« Un dictateur n’a pas de concurrent à sa taille tant que le peuple ne relève pas le défi » (François Mitterrand)
L’Afrique est le continent qui compte encore quelques antiquités accros au pouvoir et qui battent des records de longévité présidentielle. Un renouvellement démocratique de la classe dirigeante ne semble pas être à l’ordre du jour. « Le dirigeant africain, lui, n’a peur de rien ni de personne. C’est le plus terrible de la planète. L’État, c’est lui (…) Le brouhaha électoral de ces dernières années ne saurait l’ébranler. Sous la tempête comme sous le vent du changement, il reste droit dans ses bottes. Les élections passent, lui, il reste », caricaturait l’écrivain guinéen, Tierno Monénembo.
Hier jeudi s’est tenue en Ouganda l’élection présidentielle pour laquelle le vieux dictateur Yoweri Museveni au pouvoir depuis 35 ans, est de nouveau candidat. Même si des observateurs voient en Bobi Wine, le rappeur, un sérieux challenger, les Ougandais ne devraient guère se faire d’illusions sur l’issue de cette compétition électorale. Le patriarche qui concentre toutes les institutions entre les mains et tient son peuple et surtout ses opposants par les couilles, devrait passer sans coup férir, comme toujours. Il affirmait d’ailleurs récemment qu’il est « certain de la victoire ». Depuis 1986 que l’ex-guerillero s’est emparé du pouvoir, il a « remporté » toutes les élections et rien ne devrait faire obstacle à un énième triomphe. Tous les autocrates, autant qu’ils sont, se sont approprié la philosophie d’Omar Bongo Ondimba : « On n’organise pas les élections pour les perdre ». Par deux fois, en 2005 puis 2017, Yoweri Museveni a tripatouillé la Consititution et fait sauter le verrou de la limite d’âge à 75 ans, se traçant ainsi une autoroute devant lui pour régner à vie sur le pays.
Son compère du Congo Denis Sassou Nguesso qui a aussi un appétit insatiable pour le pouvoir, a été officiellement investi le 8 janvier dernier candidat à la présidentielle de mars 2021 par son parti, le PCT (Parti congolais du travail) qui dit œuvrer pour sa victoire. Denis Sassou Nguesso, 77 ans, cumule 37 années au pouvoir et « n’a jamais été élu de manière démocratique, la seule élection reconnue comme telle datant de 1992, où il est battu » lors de l’ouverture démocratique dans le pays.
Autre vétéran, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, 79 ans, trône depuis plus de 41 ans à la tête de la Guinée Equatoriale, un petit pays riche en pétrole tout comme le Congo Brazzaville. Mais une richesse qui ne profite pas aux populations qui végètent dans l’extrême pauvreté. Les clans Nguema et Nguesso ont la mainmise sur la rente pétrolière et sont accusés de mauvaise gestion des ressources et de corruption. Ils sont surtout visés en France par des enquêtes pour recel de détournement de fonds publics concernant leurs patrimoines immobiliers à l’étranger.
L’Afrique centrale est d’ailleurs le terreau des dinausores qui font plusieurs décennies au pouvoir. A l’exemple de l’octogénaire dictateur du Cameroun au pouvoir depuis 38 ans. Ou encore du Maréchal Idriss Déby Itno (68 ans) dont 30 au pouvoir.
En Afrique de l’Ouest, le « jeune doyen » Faure Gnassingbé qui est à son 4ème mandat et ses parrains Alassane Ouattara (79 ans) et Alpha Condé (82 ans) qui entament leur 3ème mandat, font encore de la résistance dans une région considérée jusque-là comme un bon élève en matière de démocratie et d’alternance au pouvoir.
Médard AMETEPESource : Liberté