Remis en liberté provisoire après avoir passé plus de 72 heures de garde-à-vue, le Directeur de publication de l’hebdomadaire « L’Indépendant express », Carlos Komlanvi Kétohou, n’est pas sorti d’affaire. Convoqué ce lundi matin par la Haute autorité de l’audiovisuel de la communication (HAAC) au sujet de la publication par son canard d’un article intitulé « Scoop de fin d’année : des femmes ministres interpellées pour vol de cuillères dorées », l’hebdomadaire risque le retrait du récépissé de déclaration de parution. Cette demande est introduite par l’instance de régulation auprès du Tribunal de première instance de Lomé.
L’affaire fait grand bruit en cette fin d’année et début d’année au Togo. Il s’agit de la publication par cet hebdomadaire dans sa dernière parution de l’année dernière d’un article sensationnel au titre évocateur : « scoop de fin d’année : des femmes ministres interpellées pour vol de cuillères dorées ». Moins de 24heures après la publication de l’article, avant que le directeur n’eût eu le temps de répondre à une invitation des services de renseignements, une horde de militaire débarque au domicile de Carlos Kétohou nuitamment et l’embarque. Cette interpellation musclée pour un délit de presse a suscité un tollé général. Toutes les organisations de presse nationale et même à l’international ont monté la voix et condamné cette intrusion militaire dans un délit de presse. Les partis politiques et organisations de la société civile s’en sont mêlés. Dans la foulée, la pression aboutisse à la libération du journaliste. De son côté, la HAAC se saisisse du dossier. Elle lui adresse une convocation. Ce lundi matin, Carlos Kétohou accompagné du président du Patronat de la Presse togolaise (PTT), Isidore Akollor et de son rédacteur en chef Richard Aziagué, répond à l’audition qui a duré quelques heures.
A l’issue de celle-ci, le journal n’a pas pu apporter aucune preuve des accusations contenues dans l’article notamment la date et lieu précis du déroulement des faits, selon l’autorité de régulation pour qui, il s’agit d’une information dont « la véracité n’est pas établie et qui comporte des affirmations gratuites et diffamatoires portant gravement atteinte à l’honneur, à la dignité et la considération des membres du gouvernement de même que les fonctions dont ils assurent la charge ».
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Ces manquements selon la HAAC violent les règles professionnelles notamment le code de la presse et de la communication. Et vue la gravité des violations, la HAAC s’est réunie en séance plénière extraordinaire et a décidé de saisir le président du Tribunal de première instance de Lomé aux fins du retrait de la déclaration de récépissé de l’hebdomadaire « L’Indépendant express ». En attendant la décision du tribunal, l’hebdomadaire est sommé de ne plus paraitre sous toute forme (papier et en ligne) à compter du 04 janvier 2021.
Depuis la mise en place de l’actuel bureau de la HAAC, c’est la première fois que cette institution sévit aussi durement contre un dérapage des médias en demandant le retrait de récépissé. Selon le nouveau code de la presse et de la communication, la HAAC ne peut pas retirer le récépissé à un organe de presse. Elle saisit le tribunal territorialement compétent aux fins du retrait. Le journal a grâce à son conseil à la possibilité de se défendre.
Albert AGBEKO / togoscoop.info