A la tribune de l’ONU, Mr Bassolma Bazié, au nom du Capitaine Ibrahim Traoré, sera sans langue de bois contre l’institution et ses fonctionnements. Le représentant du Burkina avait tout dit, on ne peut attendre mieux d’un dirigeant. C’est très bien ! Toujours pour l’intérêt de l’Afrique, parlant des présidents à vie, le Ministre Abdoulaye Diop des affaires étrangères du Mali n’a pas été tendre dans son interrogation: «Qu’est-ce qu’on fait des présidents qui sont assis, et qui posent des actes qui créent des tensions dans leurs pays, qui manipulent leur constitution, qui manipulent les organes judiciaires, qui créent l’instabilité dans leur pays, qui empêchent aux gens d’être candidats, etc? ».
Le palmarès de contradictions des dirigeants de l’AES, ne peut être complet si nous ne revenons sur le président de la CNSP, Conseil National de la Sauvegarde de la Patrie, du Niger. Abdourahmane TCHIANI lançait alors: « Nous irons partout lorsqu’il est question des intérêts du Niger…».Tout porte à croire que dans la lutte pour la libération de ces pays, tous les moyens sont bons. Même si entre les discours et les actes le fossé est grand, c’est la fin qui justifie les moyens.
A la lumière du discours du Burkinabé à la tribune de l’ONU, comment peut-on comprendre que ces pays collaborent alors avec le Togo? Le Togo n’est-il pas suffisamment connu pour son hypocrisie diplomatique ? Le Président du Togo Faure Gnassingbé est le seul Président d’Afrique qui est venu pour s’assoir. Effectivement, il est parvenu à s’assoir et aucun discours ne peut mieux le peindre que celui du Ministre Abdoulaye Diop : «Qu’est-ce qu’on fait des présidents qui sont assis, et qui posent des actes qui créent des tensions dans leurs pays, … etc ? ». Ça c’est l’image parfaite de Faure Gnassingbé si le Monsieur diplomatie du Mali semble l’ignorer. « Les leaders panafricanistes qui se sont battus pour l’unité africaine, nos grands-parents qui sont tombés dignement sous les balles assassines des colons, les dignes fils africains qui se sont sacrifiés pour l’honneur sur le continent et qui ont lutté férocement contre la traite négrière et le néocolonialisme ont eu leur sommeil de guerriers perturbé pour avoir entendu qu’une poignée d’enfants égarés de l’Afrique tiennent le Niger telle une boule de coton à l’envahisseur afin qu’il y mette le feu. Oui, cher continent africain, une poignée de tes enfants a décidé de t’humilier et de te vilipender à travers le mensonge éhonté d’État en commençant par le Niger ».
A lire certains passages de ce discours, il suffirait d’un petit parallèle entre les pays de l’AES et le Togo pour valablement se demander si son auteur comprend vraiment ce qu’il prononce. D’ailleurs, le parfait Kamtchaka, mélange indigeste, des panafricanistes et des nationalistes dans la listes des leaders africains à qui le discours rend hommage en est révélateur. Tout ceci n’est qu’un ‘’feedback’’ pour illustrer les contradictions dans lesquelles baignent les dirigeants de l’AES quand on se rend compte qu’ils font de la dictature togolaise un allié de choix contre la France. Et Faure Gnassingbé joue parfaitement le rôle. C’est d’ailleurs le Togo que les dirigeants du Sahel vont choisir pour abriter le sommet sur les transitions en Afrique, et les trois pays en transition y ont accouru pour parler de leur situation. Voici trois pays en transition pour libérer l’Afrique, ne sommes-nous pas en face d’un abus de langage en parlant de la libération de l’Afrique ? A celui qui soutiendra que c’est le Togo qui, en panne d’image internationale, se propose pour ces bons offices, il faut répondre que ce n’est pas toutes les offres qu’on accepte, « même en temps de famine, on ne mange pas tout ».
