« Le Togo est un pays du tiers Internet », disait Alberto Olympio, un crack de l’informatique que le régime a tôt fait de mettre sous éteignoir. L’ancien président du Parti des Togolais ne semblait pas si bien dire. Les tarifs des produits et services de télécommunications au Togo demeurent les plus élevés au monde, qui plus est, de piètre qualité. Tout le monde le dit, tout le monde sent, tout le monde s’en offusque, sauf l’égérie de Faure Gnassingbé, dame Cina Lawson qui n’a que faire des incessantes complaintes des populations.
C’est dans cette situation d’analphabétisme numérique dont se complaît notre pays qu’on apprend qu’un réseau de fibre optique relie depuis deux mois huit pays ouest-africains, ce qui est une première dans l’espace communautaire. « Baptisé Djoliba, du nom du fleuve Niger en langue mandingue, ce premier réseau ouest-africain associe 10 000 km de câbles sous-marins pour relier l’Afrique de l’Ouest aux autres continents et 10 000 km de câbles terrestres pour assurer la communication sur un bassin de population de 330 millions d’habitants », renseigne le site francetvinfo.fr.
« Des dizaines de milliers de kilomètres de câbles optiques courent déjà le long des côtes africaines (au fond de l’océan), de Tanger au Cap de Bonne-Espérance pour remonter vers la Méditerranée, en passant par la mer Rouge. Une fois arrivée sur terre, la donnée transportée doit aussi trouver un réseau de télécommunications efficace à l’intérieur du territoire. Et c’est souvent ce qui manque dans beaucoup de pays du continent. Reste donc à relier les villes côtières aux villes de l’intérieur du continent, ce qui devrait prendre encore plusieurs années », précise le journal.
On aurait pu se réjouir de cette bonne nouvelle, que le Togo va enfin combler son retard numérique. Mais il n’en est rien. Parmi les 8 pays que longe le câble sous-marin en fibre optique, le Togo n’y figure pas. Il est aux abonnés absents. Les pays concernés sont le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée, le Liberia, le Mali, le Nigeria et le Sénégal. Des pays qui sont déjà à plusieurs années-lumière en avance sur le Togo en matière de télécommunication et qui le seront encore davantage. Pendant ce temps, notre pays est en mode marche arrière.
Mais alors pourquoi le Togo ne figure-t-il pas sur la liste ? Si vous voulez le savoir, posez la question à la très compétente diplômée de Harvard, dame Cina. En fait, cet état de fait est dû à la politique protectionniste de l’Etat dans le domaine des télécoms, une politique néfaste qui a « fait reculer le Togo 100 ans en arrière » sur tous les autres pays de la sous-région.
Pourtant un observateur fait remarquer qu’« il y a de place pour 3 voire 4 opérateurs sur le marché, mais les membres de la minorité pilleuse n’en veulent pas, vu que ce sera la fin -au sens propre comme au figuré- de la mainmise dommageable du binôme Togo Telecom-Togocel très mal géré et déficitaire qui a obligé l’Etat à les brader aux Malgaches.
Le réseau de fibre optique transfrontalier qui englobe les 8 pays de l’Afrique de l’Ouest est une iniative de l’opérateur télécom Orange. Le Togo aurait pu bénéficier également de cette fibre optique. En 2008, une convention avait été signée entre le gouvernement togolais et le groupe France Telecom-Orange pour l’installation de l’opérateur français au Togo. « Le Togo vire à l’Orange », avaient titré avec emphase les médias. Et Adji Otèth Ayassor, ministre de l’Economie et des Finances d’alors de s’enthousiasmer à son tour : « Nous sommes dans un domaine qui évolue. Il y a déjà deux opérateurs et s’il y en a un troisième, ce serait une bonne chose pour les consommateurs ».
Mais in fine, le projet a été torpillé pour permettre à Togocel, la vache laitière de la minorité, de garder sa situation de monopole sur le marché.
Médard AMETEPE / Liberté