Depuis longtemps la gouvernance RPT-UNIR dans ses modes opératoires jouit du bénéfice du doute qu’il sied d’accorder à un présumé coupable dans un Etat civilisé lorsqu’une preuve n’est pas encore faite après un crime. C’est ce mentaux qui accorde un grain de crédibilité morale à Mr Faure Gnassingbé et son régime depuis les incendies des marchés de 2013. Mais avec les dernières actualités encore liées aux flammes dans les marchés, les lignes ont bougé dans l’opinion publique, si naïf soit-il, le Togolais s’interroge. Un fort soupçon analogue à une vérité a envahi l’opinion publique et il sied de se demander jusqu’où l’accuser peut encore bénéficier du doute. Les sentiments ont duré et on ne peut plus empêcher à une victime, sous le poids d’une torture publique, de désigner le tortionnaire par son nom. Les derniers évènements posent le débat d’une façon aussi limpide que l’eau de roche.
L’histoire des flammes criminelles de 2013 à 2023.
Nous étions en 2013, le soir du samedi 12 janvier promettait une nuit sans fin pour les commerçants de la capitale. Cette date sera témoin d’un incendie qui va ravager d’abord le grand marché de Lomé, ensuite celui de Kara deux jours plus tard. Déclenché au cœur de la nuit, le feu n’a été maîtrisé qu’à la mi-journée. Les dégâts sont très importants, les flammes n’étaient pas un simple accident de parcours, c’étaient des flammes professionnelles et donc impossible à contenir. Les deux étages du bâtiment central d’Adawlato ont entièrement brûlé. Les murs étaient cuits comme de l’argile travaillée au feu. Les sapeurs-pompiers togolais, ont eu besoin du renfort des collègues ghanéens stationnés au poste-frontière Aflao. Mais l’action conjuguée des deux brigades anti-incendie ne pourra constater que dégâts, larmes, et d’inestimables conséquences financiers. Rien n’a été sauvé sous le regard impuissant des Loméens. Quarante-huit heures après, les flammes rebondissent dans une autre ville, c’était le marché de Kara qui va connaitre, à son tour, le même sort. L’émotion est grande, les flammes sont d’origine criminelle, les condamnations pleuvent. Sur les lieux, aux premiers constats, les feux n’ont fait que des dégâts matériels. Mais à court et moyen terme, les conséquences qui vont suivre c’étaient des pertes en vies humaines, des paralysés à vie, des endettés insolvables dont les titres fonciers seront définitivement confisqués par le nantissement bancaire. Pour tenir debout et éventuellement rebondir, beaucoup de femmes et autres commerçants vont vendre leurs immeubles et terrains acquis de hautes sueurs. Officiellement, le motif qui fonde le crime ne sera jamais connu encore moins les auteurs du crime. Mais la gestion qui est faite de ces incendies aura le triste mérite d’alerter l’opinion publique togolaise et internationale qui va apprendre à poser des questions utiles. Il est officieusement reproché aux victimes d’être les bras financiers de l’opposition politique de l’époque. Le régime a beau faire diversion en procédant aux arrestations, ça n’a pas suffi pour persuader le plus optimiste des Togolais qui accordait encore le bénéfice du doute à la gouvernance en place. De ces flammes, le pouvoir ferra d’une pierre deux coups en serrant l’étau sur ses adversaires politiques, les membres du CST, Collectif Sauvons le Togo. La mort en prison du regretté Etienne Yakanou était le point culminant de la traque.
En réplique, l’opposition culpabilise à son tour le pouvoir et demande une enquête internationale indépendante. Peine perdue, les dirigeants s’y opposent et font confiance à leurs propres démarches. N’empêche qu’ils vont finir par ouvrir une pré-enquête dont les conclusions ne serviront à rien, la vérité sur les auteurs va rester encore un mystère. Toutefois, aux premiers moments des flammes, sur un coup de tête politique et croyant se dédouaner facilement la conscience, une expertise franco-israélienne est demandée par l’Etat togolais. L’objectif est de percer les circonstances et le mode opératoire de l’incendie dans le but prochain d’en découvrir les auteurs afin que chacun réponde. C’était ici une pré-enquête qui va baliser la voie à la vérité. Jusqu’à l’heure où vous lisez cette analyse, ladite expertise internationale a beau avoir lieu avec les conclusions sans équivoque, elle n’a servi à rien pour remonter aux auteurs du drame. Les résultats n’ont pas servi à en identifier les criminels encore moins de les punir. Cette démarche aura quand même permis de savoir que c’était du « Kérosène qui a servi à brûler les bâtiments commerciaux » de Lomé et de Kara.
