Le Front Citoyen Togo Debout (FCTD), une fois encore, rappelle son mémorandum remis à la CEDEAO et lui demande de prendre en compte les aspirations du peuple togolais qui veut l’alternance au sommet de l’Etat. Voici la déclaration du mouvement lors de la conférence publique organisée vendredi dernier à Lomé.
FRONT CITOYEN « TOGO DEBOUT »
« Togo Debout, Luttons sans défaillance » !
CONFERENCE PUBLIQUE SUR LE THEME
« ROLE ET DEVOIR DE LA CEDEAO AFIN DE GARANTIR UNE SORTIE PACIFIQUE A LA CRISE TOGOLAISE »
ELEMENTS DE REFLEXION
La crise qui secoue notre pays, le Togo, n’a que trop duré. Plus d’un demi-siècle de vie politique fortement mouvementée marqué par des violations massives des droits de l’Homme et des libertés publiques, couplé à la mauvaise gouvernance, ont plongé le Togo dans un marasme économique et social, source de pauvreté et de misère. Cette crise s’enlise et constitue, à tous les égards, un énorme frein au développement du pays. La propension qu’elle a prise depuis le 19 août 2017, soit bientôt un an, risque, si aucune solution idoine n’y est apportée, de plonger le Togo et la sous-région ouest-africaine dans une période d’instabilité politique aggravée. Le 31 juillet 2018 se tiendra à Lomé la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO en vue de proposer une feuille de route destinée à résoudre la crise togolaise.
Tout le peuple togolais a les yeux rivés sur ce sommet.
Le FCTD n’a de cesse de saluer la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de notre Institution communautaire pour l’intérêt et l’attention qu’elle accorde au peuple togolais.
La présente démarche du FCTD vise à interpeller la CEDEAO sur la responsabilité historique qui est la sienne, de formuler, sans complaisance ni légèreté, une feuille de route claire à la lumière de la crise et à la hauteur des attentes légitimes et démocratiques du peuple togolais.
L’obligation de la CEDEAO de s’impliquer dans la recherche de solution pacifique et durable à la crise togolaise reste une obligation de principe et un devoir de vision.
La nécessaire résolution de la crise togolaise par la CEDEAO : une obligation de principe et un devoir de vision
Selon l’article 3 du Traité-Révisé de la CEDEAO, la Communauté vise à promouvoir la coopération et l’intégration entre ses membres dans la perspective d’élever le niveau de vie de ses peuples. Pour atteindre cet objectif, tous les pays membres, à l’instar du Togo, ont adhéré aux principes fondamentaux de la CEDEAO consacrés à l’article 4 de son Traité-Révisé qui dispose de la promotion et de la consolidation du système démocratique dans chaque Etat membre.
Le FCTD tient aussi à rappeler que l’implication de la CEDEAO dans la présente crise révèle les manquements graves et la complaisance de l’Institution communautaire rattrapée par l’histoire et mise devant ses propres responsabilités, au regard des évènements dramatiques qui ont suivi la mort du Général Gnassingbé Eyadéma et la transmission du pouvoir à son fils Faure Essozimna Gnassingbé par l’armée togolaise en 2005. « Togo Debout, Luttons sans défaillance » !
En effet, malgré les nombreuses irrégularités, les violences et violations graves et massives des droits de l’Homme qui l’ont caractérisée (plus de 500 morts), la CEDEAO avalise l’élection présidentielle d’avril 2005, estimant que les « anomalies et les incidents » enregistrés lors des opérations de vote ne remettaient pas en cause la « crédibilité » du scrutin. Le 6 mai 2005, son Secrétaire Exécutif, Mohammed Ibn Chambas, demande « aux leaders politiques togolais d’utiliser les voies légales de recours existantes et d’user des voies du dialogue et de la concertation pour résoudre leurs différends ». Le peuple togolais fut grandement et profondément meurtri et déçu, tant l’espoir qu’il nourrissait en cette Institution sous-régionale était grand.
Les discussions ont conduit à la signature de l’Accord Politique Global le 26 août 2006 qui prescrit, pour une sortie de crise, les réformes politiques. A ce jour, soit douze (12) années plus tard, ces réformes ne sont toujours pas mises en oeuvre, ce qui a poussé les Togolais à sortir massivement dans les rues.
En clair, la crise que traverse aujourd’hui le Togo est la conséquence directe de ce qui s’est passé en 2005. La CEDEAO n’est donc pas étrangère à cette crise.
