La crise sanitaire liée à la pandémie du coronavirus est passée. En dehors de la Chine qui traîne encore la maladie, le monde entier s’en est pratiquement débarrassé. Les conséquences économiques de cette crise sont également en train de s’éloigner. Dans le même sillage, la hausse des prix du blé sur le marché international, conséquence de la guerre en Ukraine a été maitrisée grâce aux accords ayant permis la commercialisation de ce céréale. Une baisse du prix est constatée sur le marché international, mais qui a du mal à s’appliquer au Togo.
Dans un communiqué rendu public lundi 23 janvier 2023, l’Association togolaise des consommateurs (ATC) a évoqué le sujet, soulignant le fait qu’on assiste depuis quelques mois à une tendance baissière au plan mondial des cours du blé. « Ce constat s’explique par une chute des prix du blé face à la concurrence internationale et à un dynamisme dans la reprise des activités portuaires. La reprise des exportations de blé en mer noire et la récolte annoncée du blé en Russie sont aussi des facteurs à l’origine de l’effondrement considérable depuis quelques mois des prix », déclare l’ATC. Et d’expliquer : « Les cotations de la tonne de blé de ces derniers mois témoignent de la véracité des faits. Au début de la crise sanitaire de la Covid et de la guerre Russie-Ukraine, les cours de blé étaient entre 450 à 500 Euros la tonne ; en ce moment, les cours sont à 300 Euros la tonne ».
Il s’agit-là d’une bonne nouvelle. Une nouvelle donne qui conduit l’association de consommateurs à interpeller les producteurs et les distributeurs de la farine de blé au Togo. « Face à cette situation, l’Association Togolaise des consommateurs (ATC) demande expressément aux producteurs de la farine de blé, la Société Générale des Moulins du Togo (SGMT) et la Société des Moulins Modernes du Togo (SMMT) et leurs distributeurs de répercuter cette baisse de l’ordre de 25% sur les prix pratiqués sur le plan national », interpelle l’ATC.
Désormais, la question qui se pose est de savoir si les producteurs de la farine de blé et les distributeurs vont manifester une réceptivité vis-à-vis de cette demande plus que légitime. L’évidence est que depuis début 2020, les sociétés productrices de la farine de blé au Togo ont été royalement soutenues par le gouvernement à travers des subventions, dans le but de les amener à maintenir un prix de vente raisonnable du produit. Avant l’annonce même de la fin des subventions, ces sociétés ont fait la rétention des produits, alimentant ainsi la spéculation. Faits dénoncés à l’époque par la Ligue des consommateurs du Togo (LCT). Dès que la fin de ces subventions a été constatée, les prix se sont envolés, atteignant des records que rien ne justifiait.
Pour rappel, le sac de 50 kg de la farine de blé qui coûtait 19.500F en 2020 est passé à 28.500F voire 30.000F en 2022. Ce qui a logiquement entrainé l’augmentation du prix des produits dérivés ou fabriqués par les boulangers, en particulier celui de la baguette de pain. Vendu à 100 FCFA pour la baguette de 32g, le pain est passé à 125 FCFA avec un poids manifestement réduit.
Aujourd’hui que les prix ont baissé sur le marché international, rien ne justifie plus les prix pratiqués d’abord par les producteurs et les distributeurs, mais ensuite par les boulangeries et autres détaillants. Les prix doivent être revus à la baisse pour sortir de cette triche entretenue par les opérateurs économiques du secteur. Ils ont assez profité de cette crise économique née autour de ce céréale. Il est temps que le consommateur final ressente la baisse du prix.
En réalité, s’il est vrai que l’ATC en tant qu’association des consommateurs, joue son rôle de sonneur d’alerte, il revient au gouvernement de gérer le dossier. Dans un pays qui se soucie véritablement du bien-être de sa population, l’autorité gouvernementale ne devrait pas attendre la sortie des associations pour réagir. Elle doit être proactive, anticipant les attentes et prenant l’initiative de l’action. C’est plus confortable que d’être dans la réaction suite à une situation donnée. Dans cette affaire de blé, le gouvernement et le ministère du Commerce doivent avoir déjà interpellé les opérateurs économiques en leur demandant de pratiquer des prix suivant la tendance à l’international. Quitte à sanctionner ceux qui ne se conformeraient pas aux décisions. Un gouvernement, ce n’est pas que les voyages et les conférences internationales, mais c’est aussi et surtout la proactivité.
Dans ce pays, il nous a été promis la vérité des prix en ce qui concerne les produits pétroliers. D’aucuns diront que cette vérité des prix est pratiquée, mais il n’en est rien. Avec la baisse du prix du blé, le prix de la farine doit suivre et rejaillir sur celui du pain et autres produits de boulangerie. Mais dans un pays « Doing Business » comme le Togo, les intérêts personnels prennent toujours le dessus sur l’intérêt général.
G.A.
Liberté Togo