Le Kérosène est une substance très sensible au feu et utilisée uniquement par l’aviation. Dans tout régime, il a beau être démocratique ou libéral, la gestion d’une aviation est une raison d’Etat qui relève exclusivement de ceux qui gèrent la République. C’est tellement sensible avec ce département que dès la moindre tentative de déstabilisation, la première réaction de tout dirigeant est la fermeture des frontières aériennes. Cette substance hautement inflammable est donc une matière dont seules les autorités togolaises détiennent le monopole. C’est alors une évidence que, soit ce sont les autorités togolaises qui ont brûlé ces marchés en se servant de cette substance dont ils ont l’exclusivité, soit ils ont été laxistes et un intrus a pu s’en servir. Au Togo, personne ne dispose d’un avion privé moins encore d’un aéroport en dehors de l’Etat. Où et comment les criminels ont-ils trouvé du Kérosène. Ensuite, le Procureur de la République va reconnaitre : «…., il s’agit d’un incendie criminel ». Le gouvernement est donc presque tombé dans son propre piège. Et au sommet, les gens ont dû regretter cette démarche internationale.
A défaut d’une vérité publique sur les incendies, puisqu’en politique si vous ne parlez pas l’opinion parle à votre place, un début de réponse sur les auteurs sera trouvé dans le rapport d’enquête où le CST énumère un cadre de l’aviation civile comme l’un des pyromanes des centres commerciaux. A défaut d’une enquête impartiale, le collectif, principale cible du régime à l’époque, a pondu son rapport sur la base des éléments en sa possession. Les résultats ne sont pas restés secrets.
C’est ainsi qu’il se révélait que :
«Mme Ingrid Nana AWADE, Directrice générale des impôts (DGI) à l’époque, principale instigatrice de cette machination; Le Colonel Félix KADANGA, à l’époque Chef corps de la Force d’intervention rapide (FIR), unité d’élite des Forces Armées Togolaises (FAT), actuel Chef d’Etat-major des Forces Armées Togolaises (FAT), exécutant en chef de ce plan; Le Lieutenant-colonel Yotroféi Alex MASSINA, à l’époque Directeur de l’Agence Nationale de Renseignement (ANR), actuel Directeur National de la Gendarmerie; M. Raoul Kpatcha BASSAYI, Directeur général (DG) de l’entreprise de bâtiments et travaux publics CENTRO; Le Général Mohamed Atcha TITIKPINA, Ex-Chef d’Etat-major général des Forces Armées Togolaises (FAT); Le Colonel Bawoubadi Didier BAKALI, Préfet de la Kozah; M. Kogoé Sylvère AKRIMA, ancien Directeur général (DG) de la Société Aéroportuaire de Lomé Tokoin (SALT), fournisseur du kérosène qui aurait servi aux incendies et qui a été prélevé sur le stock de la base chasse de l’Aéroport international de Niamtougou; L’officier de police KPEMISSI, chargé des audiences du Président de la République Faure Essozimna GNASSINGBE, en service au Commissariat de Police de Kara, principal exécutant de l’opération de l’incendie du marché de Kara ».
Beaucoup de questions resteront une énigme dans cet épisode des flammes. Les marchés ne sont pas logés dans des quartiers périphériques des deux villes. Ils sont au centre-ville et chaque marché est équipé d’un dispositif policier pour sa sécurité. Comment les criminels ont-ils pu filer entre les mailles ? Aux premiers moments du crime, il était permis de penser à un accident. Certaines femmes du régime en place avaient des magasins au grand marché de Lomé. Elles ont vidé les lieux avant le crime. De quelles informations elles disposaient avant l’arrivée des flammes ? Pourquoi n’ont-elles pas été interrogées sur les sources d’information qui leur ont permis de mettre leurs marchandises à l’abri? Le marché avait des vigiles qui gardaient les lieux, sans oublier la gendarmerie qui était toute une brigade incorporée aux lieux incendiés. Quelles questions on-t-elle été posée à tout ce beau monde ? Quelle question a été posée à ceux qui sont supposés être les seuls détenteurs du Kérosène au Togo ? Ceci n’a pas empêché à la monarchie Faure Gnassingbé de mettre le grappin sur d’innocents citoyens qu’on estimait dérangeants. Le but est atteint, parmi les personnes ciblées et arrêtées sur la base des démonstrations mystiques voire démentielles des officiers de la sécurité, les uns trainent des séquelles à vie suite à la torture dont ils ont été victimes, les autres n’en sortiront pas vivants.