Pour mémoire, écoutons ce qu’avait déclaré l’ancien Président malien, M. Alpha Oumar KONARE, alors Président de la Commission de l’Union Africaine, au sujet du coup de force dans la nuit du 05 février 2005 qui a conduit Faure GNASSINGBE au pouvoir :
« Aujourd’hui nous devons faire confiance au peuple togolais et aux très nombreux patriotes qui sont au sein de l’armée togolaise, et à Faure lui-même pour arrêter cette aventure sans issue. Il y a un schéma qui est mis en oeuvre, il faut le dire, par des mercenaires d’un genre nouveau qu’on dit constitutionnalistes, voulant nous faire croire que Faure n’a qu’à rester, il va faire des élections propres, il va ouvrir, mais il n’en est pas capable. Sinon pourquoi toute cette précipitation ? Il veut être là pendant les deux (02) mois pour rester Président ; il faut dire les choses par leurs noms. Et Faure demande à ce qu’on lui fasse confiance. Il prête serment. Quelqu’un qui a violé une Constitution la veille, il dit « Je jure par la Constitution ». Vous y croyez ?! Qu’est ce qu’il a donné comme preuve depuis ces temps pour qu’on lui fasse confiance ? Faure doit partir. C’est ce que tout le monde demande aujourd’hui ».
Si nous l’avions écouté, nous n’allions pas connaître plus de 500 morts et nous n’en serions pas là aujourd’hui.
La résurgence de cette crise met à nouveau la CEDEAO devant ses responsabilités et la feuille de route qu’elle doit présenter doit redonner au peuple togolais tout entier l’espoir, la confiance et le sentiment réel d’appartenir à un espace communautaire qui passe d’une CEDEAO des Etats à une CEDEAO des Peuples, au risque de se rendre complice de la misère des populations togolaises.
La vision de la CEDEAO vers une communauté démocratique et prospère à l’horizon 2020 sera alors une vision objective, réelle, réalisable et partagée.
La feuille de route doit consister à « la recherche d’une solution pacifique et durable à la crise pour le bonheur du peuple togolais », et comme l’a déclaré le Président Alfa Condé de la Guinée, l’un des Facilitateurs du dialogue, le 27 juin 2018, « ce qui compte, c’est le respect de la volonté du peuple togolais… La CEDEAO n’est pas un syndicat des Chefs d’Etat complaisants, elle doit avoir un langage franc ».
La feuille de route attendue des Premiers Responsables de notre espace communautaire se doit d’être conforme aux principes de démocratie et de bonne gouvernance adoptés par les pays membres de la CEDEAO et de l’Union Africaine, et également répondre aux aspirations profondes « Togo Debout, Luttons sans défaillance » !
du peuple togolais qui a soif d’alternance politique, de changement, d’un mieux-être et d’un mieux vivre.
Il s’en suit que la feuille de route de la CEDEAO concernant les réformes politiques, constitutionnelles, institutionnelles et le cadre électoral doit impérativement viser la mise en place des mesures et des conditions garantissant le libre jeu démocratique et l’alternance politique dans un climat transparent et apaisé, conditions impératives à la bonne gouvernance.
Une feuille de route qui mette l’intérêt national au-dessus de toute autre considération, et comme l’a souligné le Président-Facilitateur ghanéen, M. Nana Akufo Addo, à l’ouverture du dialogue inter-togolais le 19 février 2018, le défi à relever reste « l’intérêt du peuple togolais à avoir un Etat démocratique, un Etat de droit et un Etat ouvert qui permette au peuple togolais de s’exprimer librement et de choisir ses dirigeants d’une manière transparente et libre ».
Une feuille de route qui fasse en sorte que « le statu quo ne soit plus possible au Togo », selon les propos tenus le 05 juillet 2018 par le Président français, Emmanuel MACRON, en visite de travail chez son homologue nigérian, Muhammadu BUHARI.
Car enfin, et comme l’a relevé le Président français sur les antennes de RFI et de France 24, toujours en ce qui concerne la crise togolaise, en marge du Forum Afrique-Union Européenne tenu les 29 et 30 novembre 2017 à Abidjan en Côte d’Ivoire, « la conservation longue du pouvoir sans processus électoraux, sans cadre du pluralisme n’est pas une bonne chose ».
Et ce schéma passe impérativement, pour le FCTD, par trois moments importants :
1. La restauration de la Constitution de 1992 dans ses fondamentaux à travers un accord politique ;
2. L’ouverture d’une période de transition avec la mise en place d’un Gouvernement de transition ayant pour mission de mettre en oeuvre les réformes politiques, constitutionnelles, institutionnelles et électorales, prenant en compte le droit de vote de la diaspora togolaise ;
3. L’organisation des élections libres, honnêtes et transparentes.
Pour faire le plaidoyer et obtenir une pareille feuille de route, tout le peuple togolais, sans exception aucune, doit rester debout et fortement mobilisé. C’est pourquoi le FCTD convie les populations de Lomé et de ses environs à participer massivement au meeting d’information et de sensibilisation qui se tiendra le samedi 28 juillet 2018 à 14 heures sur le terrain d’AKASSIME à HANOUKOPE.
Fait à Lomé
le 20 juillet 2018,
Le Front Citoyen « Togo Debout »