Huit (8) mois après la présidentielle du 22 février, l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) a commencé depuis un moment de briser le silence en revenant sur les allégations portées contre lui par certains partis politiques et leurs sympathisants. Le parti de Jean Pierre Fabre revient, encore une fois, dans une déclaration en date de ce 5 novembre 2020, sur sa supposée inaction dans l’accompagnement de la Dynamique Monseigneur Kpodzro pour la contestation des résultats de l’élection et les mensonges proférés contre le parti.
DECLARATION
Halte aux mensonges !
L’ANC ne détient aucun document attestant la victoire de Monsieur Agbéyomé Messan Kodjo à la présidentielle du 22 février 2020.
Il y a un moment pour tout, et un temps pour toute activité sous le ciel… un temps pour déchirer, et un temps pour coudre, un temps pour se taire et un temps pour parler… (Ecclésiastes, 3, 1 et 7)
Après la présidentielle du 22 février 2020, l’ANC a choisi de garder le silence pour éviter de participer au tumulte et à la cacophonie créés autour des résultats du scrutin et qui donnaient à certaines personnes se réclamant de l’opposition, le loisir d’user à outrance, de l’arme politique qu’elles ont adoptée depuis plusieurs années : le mensonge, la diffamation, la désinformation.
Il a fallu attendre huit mois après la présidentielle, pour que l’ANC décide de reprendre la parole, à la suite de son Conseil National réuni le 10 octobre 2020 sur le thème : « Poursuivre la lutte avec rigueur et dans la vérité ». L’ANC entendait signifier à travers ce thème, que la lutte de libération du peuple togolais de la dictature, ne saurait être menée qu’avec sérieux, responsabilité et dans la vérité. Elle ne peut s’accommoder de l’usage permanent du mensonge qui gangrène le débat sociopolitique togolais.
La pratique effrénée, permanente et grotesque du mensonge, manifeste une dépravation morale qui compromet gravement l’avenir de notre pays. Car le mensonge n’est plus l’apanage du seul RPT/UNIR. De prétendus opposants s’y délectent quotidiennement. Et une sommité religieuse n’a pas hésité à adopter et encourager cette pratique détestable qui se poursuit malheureusement.
En effet, courant octobre 2020, dans une interview accordée depuis « son champ de maïs » à la télévision en ligne, TV Tempo Africa, Agbéyomé Kodjo réitère qu’il est le vainqueur de l’élection présidentielle du 22 février 2020 parce qu’il a récupéré « 30 des 35 % des suffrages qui sont régulièrement accordés au président de l’ANC, lors de chaque élection présidentielle».
« Où sont passés les 30% de Jean-Pierre Fabre ? » s’est interrogé le candidat du MPDD. Confessant implicitement encore une fois, que faute d’être en capacité de fournir les procès-verbaux de dépouillement qui attestent sa victoire proclamée, il est obligé d’imaginer ou de fabriquer son score victorieux par raisonnement ou déduction à partir du score d’un autre candidat, obtenu 5 ans plus tôt.
Malheureusement, un score ne se construit pas. Il ne se déduit pas. Il se réalise. Et se prouve par la production des documents appropriés.
Il est parfaitement indécent et surtout irresponsable que Agbéyomé Messan Kodjo se proclame vainqueur d’une élection, sur la base de résultats imaginaires qui procèdent d’une construction intellectuelle. Et demande ensuite à l’ANC, qui détiendrait les preuves de sa victoire réelle, de produire celles-ci.
L’ANC veut être claire. Elle ne détient aucun document attestant la victoire de Monsieur Agbéyomé Messan Kodjo à la présidentielle du 22 février 2020. Les résultats en sa possession sont des résultats frauduleux issus de bourrages d’urnes, de falsifications des procès-verbaux des bureaux de votes, etc… Des résultats fantaisistes et inexploitables qui ne sauraient attester ni la victoire d’Agbéyomé Kodjo ni celle d’aucun autre candidat à cette élection.
Au moment où l’ANC a rendu public son communiqué n°1, elle donnait des tendances, pas des résultats. Et voulait juste indiquer qu’étant distancée dans ses fiefs, elle n’était plus dans la course. Mais, elle ne pouvait pas désigner le vainqueur et n’a jamais attribué la victoire à qui que ce soit. Le communiqué n°1, publié le samedi 22 février 2020, quelques heures après la fermeture des bureaux de vote, est clair.
«…Le scrutin présidentiel s’est déroulé ce samedi 22 février 2020 sur toute l’étendue du territoire. Les premières tendances placent en tête les candidats du MPDD et d’UNIR.