Après une longue attente, le dédommagement annoncé sera une montagne qui va accoucher d’une souris. Lors d’une conférence de presses, deux ans après les incendies, un collectif des femmes victimes monte au créneau : « Nous enregistrons à ce jour une vingtaine de décès des suites de ce drame, plus d’une cinquantaine de personnes en hospitalisation et le choc psychologique de plus de 800 commerçants concernés par cette tragédie ». C’est ce que déplorait l’ASSIMAT dans un mémorandum publié en janvier 2015. L’ouverture d’une enquête internationale permettrait de « situer les responsabilités », souhaitait Afi Massan, présidente de l’Assimat. Elle ajoute un détail important, « toutes les victimes n’ont pas encore été indemnisées ».
« Conférence de Presse de l’Association des Sinistrés des Marchés du Togo (ASSIMAT)
Déclaration Liminaire
» Mesdames et messieurs les journalistes, l’Association des Sinistrés des Marchés du Togo (ASSIMAT), est heureuse de votre présence à cette conférence de presse qui commémore le deuxième anniversaire des incendies criminels qui ont ravagé les marchés de Lomé et de Kara en janvier 2013. Des milliards de francs CFA, fruit de nombreuses années de sacrifice d’au moins trois générations de commerçants sont partis en fumée en l’espace de quelques heures. Des milliers de vies ont été brisées ! Des générations entières ont été sacrifiées par des criminels qui ont décidé pour des mobiles que nous ignorons de réduire la vie des commençants et commerçantes à néant et de plomber une bonne partie de l’économie togolaise. Malheureusement, ils y sont parvenus. Deux ans après ce drame, la situation des victimes que nous sommes reste toujours catastrophique. Nous enregistrons à ce jour une vingtaine de décès des suites de ce drame, plus d’une cinquantaine de personnes en hospitalisation et le choc psychologique de plus de 800 commerçants concernés par cette tragédie. Des victimes qui sous d’autres cieux méritent un suivi psychologique ! Beaucoup parmi nous sont devenus hypertendus, diabétiques, cardiaques des suites de ces incendies. Notre vie est à la merci des professionnels de la santé mais surtout du bon Dieu.
Mesdames et messieurs les journalistes, deux ans après ce malheur, nous sommes surpris et tristes que la procédure judiciaire enclenchée par le gouvernement n’a toujours pas révélé les auteurs de ces crimes. Ces genres d’actes ignobles dans un Etat de droit ne peuvent rester sans suite. Connaîtrons-nous un jour la vérité autour de ces incendies? Aussi, mesdames et messieurs, pour une énième fois, nous dénonçons le silence des autorités togolaises et des acteurs politiques qui semblent plus préoccuper par d’autres dossiers, notamment politiques. Délaisser les victimes des incendies des marchés du Togo est un acte grave qui relève de la non-assistance à personnes en danger. Mesdames et messieurs des médias, nous saisissons l’occasion de la commémoration des incendies pour dénoncer à nouveau la manière dont le gouvernement à procéder aux dédommagements des victimes. Une opération qui s’est faite sur des considérations qui restent floues et ambiguës. Le constat est clair, cette aide pour certaines victimes, a créé plus de problème qu’elle n’en a résolu. Les victimes dont la situation a empiré sont nombreuses malgré cet apport symbolique. L’ASSIMAT dénonce avec vigueur les initiateurs et les organisateurs du fameux téléthon dont les fonds étaient destinés à venir en aide aux victimes. A ce jour aucun fond provenant de ce téléthon n’a servi à indemniser aucune des victimes. Au regard de ce qui précède, l’ASSIMAT exige :
L’ouverture d’une enquête internationale pour situer les responsabilités afin que réparations puissent être effectuées à l’endroit de toutes les victimes;
– L’indemnisation totale et complète de tous les sinistrés;
– La reconstruction d’un nouveau marché.
