Que sont les états généraux de la santé et de l’éducation devenus ? Le seul hôpital de référence dit Saint Pérégrin est relégué à la Saint-Glinglin. Et les hôpitaux du pays étaient considérés comme des mouroirs par Faure Gnassingbé. Mais plutôt que de se focaliser sur ces domaines prioritaires pour démontrer que, bien que « nommés », ils avaient à cœur les problèmes existentiels du citoyen lambda, les chers députés sans lesquels aucune loi ne saurait être appliquée, ont jugé plus utile de voter des dépenses de prestige pour augmenter l’effectif de l’armée et l’acquisition de matériels militaires qui, au demeurant, ne sortent pas d’usines de fabrication d’appareils neufs, mais plutôt prélevés dans des stocks de l’armée française.
L’état de la santé et de l’éducation serait-il autre si les états généraux de ces deux secteurs prioritaires avaient été organisés comme promis par Faure Gnassingbé il y a quelques années ? Les mouvements à répétition au sein du corps enseignant, et l’absence de centres de soins de référence auraient-ils été paliés d’une certaine manière ? Autant d’interrogations auxquelles il revient à chacun de répondre.
Mais dans la majorité des pays du monde, aucune loi ne peut être mise en œuvre sans l’aval de ceux qui disent représenter le peuple au sein d’un parlement. Le Togo n’a pas dérogé à la règle et 91 députés ont été « élus » depuis plus de deux ans déjà. Seulement, un bilan sommaire laisse voir qu’au Togo, les députés sont plus prompts à élargir les projets de loi émanant de l’exécutif, plutôt qu’à initier des propositions de lois qui aillent dans l’intérêt des populations, celles qui les ont mandatés. Et à l’analyse, on finit par comprendre ceux qui qualifient les membres de l’actuelle législature de « députés nommés ».
Comment comprendre que, contre un projet de loi comportant deux ou trois articles à modifier, l’Assemblée nationale aille jusqu’à la trentaine d’articles modifiés dont la plupart vont dans le sens d’un blanc-seing accordé à celui dont on dit qu’il les a nommés ? Comment comprendre que depuis qu’ils siègent au parlement, ces députés n’aient initié aucune proposition de loi qui ravisse les cœurs des citoyens ? La gestion des secteurs de l’éducation et de la santé n’est pas ce à quoi on s’attend. Mais depuis, c’est la léthargie à l’assemblée nationale.
Dans le domaine de l’inclusion financière, le Fonds national de la finance inclusive (FNFI) n’a de cesse d’accorder des prêts aux bénéficiaires, tant et si bien qu’à ce jour, bien malin qui pourra dire parmi ces députés le montant total décaissé au budget de l’Etat qu’il faut reverser à un moment donné. Mais bien qu’il existe une commission des finances au sein de cette assemblée nationale, aucune enquête parlementaire pour effectuer une plongée dans la gestion des remboursements des prêts et voir la part du capital, de l’épargne et des intérêts à ce jour. Au FNFI, c’est la navigation à vue, du moment qu’aucune instruction personnelle ne vient du chef de l’Etat.
Mais il a suffi qu’ordre soit donné pour adouber la loi de programmation militaire, comme si le Togo était en guerre, pour qu’à la majorité absolue, ces « supposés » représentants du peuple courent et lèvent les mains pour dire oui au décaissement de plus de 722 milliards FCFA sur une durée de 5 ans. « Supposés » représentants du peuple ! Comme le disait ce confrère, « ils ne représentent pas le peuple, parce qu’au sein même de leur parti, il n’y a pas de débat ». Encore faut-il que le matériel militaire à acquérir soit de source.
Rappelons-nous, le Togo a réglé une facture de 30,5 millions d’euros à la société française Secaro, « spécialisée dans la modernisation d’appareils issus des stocks de l’armée française ». Allez-y constater l’état des appareils livrés! A ce propos, un observateur affirmait que « jamais la France ne livrera des matériels de dernière génération au Togo ».
722 milliards de façon empirique, c’est en moyenne 144 milliards FCFA annuelle à dégager sur le budget pour faire face aux besoins. Encore faut-il que le matériel serve effectivement aux besoins du pays !
Mais depuis que la course aux vaccins a été lancée, le Togo a fait le choix du projet Covax qui lui fera acquérir à moindre coût le vaccin. Et peut-être gratuitement. Alors que ce sont des vies qui sont en jeu. Quand on se rappelle que pour des questions sécuritaires, on dépense sans compter, mais que la question de l’immunité de la population ne semble pas constituer une priorité, on peut se demander si ces mêmes députés reviendront vers les populations pour quémander leurs voix aux prochains scrutins. Pas sûr, étant donné qu’ils sont des élus mais des « nommés ».
Godson K. / Liberté N°3317 du 01-02-21