Le 27 février 2023, le président des Français Emmanuel Macron a organisé un show médiatique pour proclamer naïvement que : ” l’Afrique ne sera plus le pré carré de la France”. Personne n’y a cru en France, à commencer par lui-même.
Macron, au lieu de dire à ses compatriotes qu’il prend acte de l’échec d’une odieuse politique impérialiste pour se désengager de l’Afrique, s’inscrit plutôt dans l’esprit d’une réforme du pacte colonial. Réforme-t-on l’impérialisme, le colonialisme ou une dictature ? On les abolit tout simplement. Cette prétention incongrue relève de l’illusion, de la mystification. Au Togo, combien sont-ils, ces opposants de pacotille qui ont prétendu aller à la soupe pour réformer la dictature militaire de l’intérieur ? Ils ont bien soupé mais la dictature s’est renforcée au point de devenir une monarchie héréditaire. C’est dire que le discours de Macron cache une réalité, la sérendipité ou l’effet boomerang que subit une politique qui a mis les États africains en coupe réglée avec un soutien inconditionnel aux dictateurs et autres présidents fantoches de la mouvance françafricaine.
La réalité que Macron ne veut pas avouer à ses compatriotes est le sentiment anti-français qui s’est généralisé dans toute l’Afrique au niveau des peuples et non des dirigeants. Ce rejet est l’expression d’une prise de conscience des masses africaines qui n’entendent plus être des pions mais des acteurs de leur changement.
L’échec le plus retentissant de la France est militaire. Son armée a passé dix ans au Mali sans vaincre les djihadistes ; au contraire, elle a été vaincue puisqu’il y a dix ans, ces rebelles mahométans n’occupaient que quelques petites localités. Si les putschistes maliens ont fait le constat de l’incompétence voire de la complicité de l’armée française, c’est que, après dix ans sur le terrain, les djihadistes occupent près de 60% du territoire national. La stratégie de Macron vise à dissimuler cet échec au peuple français. L’armée française a été vaincue au Mali par les djihadistes. Au Burkina Faso, les putschistes ont exigé que l’armée française fasse ses valises. Ce pays est sous l’emprise des djihadistes qui l’occupent à plus de 50% malgré la présence des troupes françaises. Cette défaite militaire et politique de la France et de ses alliés européens au Sahel est une leçon que les petits pays retiennent de plus en plus face aux grands pays qui font du chantage en exhibant leurs armées comme des épouvantails pour intimider et spolier les faibles. Les leçons de l’histoire sont encore fraîches dans les mémoires : la plus grande puissance militaire et économique de tous les temps, les États-Unis d’Amérique, a été vaincue par un pays sous-développé, le Vietnam. Les mêmes Américains ont été défaits en Afghanistan. Les Soviétiques ont dû s’enfuir aussi de l’Afghanistan. Il y a tout juste un an, la Russie a voulu avaler l’Ukraine par une guerre éclair. Son armée s’ y est enlisée.
Les États africains incapables de défendre leur propre territoire face à une simple rébellion sont dirigés par des incapables. Aller chercher des armées étrangères extra-africaines est un aveu de faiblesse et d’échec.
Qui procure les armes à ces djihadistes pour désorganiser les États africains afin de les rendre encore plus faibles et donc plus dépendants ? À qui profite la faiblesse des pays sahéliens pour mieux les contrôler ? La réponse à ces questions indique de facto à qui profite le crime.
Macron doit cesser de faire de la diversion pour avouer sa double défaite politique et militaire aux Français dont la plupart ignorent, avec la complicité des médias nationaux, qu’ils ont subi une défaite militaire en Afrique.
Monsieur Macron, le néocolonialisme ne se réforme pas, on le détruit.
Ayayi Togoata APEDO-AMAH