Les corps habillés postés aux check points situés dans le quartier Administratif doivent rudement avoir besoin du nécessaire. De l’argent, pour être précis. A voir comment ils font la manche quand vient la nuit, on se demande si ce qu’ils reçoivent comme salaire leur suffit. Cela n’est pas un secret pour la plupart de ceux et celles qui ont fait le tour de cette artère où les véhicules personnels sont souvent arrêtés dans le but affiché d’obtenir de leur conducteur de quoi boire un « café ». C’est la formule consacrée. Et ceux qui sont véhiculés à moto ne sont pas plus épargnés par ces hommes en treillis qui affichent ouvertement leur nature de crève-la-fin. Si beaucoup de ces soldats demandent à tout bout de champ un café, d’autres, plus désinvoltes qu’ils n’en ont l’air, demandent carrément l’argent de la bière. D’autres encore vont jusqu’à demander de l’argent.
Loin de nous la volonté d’ironiser, mais si les hommes qui sont commis pour veiller à la sécurité des citoyens affichent à visage découvert leur misérabilisme, on ne peut que se poser des questions. Leur salaire serait-il à ce point insuffisant qu’ils en seraient réduits à demander à manger chaque fois qu’un citoyen est tenu de passer par leur dispositif ? Vivraient-ils dans un dénuement sans nom ? On a du mal à percer ce mystère, comme on a du mal à obtenir le vrai chiffre de leur salaire brut. Ce qui est sûr est qu’ils ne feraient d’aussi avilissantes demandes si leurs appointements leur suffisaient. En agissant ainsi, ils perdent également l’estime des passagers qui n’avaient déjà pas une bonne opinion d’eux. Au nom de l’étiquette et surtout pour l’honneur de l’uniforme, les soldats se doivent de sauver les apparences. Il ne nous revient évidemment pas de plaider pour une cause à laquelle nous sommes si étrangers, mais quoi qu’on dise, la hiérarchie gagnerait à revoir ce paramètre. Il y va de leur image également.
Source : Le Correcteur