L’ASSIMAT renouvelle sa gratitude à toutes les bonnes volontés et à l’association synergie-Togo basée en France pour son appui et grâce à qui cette conférence de presse a pu se tenir.
Justice et réparations reste notre credo.
Je vous remercie « .
Lomé le 27 janvier 2015 ».
A défaut d’une vraie enquête crédible, le 24 avril 2013 déjà, les conclusions des experts commandités par le régime sont rendues publiques par le Procureur de La République. Les archives de notre Rédaction qui avait abondé sur ce crime révèlent :
Communique du PR Boyodi
« Le Procureur de la République Blaise Essolisam Poyodi a rendu publiques un mercredi les conclusions du rapport d’enquête des experts français et d’un « Israélien », sur l’origine et les causes des incendies survenus en janvier 2013 dans plusieurs marchés du Togo, dont ceux de Lomé et Kara. L’expertise conclut à des incendies « criminels » déclenchés à l’aide de dispositifs de mise à feu constitués essentiellement de matière inflammable ». C’est ce qu’a révélé M. Poyodi au cours d’une rencontre avec la presse à son cabinet à Lomé.
Selon le Procureur de la République près le Tribunal de Première instance de Lomé, « le parquet avait requis dans le cadre de l’enquête ouverte suite aux incendies qui ont ravagé les grands marchés de Lomé et Kara, l’avis d’experts étrangers. « Il s’agit pour les experts français, les nommées Hervé Bazin et François Deblasi et pour l’expert israélien, M. Shlomo Maor, de donner leurs avis sur l’origine et la cause de ces incendies. Il leur était également demandé de procéder aux prélèvements et analyses pouvant intéresser l’enquête ». Le rapport de l’expert israélien a exclusivement porté sur les grands marchés de Lomé et de Kara et celui des deux Français a été élargi au cas du marché d’Adidogomé. « En ce qui concerne l’origine des incendies, les experts sont unanimes. Ils concluent à des incendies criminels en raison de multiples foyers sans “séquence de feu” entre eux constatés sur les lieux ».
S’agissant du dispositif de mise à feu, les experts sont aussi unanimes que la matière utilisée comme accélérant d’incendie des grands marchés de Lomé et de Kara est un liquide inflammable. Sur la nature du liquide, les versions divergent. Il s’agit pour les experts français d’un produit de type « kérosène » alors que l’expert israélien indique avoir constaté des vapeurs de benzène/essence. …. « En clair, il s’agit d’un incendie criminel ».
C’est ce qu’a communiqué le PR. La couture était faite de fil blanc et le montage qui a permis l’inculpation d’une bonne trentaine de personnes en majorité proches de l’opposition n’a pas prospéré. Le dossier est ainsi clôt.
Nuit du Samedi 12 janvier 2013 – nuit du jeudi 21 décembre 2023, le crime a eu l’ temps d’être digéré et le criminel ragaillardit de l’impunité de récidiver.
Les fêtes pointent le nez, dans un pays infréquentable où aucune activité économique n’a de l’avenir, les périodes de fête sont les seuls moments de vaches grasses. Les femmes commerçantes des marchés ont fait des prêts dans les institutions financières pour renforcer les stocks et répondre aux demandes. Jeudi 21 décembre 2023, les acteurs du grand marché d’Agoè-Assiyéyé, commune du Golf I à Lomé, ont clôturé les étalages. La sécurité des lieux est aux mains de la brigade policière incorporée au marché. C’est le marché le moins cher de Lomé et tous les marchés environnant viennent se procurer surtout des produits de la ferme pour revendre. Dans cette ambiance des fêtes qui approchent en grande enjambées, le 07 décembre 2023 déjà, Agoè-Assiyéyé exprime un mécontentement légitime contre des rackets et tracasseries policières dans le marché et son environnement immédiat. Le mouvement d’humeur a visité tous les réseaux sociaux qui en ont fait le chou gras. Les commerçantes se plaignent d’un harcèlement policier récurent qui empiète la bonne marche des activités, elles vont l’exprimer à grand bruit. Le jour suivant, donc le 08 décembre, à la mairie centrale, l’administration communale rencontre les acteurs du marché. La fibre est sensible, il faut vite éteindre un potentiel foyer de contestation en ces périodes où tout est contre le régime. C’était en présence de ce que la monarchie a désigné par « cellule de veille contre l’incivisme et la délinquance ». Les représentants du commissariat du marché d’Assiyéyé et autres y étaient. « Les mesures idoines seront prises pour éviter que ces situations se reproduisent », a-t-on laissé entendre. Mais on estime que cette réprimande n’est pas assez pour l’audace des femmes. Le 11 décembre, le Maire Adambounou d’Agoè sur un ton militaire pointe du doigt les présumés instigateurs du mouvement d’humeur du 07. Le 21 décembre au soir, le marché a fait portes closes et chaque femme est chez elle en attendant le lendemain. Elles vont être ramenées de force sur le site du marché par un incendie. Ceci explique-t-il cela ? Hasard de calendriers ? Le gouvernement a confirmé que « Les ¾ du marché sont totalement calcinés ». Les moutons, chèvres et autres animaux qui attendaient les fêtes ont devancé en bêlant sous les flammes jusqu’aux derniers cris.
