Des mouvements et associations fortement préoccupés par le rétrécissement d’allure inquiétante des espaces de libertés au Togo (interdictions systématiques des libertés de réunions et de manifestations pacifiques publiques, musellement de la presse privée et décapitation du monde syndical) et en appellent aux partenaires en développement et au peuple souverain.
Dans la nuit du 16 au 17 janvier 2021, monsieur Essohanam BAHO, Rapporteur du Syndicat des Enseignants du Togo (SET) a été kidnappé à son domicile à Kara par des éléments de la force antigang relevant de la gendarmerie nationale. Le 17 janvier 2021, le domicile du Secrétaire Général du même mouvement syndical a été saccagé devant sa femme et ses enfants, sa voiture, sa moto et d’autres biens emportés par les éléments de la gendarmerie, créant une véritable psychose au sein des paisibles populations.
A l’origine de cette traque se trouve une véritable combine politico-juridique entre le ministre d’État Payadowa BOUKPESSI de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et du Développement des Territoires et son collègue des Enseignements Primaire, Secondaire, Technique et de l’Artisanat, le Professeur Dodzi Komla KOKOROKO, pour faire entorse à la liberté syndicale. Nos mémoires sont encore bien fraîches de tout le mal que le Professeur Komla Dodzi KOKOROKO fait aux libertés d’association et de réunion sur le campus universitaire en sa qualité de président de l’Université de Lomé ; aujourd’hui ministre du secteur éducatif, il veut en faire autant pour la liberté syndicale.
Les mouvements et associations signataires de la présente déclaration s’insurgent et élèvent une vive protestation contre le rétrécissement d’allure vertigineuse des espaces de libertés par le pouvoir en place et en appellent aux partenaires en développement en particulier le Représentant-Résident de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) au Togo, aux Secrétaires Généraux des différentes fédérations syndicales du Togo et au peuple souverain. Après l’interdiction systématiques des réunions et manifestations pacifiques publiques sous le prétexte de la crise sanitaire, le pouvoir procède au musellement de la presse privée et amorce la décapitation du monde syndical.
A l’heure où la Première Ministre, madame Victoire Sidémého Dzidudu TOMEGAH DOGBE, dresse le bilan de ses cents-premiers jours à la primature, les organisations et mouvement signataires notent avec grande amertume que les indicateurs en matière de respect des règles liées aux droits humains et à l’État de droit sont toujours au rouge, alors qu’elle se devrait d’honorer les vertus de la femme africaine connue pour être solidaire, soucieuse et sensible vis-à-vis de la souffrance des autres.
La politique développementaliste (« silence, on développe »), que mène le gouvernement actuel est une pratique surannée qui a montré toutes ses limites dans les années 1980-1990, avec le placement des pays qui en faisaient l’expérience sous Programmes d’Ajustement Structurel (PAS), après que leurs économies respectives aient été asphyxiées ; de sorte que de nos jours, toute approche de développement qui ne conduise à l’élargissement de l’éventail des possibilités offertes aux individus, y compris la garantie fondamentale de leurs libertés politiques et économiques, est vite vouée à l’échec.
En conséquence, les associations et mouvements signataires demandent la cessation des menaces et intimidations dirigées contre les responsables du SET, la libération de son rapporteur, monsieur Essohanam BAHO, et invitent le gouvernement à engager un dialogue avec le SET.
Fait à Lomé, le 20 janvier 2021
M. Fousseni KPEKPASSI (APVT)
M. Daguerre Komi AGBEMADOKPONOU (ALCADES)
M. Monzolouwè B. E. ATCHOLI KAO (ASVITTO)
M. Bassirou TRAORE (GCD)
M. Koffi DANTSEY (GLOB)
M. Poro EGBOHOU (FDP)
M. Georges Kodjo AMOUZOU (LTDH)
Me Joseph Nadikpa K. AKPOSSOGNA (MCM)
M. Issaou SATCHIBOU (MJS)
M. Basile AMENUVEVE (SEET)
M. Emmanuel H. SOGADJI (UJDEB-TOGO)
Source : Liberté