Élevé, il y a quatre ans, en chef-lieu de préfecture qui porte son nom, Agoè-Nyivé, y concentrent des projets de développement, depuis plusieurs années. Des routes aux immeubles en passant par des infrastructures socio-éducatives, ce canton situé à la sortie nord-Est de Lomé devrait ressembler à Paris, la capitale française en miniature. Au lieu de faire parler de lui pour son développement, Agoe attire l’attention, avec une actualité moins reluisante.
Situé à plus de 18 kilomètres du centre-ville Lomé, Agoè Nyivé est un canton en plein essor et loge bon nombre de hauts fonctionnaires travaillant dans la capitale. Ce canton accueille aussi, depuis quelques années, non seulement certains grands noms du pouvoir de Lomé mais aussi des institutions. Il faut dire qu’Agoè-Nyivé est aussi une gîte militaire, donc un point stratégique pour l’armée togolaise. Ainsi, offre-t-il plus de sécurité à ces personnes dont la fortune attise des convoitises.
En effet, ancien quartier précaire, Agoe-Nyivé s’est subitement métamorphosé. Aujourd’hui, il s’est réinventé grâce à une mutation urbaine de très grande ampleur. C’est une ville dans la capitale. Lors de la campagne pour l’élection présidentielle d’Avril 2015, le parti au pouvoir avait même « promis faire de ce quartier un petit Paris », se souvient un habitant. Le Chef de l’Etat, Faure Gnassingbé avait lui-même laissé entendre qu’il va y construire un hôpital moderne. Hôpital Saint Pérégrin. Mais cinq ans après, cet hôpital n’est toujours pas encore fonctionnel. Passons !
Malheureusement, depuis quelques temps, au-delà du chef-lieu Agoè-Nyivé, cette préfecture autrefois paisible fait la Une des médias pour son insécurité grandissante.
Un nid d’insécurité…
En effet, malgré le développement, l’insécurité est toujours persistante à Agoè. Pratiquement chaque jour, on y enregistre des cas de cambriolages, de vols à mains armées accompagnés parfois de meurtre. Hôpital Saint Pérégrin. La semaine dernière, la Police nationale a annoncé le démantèlement de deux réseaux opérant dans la zone. « Le deuxième réseau démantelé est un groupe de sept (07) cambrioleurs, receleurs et trafiquants de drogues à haut risque, tous de nationalité togolaise ayant pour base un ghetto situé au quartier Agoè non loin du lieu-dit ‘’Leader Price’’. Ils se livrent habituellement à la consommation de stupéfiants qu’ils se procurent auprès d’un grand dealer du ghetto avant d’aller commettre leurs forfaits. Ils sont spécialisés dans les cambriolages de domiciles et magasins. Ils y accèdent par effraction, de jour comme de nuit, et raflent tout objet de valeur qu’ils y trouvent », avait indiqué la Police nationale.
Dans la nuit du 29 au 30 janvier dernier, trois individus vraisemblablement d’un autre réseau qui règne en maître à Agoè-Nyivé, dévalisant les commerces et dépossédant les habitants du milieu de leurs biens, ont été maîtrisés et copieusement molestés alors qu’ils tentaient de braquer des zémidjans.
Au-delà d’Agoè-Nyivé, Adétikopé, un autre canton de cette préfecture, a cumulé également des cas de banditisme grand format ces dernières années dont le plus retentissant a été la rafle opérée en 2014 au marché de batailles de la localité, au moyen d’armes de guerre et ce, juste après le braquage suivi de meurtres à l’aéroport international de Lomé le28 septembre de la même année.
De petit Paris, Agoè-Nyivé est en train de devenir une banlieue hautement dangereuse de Lomé. L’une des causes profondes de cette insécurité est le développement à double visage de ce quartier. En effet, sous de grands immeubles vivent des familles qui tentent de survivre dans l’extrême pauvreté. Ces gens qui ont été témoins du développement de leur quartier, par dépit, tombent plus facilement dans la délinquance. La solution à ce problème réside donc dans la capacité des responsables locaux à proposer des projets inclusifs avec un impact réel sur la qualité de vie quotidienne de ces habitants, rongés par la pauvreté sous les yeux snob de la classe des parvenus.
Source : Fraternité