En début de semaine, plusieurs confrères ont relayés les cris de détresse des populations de Sika-Kondji, une localité située dans la préfecture de Yoto où la Société Scan Togo, propriété du Groupe HeidelbergCement, exploite du clinker. Selon les confrères qui ont effectué un travail de terrain, le vendredi 18 décembre dernier, « le village de Sika-Kondji s’est soulevé pour dénoncer des propos mensongers, la corruption et la cruauté des togolais qui sont autour d’Eric Goulignac, Directeur général du Groupe HeidelbergCement ».
De toute évidence, la prise de parole des populations fait suite à une conférence de presse organisée par les responsables de Scan Togo un mois plus tôt. En effet, lors d’une sortie médiatique le 19 novembre 2020, le Directeur de l’Administration, Jean Adoléhoumé, a laissé entendre que Scan Togo est victime de « diffamation ». Pour Jean Adoléhoumé qui avait notamment à ses cotés Joseph Gomado, en Charge de la Responsabilité Sociale de l’Entreprise (RSE), Scan Togo a honoré ses engagements. « ScanTogo n’a pas de problème avec les populations mais avec un groupuscule. Nous sommes en de bon terme avec les populations qui s’organisent d’ailleurs pour déceler ces fauteurs de troubles », s’est permis même de déclarer, Joseph Gomado. Mais en croire les populations, ces responsables sont dans le faux.
Les populations de Sika kondji très remontées
« Certains responsables de la société SCANTOGO ont fait une conférence de presse dans laquelle, ils ont débité des mensonges énormes au dos de la population. C’est la réponse du berger à la bergère. Nous mettons à nue leurs mensonges et nous vous prions de faire usage de votre intelligence pour nous suivre », peut-lire dans une déclaration relayée par le confrère horizon-news.
« A chaque comptage des biens, les propriétaires terriens et les exploitants étaient présents. Scantogo aussi était représentée. Il est dressé un Procès-verbal de comptage et chaque signataire tient une copie avec le barème de dédommagement. Chaque exploitant sait à combien il a droit pour le dédommagement de ses biens. La population était contente à cause de cette transparence. En 2019, à la fin des 05 de baux, il fallait bailler de nouvelles terres et compter les biens à nouveau. Cette fois-ci, c’est nos frères noirs qui sont aux commandes. Apres comptage des biens en présence des propriétaires terriens et exploitant. Les procès-verbaux sont dressés comme d’habitude. Cette fois-ci, nos frères noirs qui sont autour du Directeur de Scantogo, ordonnent à leurs subalternes de ne pas remettre aux exploitants, copie des procès-verbaux de comptage. Voilà tout le problème. Si l’exploitant n’a pas les procès-verbaux de comptage, sur quelle base peut-il être dédommagé? », s’interrogent les populations qui selon les différents médias étaient sorties massivement pour crier leur ras-le-bol. « Scantogo a payé à la tête du client certaines personnes. Certains ont droit à Zéro franc sans aucune pitié. D’autres 250 FCFA, d’autres 500 F », lit-on dans la déclaration.
Aussi, « demandez à Scantogo de produire la fiche de paiement. Selon le juriste GNAMAKOU, un des bourreaux de la population de Sika Kondji, le Directeur Général de Scantogo Éric Goulignac a donné son feu vert pour payer plus de 1,5 milliards de dédommagements aux exploitants. Alors que le même juriste et le Directeur Administratif et RSE de Scantogo, déclarent avoir payé tout le monde en montrant des papiers qui n’atteignent pas 350 millions. Où sont passé les 1,15 milliard de FCFA ? », cite icilomé.
Aujourd’hui, une bonne partie de la population voit son avenir hypothétique par ce qu’elle appelle « la cruauté de Scan Togo ». Pour rentrer dans leur droit les populations réclament en vain les procès verbaux des comptages et les critères de dégagements. « C’est ScanTogo qui numérote unilatéralement les lots. Les villageois ne connaissent que leurs champs et ne savent pas à quel lot appartient leurs champs sans les PV de comptage des biens sur lesquels on mentionne les numéros de lot », rapporte le site togobreakingnews.info. Pour Komlan Djiguidi, porte-parole des populations, « le DG Gouliganc est une bonne personne ; nous l’avons toujours dit. Ce sont des cupides autour de lui, nos propres frères togolais tapis dans l’ombre qui sabotent ses bienfaits et qui font trainer le nom de l’usine dans la boue ».
Selon nos informations, les journalistes ont été conduits sur certains terrains au centre du litige entre les populations et Scan Togo. Ainsi, les professionnels des médias ont pu constater « le drame » qui se joue dans ce village jadis paisible où les populations sont désormais confrontées aux impacts environnementaux de l’exploitation du clinker mais aussi dépossédées de leur droit. « C’est un drame se qui se passe dans ce village. On nous fait croire qu’un groupuscule serait les fauteurs de trouble mais nous étions face à une foule. Les gens étaient en pleure. C’est déplorable, le drame qui se joue dans ce village. Il faut que les autorités réagissent », a commenté un journaliste.
Pour rappel, l’affaire de dédommagement qui oppose Scan Togo et les populations est pendante devant le Tribunal de Tabligbo. A Lomé certains médias dont le Journal Fraternité sont poursuivis pour avoir relayé le désarroi de la population de Sika-Kondji et les incohérences dans ce dossier.
FRATERNITE