables de ce mouvement, sont, non seulement revenus sur la question de la reprise du recensement, mais aussi le flou total et l’opacité qui entourent tout le processus électoral.
La questio’ sécuritaire au nord du pays était également au centre des échanges.
La DMP s’insurge contre l’alignement des acteurs réunis au sein du CPC sur la violation des articles 44 et 45 du code électoral par la CENI et poursuit son combat pour que tous les Togolais jouissent de leurs droits de s’inscrire sur la liste électorale Mesdames et Messieurs les journalistes, Chers militants et sympathisants de la DMP,
Nous vous souhaitons la bienvenue et vous remercions pour votre promptitude à répondre à notre appel.
Notre pays vit une situation sécuritaire et politique dont la gravité est sans précédent. Avant d’aller plus loin, nous tenons à saluer la mémoire des 12 soldats morts sur le champ de bataille au cours des dernières attaques du 17 juillet 2023 et invitons ainsi l’assistance à observer une minute de silence en leur mémoire.
Nous tenons à présenter nos condoléances aux familles éplorées et à réaffirmer notre soutien aux membres des forces armées togolaises qui se battent au front pour défendre notre chère patrie le Togo.
Pour une énième fois nous déplorons la gestion opaque des questions de sécurités qui concernent pourtant tous les Togolais et demandons au régime en place de rendre compte au peuple togolais de l’évolution du combat contre le terrorisme, comme le fait tout gouvernement qui se sent redevable au peuple.
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Dans un communiqué rendu public le 22 juin 2023, la CENI a annoncé la fin des opérations de recensement électoral menées sur toute l’étendue du territoire répartie en trois (03) zones.
La DMP, tout comme certains autres partis politiques, a protesté contre cette annonce en demandant la reprise de ces opérations dans la zone 1 du fait que les bureaux de recensement et de vote (BRV) ont été fermés dans plusieurs CRV de cette zone alors même que de nombreux compatriotes étaient encore dans les rangs pour se faire enregistrer.
Il faut rappeler que cette interruption des opérations avait provoqué un tollé général et beaucoup d’indignations car des compatriotes ont été purement et simplement empêchés de se faire enregistrer par les responsables de la CENI qui leur ont fermé au nez les bureaux de recensement alors que beaucoup d’entre eux avaient fait plusieurs allers et retours pour se faire enrôler en vain. Cette situation était causée par des multiples manquements et dysfonctionnements constatés lors du déroulement des opérations surtout dans sa phase de démarrage. Ces divers manquements ont été d’ailleurs reconnus par le gouvernement dans son compte rendu du conseil des ministres ayant suivi la fin de la prolongation du délai imparti pour ces opérations dans la zone 1.
Il est donc tout indiqué que les compatriotes privés de l’exercice de ce droit soient rétablis dans leur droit.
Malheureusement et contre toute attente, ce sont les acteurs politiques réunis au sein du Cadre Permanent de Concertation (CPC) qui entérinent cette violation flagrante des droits des citoyens par la CENI à l’issue de leur dernière rencontre.
La DMP ne peut admettre cette énième forfaiture venant des acteurs politiques sensés défendre les intérêts de notre peuple.
La DMP considère que la saisine du CPC pour régler cette question est une erreur politique et invite les auteurs de cette saisine à la reconnaître et à se rendre compte d’avoir joué le jeu du pouvoir qui n’a affiché jusque-là aucune volonté réelle de voir les gens s’inscrire massivement sur les listes électorales.
Aucun Togolais ne peut être privé de son droit de s’inscrire sur une liste électorale. Aussi, la DMP a-t-elle pris ses responsabilités pour soutenir tout citoyen désireux de mener le combat pour s’inscrire conformément aux articles 44 et 45 du code électoral, malgré la décision inique et méprisante des tenants du système en place de clôturer définitivement les inscriptions et bien qu’ils soient passés à l’affichage des listes électorales.
