Sept personnes sur dix (7/10) dans la région des Savanes vivent dans la pauvreté, indique l’Enquête Harmonisée sur les Conditions de Vie des Ménages (EHCVM). Une enquête réalisée par l’Institut national de la statistique et des études économiques et démographiques (Inseed). Les résultats publiés le jeudi 29 octobre dernier montrent que 65,1% des populations de la partie septentrionale du Togo vivent sous le seuil de pauvreté.
Les principaux résultats de cette enquête montrent également que « le seuil de la pauvreté, calculé selon la nouvelle méthodologie est de 273.628,3 FCFA par personne et par an. L’incidence de la pauvreté, déterminée à partir du seuil calculé, se situe à 45,5% au niveau national (2018-2019) contre 51,1% (2015) ; 58,7% (2011) et 61,5% en 2006 ». L’enquête précise encore que « l’agglomération de Lomé connaît l’incidence la plus basse de la pauvreté avec une proportion de 22,3%. La région Centrale et celle des Plateaux ont des incidences de pauvreté qui ne sont pas loin de la moyenne nationale (respectivement 47,3% et 48,9%) ». « La région des Savanes a l’incidence de pauvreté la plus élevée (65,1%) », révèle l’enquête. De tous ces résultats, celui de la partie septentrionale mérite que l’on s’y intéresse.
Pauvreté ambiante dans les Savanes…
Et pour cause, depuis plusieurs années, les différentes enquêtes notamment le « Profil de la pauvreté et de la vulnérabilité au Togo » ont révélé que c’est dans cette région que la proportion des personnes pauvres ou vulnérables est la plus élevée au Togo.
Cette situation n’est pas sans conséquences sur la vie des populations de cette région. En effet, en terme d’inclusion financière, une bonne partie des populations de la région des Savanes n’ont pas accès aux services de santé pour des raisons financières.
Autre impact, selon les données de l’enquête démographique et de santé réalisée en 2013-2014 , la malnutrition chronique, la malnutrition aigüe et l’insuffisance pondérale touchent respectivement 27,5% , 6,5% et 16% des enfants de moins de cinq ans et majoritairement dans la Région des Savanes.
L’échec des politiques de lutte contre la pauvreté…
Pourtant, plusieurs projets de lutte contre la pauvreté ont été lancés dans cette région. Le gouvernement togolais a mis en place plusieurs stratégies ayant deux objectifs principaux. D’une part, elles visent de façon explicite l’inclusion sociale en mobilisant des ressources de l’économie sociale et solidaire. D’autre part, il s’est développé une approche orientée vers la création d’entreprises, voire vers l’entrepreneuriat. Progressivement, ce sont mises en œuvre d’autres stratégies qui, tout en étant centrées sur l’entreprise, sont attentives au social et aux liens avec la collectivité.
L’un des derniers en date est le lancement de l’extension des Transferts monétaires aux ménages effectué par le Chef de l’Etat en 2019. Comme un symbole, c’est à Cinkassé, l’une des villes les plus durement frappées par la pauvreté que l’extension des Transferts monétaires qui s’inscrit dans le cadre du Filets Sociaux et Services de Base (FSB) a été lancée. Mais tout comme les autres initiatives, elle semble ne pas avoir l’impact escompté. Pour preuve, la dernière phase de l’enquête EHCVM s’est déroulée seulement quelques mois après ce lancement. Une démarche qui, en principe, devrait contribuer à revoir en baisse le taux de pauvreté de façon conséquente. Mais la pauvreté est trop ambiante pour être réduite avec les 15.000 FCFA octroyés par trimestre à certains ménages dans le cadre de ce projet.
Des relents extrémistes…
En 2017, le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) a publié, un rapport sur les facteurs qui incitent les jeunes Africains à intégrer les groupes extrémistes. Pour les auteurs du rapport, les principales motivations des jeunes pour intégrer les groupes islamistes radicaux sont socio-économiques. Les chercheurs du Pnud ont, en effet, établi que la pauvreté et l’exclusion sont des terreaux favorables à la radicalisation.
Un constat qui semble se vérifier dans la région des savanes où pauvreté et exclusion persistent depuis des années, par ailleurs, proche des pays infectés par les réseaux islamistes conduisant certains jeunes à faire le choix de l’extrémisme. « La région des Savanes est la zone la plus touchée par la propagation de l’extrémisme violent. La menace est grave et donc il faut agir », a expliqué Myke Pryor, chargé des Affaires publiques à l’ambassade, l’année dernière lors d’une conférence sur l’extrémisme violent à Dapaong.
source : FRATERNITE