Pour qui roulent les députés de la 6e legislature dont le mandat a pris fin depuis décembre dernier, mais qui continuent de siéger a l’Assemblee nationale togolaise ? Est-ce pour le peuple qui les avait élus lors des élections législatives de 2018, ou pour un intérêt anonyme? La question mérite d’être posée.
Depuis quelques années, le Togo semble renouer avec une accalmie politique. En tout cas, tout a été mis en oeuvre par le régime en place pour faire croire que tout va bien dans le pays sur le plan politique.
Mais cette accalmie politique apparente pourrait rapidement faire place à des tensions dans les jours à venir. Et pour cause, un groupe de députés de la 6ème législature dont le mandat est arrivé à terme en décembre, a décidé d’introduire une modification de la constitution. Et depuis, tout semble s’accélérer pour faire avaler la pilule à la population et à la classe politique.
Si les arguments avancés sont la nécessité de doter le pays d’un régime plus moderne (régime parlementaire), de mieux protéger la population et de revoir la constitution qui au fil des années a montré des limites, tout semble contraster avec la réalité. Comment modifier une constitution qui durant tout le temps n’a été appliquée qu’en partie ? L’on en veut pour preuve, la déclaration des biens de nos autorités qui reste un sujet tabou, bien que la constitution nous la recommande. L’association des élèves aux manifestations politiques qui se poursuit de plus bel alors que les textes l’interdisent. La preuve en est le 2eme Congrès de UNIR tenu à Kara il y a quelques semaines qui a mobilisé des élèves avec des T-shirts à l’effigie du parti. Et ceci, au su et au vu du ministre de l’éducation et d’autres autorités compétentes. Est-ce à comprendre que la constitution ne s’applique qu’en fonction des intérêts ? Difficile de répondre.
Au-delà, il urge aussi de se poser quelques questions simples en ce qui concerne le projet de modification de la constitution. Pourquoi modifier la constitution à moins d’un an d’une nouvelle élection présidentielle ?, pourquoi ne pas échanger avec tous les acteurs politiques pour en juger de la nécessité ?, Pourquoi ne pas demander l’avis de la population si tel est qu’on veut s’inscrire dans une démarche plus inclusive avec le peuple au centre des intérêts? et pourquoi forcément vouloir amener les députés de la 6eme législature à légiférer alors qu’ils sont en fin de mandat depuis décembre ?. Autant de questions qui laissent perplexe la population.
Face à cette démarche à faible intérêt pour la population, les stratégies sont d’ores et déjà ficelées. De la diversion sur les réseaux sociaux en passant par la mise à contribution de certains médias, tous les moyens sont bons, pourvu qu’on fasse avaler la couleuvre.
*Les non dits d’une nouvelle constitution*
Bien que les arguments avancés pour soutenir la modification de la constitution oriente sur d’autres pistes, les raisons peuvent se retrouver ailleurs.
En effet, si la modification de la constitution venait à passer, elle viendra à remettre, selon les informations, le compteur à zéro pour le Chef de l’État, qui en 2025, bouclera 20 ans de pouvoir soit quatre (4) mandats. Et ce, au nom de la non rétroactivité de la loi.
Ainsi avec le régime parlementaire proposé avec un mandat de (7) ans renouvelable une fois, l’on pourrait ainsi offrir de nouveau 14 ans de règne au Chef de l’État, qui déjà, aura bouclé 20 ans, ce qui fera 34 ans.
D’où la question, pour qui roule nos députés ? Est-ce le peuple ou un intérêt anonyme ? A chacun d’y répondre.
Mais en attendant la réponse, le peuple lui continue de tirer le diable par la queue.
*Les intérêts du peuple relégué*
En effet, cette affaire devenue l’une des priorités pour l’Assemblée nationale, qui a déjà convoqué sa commission de loi semble depuis reléguer les intérêts du peuple.
Depuis quelques mois, les populations n’ont plus accès à l’eau et à l’électricité. Et pour cause, des coupures intempestives sans de véritables explications. Une situation qui plombe et continue de pourrir la vie et les activités de bon nombre de personnes. Mais depuis, aucune interpellation de la part des députés qui pourtant, sont élus par le peuple et payés au dos du contribuable.
Mais en attendant que la situation se régularise, le peuple peut s’en remettre à Dieu.
« Grand Dieu, toi seul nous a exaltés! », dit le premier couplet de notre hymne « Terre de nos Aïeux… »
Marcel ASSIOME