La DMP informe donc l’opinion nationale et internationale qu’une requête vient d’être déposée le 25 juillet 2023 devant la Cour de Justice de la Communauté CEDEAO par une citoyenne togolaise aux fins de faire reprendre les opérations d’enrôlement des électeurs qui n’ont pas pu se faire délivrer leurs cartes d’électeur, les privant du coup du droit d’exercer leurs droits électoraux, notamment d’être électeurs et éligibles. Cette action en justice vise par ailleurs à faire comprendre aux responsables des institutions de la République Togolaise qu’ils ne peuvent plus délibérément continuer à piétiner les droits des citoyens notamment le droit de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays, soit directement, soit par l’intermédiaire de représentants librement choisis, sans que ces derniers ne puissent se défendre.
La DMP tient à féliciter la compatriote qui a décidé d’aller jusqu’au bout en revendiquant ses droits en justice. Elle exhorte tous les citoyens en général et toutes les victimes de cette violation du droit de s’inscrire sur une liste électorale et d’être par conséquent électeur et éligible, à se mobiliser pour revendiquer leur droit et faire échec aux manœuvres du pouvoir qui rentre ainsi dans leur stratégie de fraudes aux élections futures.
Aujourd’hui une plainte a été déposée dans ce sens. Mais malheureusement cela ne s’est pas fait sans difficultés. Dans la préparation de l’action en justice, les conseils mis à la disposition de la concitoyenne ont sollicité sans succès l’intervention d’au moins 20 huissiers. Le 21eme qui a commencé le travail s’est rétracté à notre grande surprise et a remboursé l’avance qui lui avait été payée après avoir rencontré le
Président de la CELI, formalité qu’il jugeait pourtant indispensable pour finaliser son travail et délivrer l’acte qui était attendu de lui. Il a manifestement subi une pression au cours de la rencontre qu’il a eue.
La DMP déplore ce comportement d’un officier de justice dont le rôle est de contribuer à une bonne administration de la justice afin que les citoyens dont les droits sont violés puissent être rétablis dans leurs droits, un officier qui par conséquent devrait assumer ses responsabilités afin qu’advienne l’Etat de droit auquel aspirent tous les Togolais.
La DMP rappelle une fois de plus à tous les citoyens togolais que l’alternance et l’Etat de droit auxquels nous aspirons tous ne peut être de la responsabilité uniquement de certains Togolais. Nous n’atteindrons nos objectifs que si nous assumons tous nos responsabilités avec courage, en nous affranchissant de la peur par laquelle le régime entend nous retenir indéfiniment sous le joug de la dictature.
Tous ces constats, loin d’émousser la détermination de la DMP, la renforcent plutôt dans sa volonté de se battre jusqu’au bout pour mettre fin à la dictature au Togo. L’action en cours au niveau de la justice communautaire sera suivie de très près jusqu’à son aboutissement et d’autres initiatives seront prises au besoin, pour défendre le droit des Togolais réunissant les conditions à s’inscrire sur des listes électorales fiables, pour un fichier électoral sain, bien épuré et purgé, tout aussi intègre et fiable, base d’élections transparentes et démocratiques.
La DMP est plus que jamais déterminée à continuer son combat pour des élections transparentes, libres et démocratiques. A cet effet, elle exprime ses vives préoccupations au sujet des irrégularités, du flou total et de l’opacité qui entourent ce processus électoral enclenché :
– à quatre mois des élections législatives si l’on s’en tient aux dispositions constitutionnelles pertinentes, les partis politiques, parties prenantes au processus électoral n’ont aucune information sur le calendrier électoral ;
– Par ailleurs, en violation de l’article 19 du code électoral aux termes duquel les membres de la CENI sont désignés pour un an, les membres de l’actuelle CENI non représentative des forces politiques en présence et contrôlée par le régime, continuent de conduire le processus électoral dans l’illégalité alors que leur mandat a pris fin depuis mars 2023.
– La Cour Constitutionnelle qui est sensée connaitre de tous les recours relatifs au processus électoral en cours est amputée de bien de ses membres dont le président et ne peut valablement assurer ses responsabilités. Son renouvellement devient un impératif pour la bonne poursuite du processus.