Dix ans après ce qui s’est passé à kara et à Lomé, comme par le passé, aucune autorité de la chaîne de responsabilité n’est inquiétée encore moins détenue jusqu’ici. Le deuil du marché est d’ailleurs déjà fait. Et c’est Faure Gnassingbé ‘’ Himself ’’ qui, en ‘’bon chef de l’Etat’’, donne le ton. D’abord il ne perdra pas le temps pour recevoir en audience une délégation des femmes victimes. Ceci est une attitude responsable. Mais ensuite, le Lycée d’Agoè lui servira de cadre afin de nettoyer les larmes des femmes sur les marchandises encore fumantes de l’incendie. Les écrits laudateurs d’un confrère vont retenir notre attention.
« Incendie Du Marché D’Agoe-Assiyéyé : Un Important Don Du Chef De L’État aux Victimes.
72 heures après l’incendie qui a ravagé le marché d’Agoè Assiyéyé, les victimes font l’objet d’une attention particulière de la part du Chef de l’État Faure Gnassingbé. Elles ont reçu lundi 25 Décembre 2023 dans l’enceinte du Lycée d’Agoè-Nyivé, des mains d’une délégation gouvernementale conduite par le Ministre de l’administration territoriale le Colonel Awadé Hodabalo, agissant au nom et pour le compte du Chef de l’État, des dons de vivres et non vivres aux commerçantes et commerçants victimes. Composé de 1200 sacs de riz de 25 kg, de 4000 bidons d’huile végétale de 5 litres, et d’une enveloppe financière de 150 millions de francs CFA, ce geste est destiné à réconforter et à soulager les victimes qui ont tout perdu dans ce drame. En cette période de fête ce don du Chef de l’État vient donc à point nommé pour leur permettre de bien fêter malgré la douleur des pertes occasionnées par l’incendie. De même, 6.000 feuilles de tôles ont été offertes pour la construction des hangars de fortune sur les nouveaux sites provisoires identifiés à accueillir la poursuite des activités commerciales du marché d’Agoè-Assiyéyé. Outre le Ministre Awadé, la délégation gouvernementale est composée du ministre du commerce, de l’industrie et de la consommation locale, madame Mivedor Kayi, et du ministre de l’action sociale, de la promotion de la femme et de l’alphabétisation, madame Apédo Adjovi Lonlongno épse Anakoma. Cette délégation a solennellement et symboliquement remis les présents du chef de l’Etat entre les mains de la présidente des commerçantes et commerçants du marché d’Agoè-Assiyéyé, madame Agudze Akossiwa, entourée des présidents de différents groupements des secteurs d’activités commerciales. Notons que la remise de dons s’est déroulée en présence des autorités municipales de la commune Agoè-Nyivé 1 au-devant desquelles le maire Adanbounou Akoété Kovi et d’une foule de commerçantes et commerçants du marché d’Agoè-Assiyéyé. Dans son adresse de circonstance au nom de tous les membres de sa délégation, le ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et du développement des territoires, monsieur Awaté Hodabalo, a transmis les salutations fraternelles et la solidarité du président de la République Faure Essozimna Gnassingbé qui, a-t-il souligné, « Nous charge de vous transmettre sa compassion et sa solidarité face à cette épreuve survenue au marché, à garder confiance et à croire à sa solidarité pour vous aider à vous relever progressivement de ce choc ». « Conscients que nous sommes dans la période des fêtes, il nous a chargés de vous apporter quelques cadeaux vous permettant au moins d’assurer les fêtes en attendant la solution à vos problèmes de reprise, de résilience face au choc », a poursuivi le ministre Awaté Hodabalo, avant de souhaiter pour terminer de bonnes fêtes de fin d’année à tous, à chacune et à chacun. Chacune des victimes a eu droit à un kit alimentaire accompagné d’une enveloppe financière de 25.000 francs CFA ».
