« Tant que les armes recherchées ne sont pas trouvées, tous ceux qui participeront à ces manifestations doivent comprendre que le gouvernement ne sera pas responsable de tout ce qui adviendra », menaçait le sulfureux Christian Trimua, quelques heures après que les deux facilitateurs du dialogue intertogolais ont recommandé au gouvernement de permettre les manifestations publiques sur toute l’étendue du territoire national. Finalement, il n’y a rien eu. La mobilisation des populations de Mango, Bafilo et Sokodé vendredi et samedi derniers devrait montrer au régime cinquantenaire et ses suppôts que, désormais, les choses ne seront plus comme avant, comme l’a indiqué l’un des responsables de la Coalition des 14 partis de l’opposition lors du meeting à Bafilo.
Des caravanes suivies de meetings, c’est ce à quoi on a assisté dans les trois villes durant le week-end dernier. Un devoir, c’est en cela que les responsables de la Coalition des 14 résument ces manifestations qui les ont amenés à aller rendre compte aux populations du mandat dont elles les ont investis, celui d’œuvrer pour l’avènement de l’alternance au Togo. Ces populations qui ont souffert des atrocités du régime de Faure Gnassingbé, surtout depuis le déclenchement des nouvelles vagues de contestations le 19 août, restent toujours debout pour la suite de la lutte.
« Le peuple togolais, en particulier les populations de Bafilo est debout et restera toujours debout, et il portera haut le flambeau des revendications qui sont, entre autres, la libération du Togo et surtout l’alternance en 2020. A l’heure où je vous parle, il y a des militaires qui sont postés à des endroits stratégiques de la ville, mais ça n’a pas empêché les populations de rallier le point de rassemblement comme vous-mêmes vous le constatez », a indiqué à Bafilo, un natif du milieu qui a pris part aux manifestations.
Pour les responsables de la Coalition qui se satisfont de l’engouement des populations aux meetings, la mobilisation dans ces trois villes est la preuve que le peuple togolais a soif de liberté. « Tout ce qui se passe au Togo nous appelle et interpelle tous les Togolais de quelqu’ethnie que ce soit. Nous sommes heureux de votre mobilisation qui témoigne votre foi en le combat que nous menons et qui consiste à libérer le Togo et faire en sorte que les Togolais soient heureux », a déclaré Jean-Pierre Fabre, président de l’Alliance nationale pour le changement (ANC).
Les discussions politiques dans le cadre du dialogue intertogolais, la feuille de route de la CEDEAO attendue le 31 juillet prochain, l’attitude à adopter au cas où cette feuille de route ne prend pas en compte les aspirations du peuple togolais, voilà à peu près ce dont ont discuté les responsables de la Coalition avec les populations au cours de ces meetings. « Dans le cas où nous ne sommes pas d’accord avec les propositions de la CEDEAO, il faut que nous continuions la lutte et les meetings servent à préparer le terrain. C’est nous qui sommes les Togolais. Si on nous propose quelque chose qui ne nous convient pas, nous allons reprendre les manifestations », a ajouté le chef de file de l’opposition.
Avec ces manifestations qui se sont déroulées sans incident, c’est le masque brandi par le régime de Faure Gnassingbé qui tombe. En réalité, on veut faire croire à l’opinion que ces villes sont les chasses gardées du pouvoir. Puisqu’à plusieurs reprises, Faure Gnassingbé et ses collaborateurs y sont déjà passés pour tenter d’amadouer les populations dont la détermination n’est plus à démontrer.
Tout le monde sait que lla fameuse disparition d’armes est un prétexte pour empêcher l’opposition de faire sa démonstration de force dans ces villes. Il a fallu que les deux Facilitateurs désignés de la CEDEAO, le Guinéen Alpha Conde et le Ghanéen Nana Akufo-Addo demandent expressément au gouvernement de laisser l’opposition manifester dans ces villes et sur toute l’étendue du territoire pour que les « armes perdues » ne puissent se retourner contre les leaders de l’opposition. Dans tous les cas, les responsables de la Coalition des 14 ont promis un retour dans ces villes aux populations qui disent les attendre avec impatience.
Il faut noter que dimanche, la Coalition des 14 a tenu un meeting à Lomé, sur le terrain Oscar Anthony de Béniglato. Le message livré à la population de Lomé et de ses environs est le même qu’à Mango, Bafilo et Sokodé. Le 28 juillet prochain, la Coalition des 14 sera à Tsévié pour un autre grand meeting. Elle sera également à Atakpamé et Kpalimé le 29 juillet pour le même exercice.
source : L’Alternative