– Concernant l’affichage des listes électorales provisoires les 20 et 21 juillet 2023, la CENI a une fois de plus procédé à une communication a minima ; Les affichages ont été faits tardivement et sans la présence des agents de la CENI dans tous les centres de vote ; Les listes ont été arrachées à plusieurs endroits ; Les anomalies relevées ci-dessus ne facilitent pas aux citoyens l’exercice des recours aux quels ils ont droit ;
Au regard de tout ce qui précède, la DMP tire les conclusions suivantes sur lesquelles elle voudrait attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale :
– Le CPC n’est pas un cadre approprié pour trouver des solutions politiques aux problèmes politiques qui minent le Togo. Le CPC a été conçu pour être contrôlé par le régime en place avec le soutien de ses alliés d’une pseudo opposition pour donner l’impression à la communauté internationale qu’il est ouvert à des discussions politiques ;
– Les résultats des dernières discussions du CPC donnent donc raison à la DMP qui avait déjà compris la manœuvre et n’a pas voulu s’associer au processus pour conforter les pouvoirs en place dans leur jeu.
– Le régime en place doit sortir de ce jeu qui ne trompe personne en prenant son courage à deux mains pour ouvrir des discussions sérieuses avec les forces qui s’opposent véritablement à lui ;
– L’affichage des listes électorale a été bâclée, ce qui donne une raison de plus de douter de la fiabilité des listes qui seront issues du recensement électoral si rien n’est fait pour effectivement corriger les anomalies afin de rassurer les partis politiques et les populations parties prenantes au processus.
Concernant la situation qui prévaut dans le pays sur le plan politique et celui des droits de l’homme, en cette période préélectorale, La DMP rappelle par ailleurs qu’elle a présenté au chef de l’Etat une plateforme de revendication comportant des revendications politiques, à savoir le retour des exilés politiques et la libération des détenus politiques et des revendications visant à la transparence des élections qui incluent le découpage électoral, la recomposition de la CENI et de la Cour Constitutionnelle, la proclamation des résultats des élections bureau de vote par bureau de vote. A ces points s’ajoute la question de la sécurité dans les localités touchées par les attaques terroristes.
En conséquence,
– La DMP demande à la CENI de faire un point complet des opérations d’affichages de liste électorales précisant la situation réelle de l’affichage des listes électorales, le nombre de requêtes obtenus des électeurs, les statistiques sur le nombre d’inscrits obtenus par CELI ;
– La DMP en appelle au chef de l’Etat afin qu’il initie des discussions très inclusives permettant à la classe politique togolaise de trouver les solutions que les Togolais attendent de nous à tous ces sujets qui les préoccupent. La situation actuelle relève de sa responsabilité première et il se doit de les assumer afin que le processus électoral se déroule dans la paix et la cohésion nationale.
Le chef de l’Etat qui s’est assigné un rôle de faiseur de paix intervenant pour le règlement des conflits partout en Afrique doit montrer qu’il est capable de discuter avec son opposition et de trouver des compromis qui vont dans l’intérêt des populations comme il s’évertue à le rappeler aux protagonistes dans les conflits dont il s’occupe. Le simulacre de la dernière réunion du CPC est à cet effet une honte qui décrédibilise ses actions. Il est temps que des solutions politiques soient trouvées aux problèmes politiques du Togo afin de donner espoir aux Togolais dont le quotidien est un véritable chemin de croix.
La DMP en appelle aussi aux partenaires du Togo qui soutiennent cette orientation de faiseur de paix afin qu’ils l’amènent à ouvrir dans son pays, des discussions réelles débouchant sur des compromis et non des diktats à l’instar de ce qu’il fait dans d’autres pays.
La DMP exhorte les citoyens togolais à rester déterminés et à jouer désormais chacun, un rôle actif de premier plan pour provoquer les changements que nous désirons tous pour notre pays le Togo.
Fait à Lomé le 26 juillet 2023