Ainsi commence le compte à rebours, la mort lente d’une nouvelle génération de commerçants et commerçantes. Cette histoire de largesse sur les cendres d’un incendie aux contours aussi flous que criminels, les Togolais n’en n’ont cure. C’est une humiliation de trop contre ces commerçantes qu’on traite comme des vendeurs de moutardes qui ont justes perdu quelques billets de banque. Cela nous rappelle un triste récit, le dédommagement des incendies de 2013. Une femme a perdu deux boutiques dans l’incendie du marché de Kara. Alors qu’elle est inconsolable, on parle de dédommagement dont les préparations étaient en cours. Elle prend son mal en patience. Le fameux dédommagement arrivé, elle se voit remettre une triste enveloppe de 300 000 FCFA. Cette somme pour elle qui gérait deux boutiques de pagnes dans ce marché était exactement une recette journalière en période d’abondance. Depuis ce jour, la dame a totalement plongé, elle est devenue une folle à lier. Elle passe le claire de son temps à compter les doigts en souvenir de ses recettes. Elle est vivante actuellement et réside à Kara. Ainsi va la République, voici un fameux dédommagement qui est venu achever le boulot commencé contre cette femme.
Au sommet de l’Etat togolais, les premières autorités résument tout aux besoins naturels primaires: se procurer du matériel par tous les moyens soient-ils inciviques, en jouir, travailler à conserver la dictature et proclamer sa reconnaissance, surtout interdit de se poser de questions qui peuvent fâcher. Quand l’autorité publique commet alors des crimes contre les citoyens, on respecte ces principes en dédommageant les victimes. Et quel dédommagement ! Elles sont nombreuses les commerçantes qui ont refusé la fameuse enveloppe de 300000 qui a achevé cette pauvre revendeuse de pagnes il y a quelques années. On sait aussi que beaucoup de victimes ont rejeté le dédommagement de la CVJR, la fameuse commission vérité justice et réconciliation. L’habitude est devenue une seconde nature et on perpétue le crime parce qu’il y a un dédommagement à la clé. On croit effacer le tort en oubliant le préjudice moral que ça engendre dans la société qui commence à croire que tous les crimes sont permis pour peu qu’on peut dédommager. C’est ainsi qu’on peut aussi de façon loisible dédommager des citoyens pour faute d’une détention arbitraire en continuant à les garder en détention. Quand des citoyens commettent des crimes économiques contre l’Etat, l’autorité leur demande de restituer les biens extorqués tout en gardant leur nom en secret comme une raison d’Etat. C’est la pratique et actuellement c’est ce qui est en cours au HCRUN.
Triste République dont la survie repose sur des scandales. Monsieur le Président, Merci pour votre Magnanimité, oooh combien légendaire au lycée d’Agoè pour vos victimes. Oui, ce sont vos victimes, si on avait puni les pyromanes de 2013 les pyromanes de 2023 n’existeraient pas. Le cycle ne reprendrait pas. A chaque fois que certains crimes sont commis, c’est souvent votre gestion du crime qui ouvre les yeux aux profanes, qui renforce le doute dans l’opinion qui commence sérieusement à s’éloigner de vos versions officielles. On se rappelle comment Mme Ibrahima Méminatou, député de son état, l’un des outils de communication de votre grand parti, parlait aux femmes sur les cendres encore du dernier incendie d’Agoè :
« … nous avions eu des nouvelles d’ici, ce n’est pas bon. Ici est notre fief, nous ne pouvons pas venir mettre le feu au marché, surtout que nous savons que les élections approchent».
