La crise politique que traverse le Togo depuis plusieurs mois déjà a eu le mérite de révéler non seulement la véritable nature du régime de Faure Gnassingbé, mais aussi surtout jusqu’où il est capable d’aller dans sa volonté de conserver le pouvoir. Depuis le 19 août 2017, les dispositions réglementant les manifestations publiques ont été interprétées de différentes manières par les acteurs politiques ou les organisations de la société civile, dans un bras de fer qui ne dit pas son nom.
Ce qu’il faut tout de même retenir, c’est que le gouvernement par le biais du ministre de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales fait feu de tout bois pour mettre sous éteignoir toutes les velléités contestatrices. Déviation des itinéraires, dommages aux activités économiques, interdictions, tous les moyens sont bons pour faire croire à l’opinion que le désir de l’alternance tant exprimée par les Togolais est en train de s’émousser.
Malheureusement, la flamme de l’espoir et de la renaissance togolaise reste et demeure toujours allumée. Que faut-il faire de nouveau pour contrer les actions de la coalition des partis de l’opposition ? A cette question, Payadowa Boukpessi, le Ministre en charge de l’administration des manifestations a une solution toute simple qui frise le ridicule et qui montre à suffisance que le pouvoir de Faure Gnassingbé n’a plus de cartouches. En effet, les élèves et enseignants du CEG Avenou à Lomé ont été surpris de voir débarquer la semaine dernière dans leur école quelques voitures grosses cylindrées immatriculées en vert (signe du gouvernement). De l’une d’elles sortira Payadowa Boukpessi, Ministre de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales. Que cherchait Monsieur le Ministre dans un établissement scolaire, surtout que ceci ne ressort pas de son administration ? La coalition des 14 partis de l’opposition avait annoncé une série de meetings dimanche 27 mai, et le CEG Avenou était parmi les sites retenus pour ces meetings.
Selon des témoignages reçus sur place après le départ de la délégation, Payadowa Boukpessi et sa suite seraient venus demander aux enseignants et élèves de cette école de ne pas participer à la manifestation de la C14. Selon le ministre Boukpessi, l’école étant apolitique, il ne fait pas bien de constater que les enseignants et élèves se mêlent à des activités de cette nature. Paradoxe n’est-ce pas ? Le régime en place au Togo s’est toujours servi des élèves pour atteindre ses objectifs notamment dans les processus électoraux. On se rappelle en 2015, les écoles avaient été fermées et les élèves utilisés comme bétail électoral.
La manifestation de la C14 d’hier ne se situent même pas dans le même schéma et l’on se demande ce qui fait courir le ministre Boukpessi, surtout que ce dernier a toujours assuré que les manifestations de la C14 ne font ni froid ni chaud au gouvernement. Il y a quelques jours, c’est la manifestation du Front Citoyen Togo Debout qui a été violemment dispersée au Centre Communautaire de Bè à Lomé. Dans la foulée, le Ministre de la Sécurité Yark Damehame déclarait que le Centre Communautaire de Tokoin, lieu prévu pour la manifestation n’est pas le salon du Front Citoyen Togo Debout. De quoi le pouvoir de Faure Gnassingbé a-t-il peur ?
Essoyoda B.
Source : Le Correcteur No.820 du 28 mai 2018