La mise hors service du système de compilation de l’ANC par TogoCom ne permet pas de collecter toutes les informations nécessaires à une analyse plus complète des résultats.
L’ANC remercie ses militants et sympathisants qui se sont mobilisés autour de son candidat pendant cette période électorale. »
La réaction de M. Edem Kwassi Atsu, après la publication du communiqué n°1 de l’ANC montre bien qu’il a compris, malgré ses contorsions, que l’ANC n’a pas désigné Agbéyomé Messan Kodjo comme vainqueur du scrutin. Puisqu’il écrit :
« Tout en saluant le communiqué de presse du 22.02.2020 de l’ANC reconnaissant la victoire du Dr Gabriel Agbeyome Messan Kodjo, candidat unique de l’opposition, il est important de relever la contradiction dont il est porteur en ce qu’il annonce un hypothétique deuxième tour alors que son système de compilation aurait été mis hors système. La vigilance doit être de mise à tous les niveaux et seul doit absolument compter l’intérêt supérieur du Peuple togolais qui a courageusement tranché son destin ce 22.02.2020. Fini la politique politicienne lourdement sanctionnée dans les urnes par le souverain peuple ! », a signé Dr Edem Atsou Kwass, Coordinateur international Plate-forme Monseigneur Kpodzro »
Dans cette réaction, le Coordinateur international réussit l’exploit d’exprimer trois gros mensonges.
1) L’ANC « reconnait la victoire du Dr Gabriel Agbéyomé Messan Kodjo. »
2) Le Dr Gabriel Agbéyomé Messan Kodjo est « candidat unique de l’opposition».
3) L’ANC « annonce un hypothétique deuxième tour »;
Comment et où peut-on lire dans le communiqué n°1 de l’ANC, la victoire d’Agbéyomé Messan Kodjo et un hypothétique deuxième tour ?
Voilà les mensonges avec lesquels, on affirme à l’opinion que l’ANC a reconnu la victoire d’Agbéyomé Messan Kodjo et qu’elle détient les preuves de cette victoire mais qu’elle refuse de les publier par jalousie.
Il est inacceptable que des gens qui, pendant des décennies, ont œuvré par tous les moyens au sein de la dictature pour le maintien de celle-ci, prétendent aujourd’hui donner des leçons à ceux qui ont sacrifié leur vie pour l’avènement de la démocratie au Togo. Il est également inconcevable que ces gens dont le seul mérite est d’’avoir été adoptés par une personne âgée dont le discernement est discutable, importent au sein de l’opposition les méthodes viles fondées sur le mensonge, qui leur ont permis de gravir les échelons dans le système RPT.
Il faut rappeler que dans sa dernière lettre pastorale, la Conférence des Evêques du Togo a condamné l’usage du mensonge comme stratégie de déstabilisation des personnes et des institutions. L’ANC exprime sa solidarité à Mgr Barrigah, archevêque de Lomé, qui a payé cher cette prise de position en devenant à son tour la cible de la cabale orchestrée pour revendiquer une victoire électorale jamais prouvée.
La calomnie, la diffamation, les injures de tous ordres qui se poursuivent encore, se sont invitées dans le débat politique depuis ces 3 dernières années, avec, comme cible principale, l’ANC. Mais pour maintenir la cohésion de l’opposition et éviter de montrer à l’opinion, le spectacle d’une opposition divisée, l’ANC a gardé avec sang-froid, un silence responsable. Malheureusement elle n’a pas été comprise. Certains ont pu considérer ce mutisme comme un signe de culpabilité.
Désormais, l’ANC apportera en tant que de besoin toute réponse appropriée, tout démenti, toute clarification, toute mise au point pour démonter et démanteler les machinations et les montages grossiers visant à la discréditer.
Et conformément aux directives de son dernier conseil national, l’ANC entend, par la rigueur et dans la vérité, sortir l’opinion de la confusion actuelle en vue d’une remobilisation des populations pour revendiquer des réformes politiques consensuelles. En vertu de ces mêmes directives, l’ANC recherchera une synergie d’action politique avec des partenaires sérieux et responsables, fiables et réellement engagés aux côtés du peuple togolais pour réaliser l’alternance et le changement démocratiques.
Comme l’enseigne Boudha, il s’agit, tâche ô combien ardue, de « vaincre les menteurs par la vérité. »
Fait à Lomé, le 05 novembre 2020
Pour le Bureau National
Le Vice-Président
Patrick LAWSON-BANKU