Est-ce à dire qu’au RPT-UNIR, les tenants du régime cinquantenaire peuvent s’organiser pour incendier les marchés dans une zone qui n’est pas leur fief ou encore quand le pays n’est pas à l’approche d’une élection? Voilà le triste raisonnement de ceux qui représentent une République. Plusieurs fois Ministre de l’action sociale, cette dame est présentement parlementaire. Il n y a jamais de crime parfait, sous tous les cieux, un criminel laisse toujours des indices sur le terrain. Alors, entre nous, tout le monde a suivi les évènements qui se sont produits en amont et en aval de l’incendie. Si un fou se pointe à un feu rouge demain pour marteler que c’est Faure Gnassingbé et sa famille politique qui ont mis le feu au marché d’Assiyéyé afin d’éteindre un foyer possible de mécontentement et de donner leçon aux éventuelles corporations contestatrices, est-ce que monsieur le président a un argument pour le démentir ? Un dirigeant qui cultive l’impunité moissonne l’anarchie, nous le disions dans une analyse précédente. Monsieur le président, même en dictature atroce, on peut se faire respecter en évitant un cynisme d’Etat contre les populations. On ne peut pas tous les jours afficher des comportements qui confirment que pour vous, le seul crime qui vaille une punition est l’ambition politique. Quand les premiers incendies ont eu lieux, les conclusions ont été sans équivoque. Pour votre crédibilité, n’avez-vous pas trouvé parmi les pyromanes quelqu’un à sacrifier comme vous l’avez fait avec l’affaire Kpatcha ou tout récemment l’affaire Madjoulba ? Le cynisme politique et le crime d’Etat dans les épisodes répétés des incendies ne résident pas dans les flammes. Certaines sources pointent une caméra de surveillance placée par une dame fatiguée par les instruits qui subtilisent ses marchandises les nuits au marché d’Assiyéyé. Cette caméra aurait pris des policiers en train de se servir dans les étalages de la dame. L’information sur la caméra a exacerbé le mécontentement que les femmes ont exprimé avant l’incendie. Donc les policiers responsables pouvaient être une piste des incendies. A notre analyse la dimension de ce crime est plus grande que celui de quelques policiers qui fouilleraient les étalages par la faveur d’une nuit. Nous ne voulons pas entrer dans les détails de qui a fait quoi. Mais c’est comment vous gérez ces crises qui donnent des pistes à ceux qui doutent de votre sincérité. D’ailleurs, il semble que désormais, ce n’est plus un opposant qui a mis le feu au marché, mais c’est « un compteur de fortune de la CEET », super. Aux dernières nouvelles un procureur de la place a publié ses résultats qui renforcent encore les doutes et soupçons.
Résultats Préliminaires d’Enquête sur l’Incendie
N°——————/PR/2023
A la suite de l’incendie qui a ravagé aux trois quarts le marché d’Agoe-Nyive-Assiyéyé, dans la nuit du jeudi 21 décembre 2023, une enquête judiciaire a été ouverte par le parquet de grande instance de Lomé. Cette enquête menée par le service central de recherches et d’investigations criminelles de la Gendarmerie, a révélé les éléments dont la teneur suit.
Le jeudi 21 décembre 2023, aux environs de vingt et une heures, les agents préposés à la surveillance de ce marché, ont observé de la fumée monter d’un hangar au centre du marché. Y ayant accouru, et ayant constaté l’ampleur du feu, ces agents ont alerté la permanence du poste de police du site, dont le chef de poste a, sans désemparer, appelé l’équipe des sapeurs-pompiers.
Ces derniers à leur arrivée ont fait face à un feu dévastateur qui embrasait presque tout. Aux côtés des sapeurs-pompiers, d’autres forces de soutien se sont mobilisées dans la lutte contre cet incendie gigantesque. Ce ne fut qu’au petit matin du vendredi 22 décembre 2023, que le feu fut maîtrisé. La journée du vendredi 22 décembre 2023 a consisté essentiellement à l’extinction totale des foyers résiduels du feu sur le site et à la sécurisation de celui-ci.
