Brider un artiste, c’est tuer les artistes. Il faut plutôt leur offrir un cadre d’épanouissement. Un artiste, c’est la liberté d’exprimer son art, comme il le ressent, comme il le vit, dans le fond de son cœur et dans ses tripes. L’artiste, c’est le public qui l’adopte, lui et son art, ou qui rejette tout.
Pour les chanteurs, bien des fois on ne connait même pas les paroles des chansons, mais on vit l’émotion qui se dégage de l’œuvre. Combien de jeunes togolais connaissent les paroles des chansons de Santrinos, de Davido, ou de Shakira ? Mais ils adorent ces artistes. Au-delà des mots d’une chanson, c’est la vibration et l’émotion qui définissent l’artiste.
On ne peut donc pas stigmatiser les artistes, en les accusant des tares et des perversions qui gangrènent nos sociétés. Ce serait leur faire injustice. Sachant qu’ils ne sont que le reflet de nos communautés.
Les mauvaises mœurs d’aujourd’hui, jusqu’aux vidéos à caractère sexuel qui ont déferlé dans les collèges du pays, ce n’est pas à cause des artistes.
Non Mesdames et Messieurs les dirigeants du Togo ! Les artistes ne sont pas à l’origine de la décadence des valeurs au sein de nos sociétés.
C’est avant tout la perte des repères entretenue dans la société, avec la déstructuration des familles à cause des problèmes sociaux. C’est la promotion des contre-valeurs des décennies durant. La dépravation, c’est la déclinaison progressive en plusieurs choses. C’est d’abord la corruption des élites, supposées donner l’exemple. C’est l’argent qu’on gagne sans honnêteté et sans conséquences, au vu et au su de tous. C’est aussi la vie facile et le plaisir débridé qu’on affiche ostensiblement dans les lieux publics. C’est en fait, l’étalement des vices sous toutes ses formes, particulièrement par ceux qui ont de l’argent en grande quantité, et ils sont dans les sphères dirigeantes. Ce sont ces exemples, et surtout ceux qui viennent des sommets, des intouchables, qui formatent la jeunesse.
Alors, quand, en plus, les portes principales d’épanouissement sont fermées et qu’il ne vit plus de son art, l’artiste, comme tous les autres, se rabat sur les fenêtres de l’instinct primaire, celui des vices.
L’artiste entre ainsi en mode survie.
Ne lui donnez pas le coup de grâce par la censure. N’étouffez pas l’artiste. Tendez-lui la main, offrez-lui un cadre d’épanouissement. Respectez les artistes qui portent notre culture. Pour moi, c’est un principe, je respecte les artistes.
Salut l’artiste !
Nathaniel Olympio
Président du Parti des Togolais