Ouvertes mardi dernier, les audiences publiques, privées et à huis clos de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR), ont pris fin ce jeudi à la cathédrale Sts Pierre et Paul d’Aného (environ 45 km à l’est de Lomé), a constaté un envoyé spécial de l’Agence Savoir News.
Au total 34 dossiers ont été examinés par la CVJRet concernent les violences sociopolitiques liées aux consultations électorales en 1958, en 1993 et en 2005, des cas d’arrestations, de détentions arbitraires et disparitions d’hommes.
Des cas d’expropriations de propriétaires terriens pour cause d’exploitation des mines de phosphates dans les préfectures de Vo, du Zio et des Lacs, ainsi que des droits de réponse figurent parmi ces dossiers.
Ce jeudi, les témoignages sont relatifs à des casses, destructions de biens meubles et immeubles opérées par des éléments des forces de l’ordre et de sécurité dans la ville d’Aného..
S’agissant toujours des violences de 2005, les Forces Armées Togolaises, représentées par une délégation conduite par le Lieutenant-Colonel Diabakaté BakoBako, ont présenté leurs versions des faits, imploré le pardon des victimes, recommandé à la CVJR d’envisager des réparations et de faire toute la lumière sur les violences à Aného, et dans les préfectures de Vo et du Bas-Mono.
L’ancien Premier Ministre Agbéyomé, cité dans plusieurs faits au cours des audiences antérieures à Tsévié, a donné sa version des accusations portées contre lui notamment dans le Yoto, théâtre de plusieurs violences au cours des élections législatives en 1993.
Un seul témoignage a été enregistré, celui de Johnson Attiogbé Komlanvi, un retraité qui a vu toute sa maison saccagée le 27 avril par des forces de l’ordre.
Il a indiqué avoir quitté Aného pour se réfugier dans son village natal Hassou-Kopé, les mains vides : « Les forces de l’ordre ont même volé 75.000 F.CFA dans ma chambre, après avoir saccagé tout. Ils sont allés même dans le garage où ils ont tiré sur la voiture ».
Johnson Attiogbé Komlanvi a invité les autorités à toujours faire preuve de patience et d’agir en ayant la crainte de Dieu.
S’agissant du droit de réponse des FAT, elles ont affirmé que la Région maritime à l’instar des autres régions a malheureusement connu des violences avant, pendant et après les élections présidentielles d’avril 2005.
Elles on réitéré leur compassion aux familles des victimes et imploré le pardon de tous ceux qui, de près ou de loin, ont subi des préjudices avérés.
« A Aného, les violences électorales d’avril 2005 avaient revêtu un caractère singulier. Elles ont été aggravées par le fait que les éléments de la FOSEP avaient en face d’eux, des manifestants qui faisaient usage d’armes de guerre. En effet, les miliciens de la coalition de l’opposition après avoir attaqué et saccagé le commissariat de la ville, s’étaient emparés des armes et des munitions », ont souligné les FAT..
« Munis de ces armes, ils ont agressé, désarmé et enlevé les forces de l’ordre en service au péage, puis tenté de conquérir tous les autres campements de la ville. Face à cette situation, le rétablissement de l’ordre qui était devenu périlleux, n’a pas été du tout facile », a indiqué le lieutenant colonel Diabakaté, porte-parole des FAT devant la CVJR.
Les FAT ont condamné ces comportements répréhensibles isolés, et présenté leurs excuses aux victimes.
« Les FAT réitèrent leur compassion aux familles des victimes et implorent le pardon de tous ceux qui, de près ou de loin, ont subi des préjudices avérés », ajoute le texte.
Agbéyomé Kodjo de son côté, a déclaré n’avoir jamais eu de milices qui ont tué, pillé et violé dans les localités de Tokpli et que son petit frère Justin Kodjo n’a jamais fait partie d’une quelconque milice.
« Dans les moments difficile de notre pays, après la conférence nationale, il y a un affrontement entre les partis politiques. La préfecture de Yoto dont je suis originaire avait une forte concentration politique. Les premières élections législatives qui ont eu lieu au Togo le 6 février 1994, ont donné à Yawovi Agboyibo, 34 députés et Edem Kodjo 7 députés. Agboyibo avait promis à ses militants qu’une fois Premier ministre, il va régler leurs problèmes. Ceux qui se sont sentis frustrés du CAR, ont rejoint mon alliance nommé +Jeunesse alliance développement+. Les milices dont on parle sont, tous de Kodomé, moi je suis de Tokpli. Si la crainte de Dieu animait certains, maître Agboyibo ne pouvait pas dire que j’ai des milices. Je n’ai jamais eu de milices qui tuent, qui pillent et qui violent », a-t-il précisé.
A l’analyse des témoignages des témoins et victimes, la CVJR a fait les observations suivantes:
– A propos des violences sociopolitiques liées aux élections:
• dans la région maritime, vivier de plusieurs partis politiques, les préfectures des Lacs, de Vo et du Bas-Mono n’ont pas été épargnées lors de la plupart des consultations électorales pluralistes organisées en 1958 puis depuis 1993 ;
• des cas d’éliminations physiques sommaires, de disparitions d’hommes et de destructions de biens meubles et immeubles qu’elle a eu à examiner sont pour la plupart liés aux convictions politiques des victimes ou encore à des raisons inexpliquées pour le moment.
– A propos des expropriations de propriétaires terriens pour cause d’exploitation des phosphates:
• Des mesures d’accompagnement doivent être étudiées dans le sens de l’apaisement des expropriés et de satisfaction de leurs droits légitimes.
– A propos de l’usage du droit de réponse:
• La CVJR a encouragé l’exercice du droit de réponse, afin d’offrir aux personnes accusées, l’occasion de présenter leurs versions des faits.
La CVJR a rappelé que si les récits des témoins et victimes relèvent de leur seule responsabilité, nul ne peut cependant être inquiété pour les propos tenus devant elle.
La Commission a également souligné que tous les témoignages recueillis dans les 20.011 dépositions seront pris en compte y compris les 910 dépositions recueillis à Aného pour formuler des recommandations au gouvernement.
Après Aného, la CVJR mettra le cap sur Kpalimé (environ 120 km au nord de Lomé) où les audiences démarrent samedi prochain à 8H GMT.
Les audiences de la CVJR sont consacrées à la recherche de la vérité sur les violences électorales et autres violations des droits de l’homme qui sont survenues dans notre pays entre 1958 et 2005 dans le cadre des séances publiques, à huis clos et privées qui donnent la parole aux victimes, témoins et aux auteurs présumés.
Rappelons que la CVJR est l’émanation d’un processus lié à la quête de la concorde nationale susceptible de permettre au Togo de panser les séquelles de ses développements historiques conflictuels. Elle a pour mission de déterminer, à travers un rapport circonstancié et détaillé, les causes, l’étendue et les conséquences des violations des droits de l’Homme et les violences qui ont secoué les fondements de la communauté togolaise de 1958 à 2005.
Elle doit, in fine, proposer des mesures susceptibles de favoriser le pardon et la Réconciliation.
Le Togo a été, secoué par une série de violences, notamment lors des scrutins présidentiels.
Source:Savoirnews.net
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