Dans la matinée du samedi 23 décembre 2023, une équipe d’enquêteurs du service central de recherches et d’investigations criminelles (SCRIC) et de la cellule d’identification criminelle (CIC), a effectué un transport sur les lieux aux fins de constatations requises. Les constatations et des premières auditions faites, ont permis d’identifier le bloc « épices », au centre du marché, comme point de départ du feu. Après cette identification, les techniciens de la Cellule d’identification criminelle ont procédé à la recherche de la présence probable d’un indice relatif à l’usage d’un hydrocarbure. La recherche s’étant révélée infructueuse, la thèse d’un incendie d’origine électrique a été envisagée. Un compteur électrique de fortune, communément appelé « additionneuse » fixée dans un conteneur à marchandises a été suspectée d’être le générateur d’un court-circuit électrique.
Cette thèse a été confortée par la manière dont les installations électriques ont été faites sur le site dudit marché. En effet, hormis le bloc administratif et le poste de police, les installations électriques sur le site du marché d’Agoe-Nyive-Assiyeye n’ont pas été faites par l’administration. Chaque usager a procédé à sa propre installation électrique avec le technicien de son choix et en fonction de son besoin. Cette pratique a entrainé une installation anarchique des câbles électriques, à la manière des toiles d’araignée. De ce fait, le moindre dysfonctionnement électrique occasionnant un court-circuit était susceptible de provoquer un embrasement généralisé en raison de l’encombrement des étalages.
Tels sont les premiers éléments obtenus de l’enquête judiciaire entreprise à la suite de l’incendie du marché d’Agoe-Nyive-Assiyéyyé. Les investigations se poursuivent par l’exploitation des indices et témoignages obtenus et la recherche de tous autres éléments pouvant renseigner sur l’élément déclencheur du court-circuit à l’origine de l’incendie. Ceci dit, il sied d’appeler l’attention des usagers de nos marchés, de toujours se conformer aux normes requises dans toute installation électrique au sein desdits marchés.
Fait au Parquet, le 30 décembre 2023.
Le procureur de la République
Talaka MAWAMA
Le communiqué qui fait une hideuse publicité à la CEET attribue les flammes à un sous-compteur de fortune. Certes, la faim a réduit une bonne partie des populations aux besoins primaires, mais il demeure encore des Togolais qui réfléchissent. Il faut éviter de les insulter à chaque fois qu’il faut justifier une situation hideuse. Quand de tels crimes se produisent, il existe une race de citoyen qui pense que le dédommagement est l’ultime solution pour soigner le mal. Mais les citoyens réfléchis, ne réclament pas immédiatement le dédommagement, comme on a vus certains s’agiter sur les réseaux sociaux avant même que les flammes ne soient éteintes à Agoè. Ce que le Togolais attend, c’est la vérité sur le crime suivie de la fin de l’impunité. C’est de cette seule façon que le criminel ne pourra pas récidiver. Le terrorisme d’Etat réside dans ce comportement qui ne vous responsabilise pas contrairement aux textes et qui donne l’impression que devant un crime, vous êtes libres de situer l’opinion ou pas. Les citoyens vivent sous le peur et le sentiment de terreur du fait d’une situation qui peut arriver à tout le monde à tout moment. Le terrorisme réside dans la torture phycologique, dans l’humiliation publique contre les victimes des crimes. C’est votre gestion des crises qui terrorise le publique. Le terrorisme réside dans votre volonté visible à protéger le criminel et à décourager, de façon décidée, sa victime. Monsieur le Président, sur les huit millions, combien de togolais pensez-vous pouvoir convaincre si demain dans l’une de vos rares sorties médiatiques un audacieux journaliste vous apostrophe avec la paternité de ces flammes récurrentes dans le seul but de préserver votre règne à vie sur le Togo ? En attendant de connaitre les criminels, si tant est que vous ne les connaissez pas encore, que faites-vous de la responsabilité civile ? En attendant d’analyser les hypothèses qui fourmillent de vos laboratoires, avec votre compteur de fortune, en attendant de nous dire que c’est la torche d’un gardien de nuit qui a enclenché le feu, les autorités du marché sont coupables et responsables pour non surveillance des normes d’installation d’électricité dans le marché. Ils doivent démissionner pour être entendus par le procureur. C’est un manquement professionnel, ce marché procurait au moins 8 millions de CFA d’impôts mensuels. C’est le minimum à faire, responsabilité civile oblige.
Abi-Alfa
Source: Le Rendez-Vous / lerendez-vous.tg