L’instrumentalisation et le maintien de l’Afrique sous l’exploitation et les clauses coloniales compromettantes au décollage de l’Afrique est la principale source de revenu qui fait de la France une puissance économique. C’est un fait palpable, et les Français ne s’en cachent pas. «L’Afrique a été pillée. J’ai parlé de matières premières. J’aurais dû parler des hommes ! Pendant des siècles, on vous a exploité humainement : on a volé vos hommes, vos femmes, vos enfants. On s’est servi de vous », quand Mitterrand répond en ces termes à Sankara que le Togo a participé à assassiner, il parle d’abord et avant tout du rôle funeste de son propre pays. Si l’AES prend le Togo pour un allié, c’est qu’elle croit que la France est prête à ce que soit mis fin à cette situation d’injustice reconnue par Mitterrand en réponse à Sankara. Le digne fils Africain Sankara fut assassiné le 15 octobre 1987, il y a donc 37 ans en 2024. Si la France voulait arrêter cette exploitation, le débat n’existerait pas. Le monde parlera actuellement d’autre chose, Messieurs les présidents. Et c’est dans ce contexte que vous prenez le Togo pour un enfant de cœur de l’Eglise en qui il faut faire confiance. Bonne chance à vous !
Personne n’impose à un pays indépendant ses partenaires. Mais si cette situation perdure, il y a crainte que les Africains finissent par dénoncer le volet panafricain de votre combat. Personne d’entre vous ne ressemble à Modibo Keita dans ses ambitions pour l’Afrique. Chacun de vous est un nationaliste qui lutte pour libérer son pays. Ça c’est déjà un noble combat, contentez-vous en. Chacun va libérer son pays et après on se mettra ensemble pour parler Afrique. Ne mélangez, surtout, pas les pédales aux Africains en vous autoproclamant Panafricains au même moment où vous utilisez les outils du colon qui continue par vous saigner par tous les moyens.
En Afrique du Sud, Mandela a libéré son pays, c’était aussi une lutte, mais il n’a pas mélangé les pédales. Il a clairement circonscrit son adversaire et il a atteint sa cible. Paul Kagamé, et bien d’autres, ils sont nombreux qui s’en inspirent et de la meilleure façon. Mais cela ne fait pas d’eux des Panafricains. C’est un abus de langage que d’appeler les dirigeants de l’AES des panafricains. A chaque fois que le Togo s’invite dans votre lutte de libération, il nous revient que vous dites: « laisser d’abord le cas du Togo ». Vous avez vos priorités, c’est aussi ça la politique. Mais en Afrique, ce pays que vous laissez « d’abord » est la gâchette de la France que vous dite combattre tant, Messieurs les ‘’panafricanistes’’. La France ne fait plus trop de bruit dans les canaux diplomatiques car elle a un allié de choix pour faire son palabre, défendre les intérêts de l’Hexagone de façon sournoise en vous arborant son plus grand sourire afin d’éventuellement renverser la tendance. L’hexagone n’a pas quitté l’Afrique malgré le grand bruit qu’a fait la décolonisation, donc ce n’est pas quelques discours du Sahel qui le feront quitter de sitôt. La France a quitté vos pays, mais si vous pensez qu’elle a abdiqué, vous faites alors un vilain rêve. En Afrique, le second nom de la France c’est le Togo. Vous êtes libres de choisir toutefois vos partenaires quels qu’ils soient, comme l’a martelé le président du Niger. Pourvu que ça marche. Si les populations françaises peuvent être mal à l’aise avec un tel schéma, leurs dirigeants de tous les temps, sont à l’aise et ils ne sont pas prêts à changer de paradigme, à moins que leurs victimes aient pris entièrement conscience de leur dangerosité. Cela passe par une identification sans hypocrisie et sentiment des alliés et des outils de la lutte de la libération. « L’Afrique a été pillée…… Pendant des siècles, on vous a exploité humainement. ….. On s’est servi de vous » ? Voici de parfaites larmes de crocodile pour endormir l’histoire et rebondir de plus belle, c’est précisément une telle situation qui fait de la France une puissance. Le jour où ça s’arrête, elle quitte son ronflant rang des puissances et va définitivement se taire pour laisser parler les grands du monde. Celui qui n’a pas encore finit d’humilier son pays devant la France pour sauver sa présidence à vie, ne peut pas vous aider à vous libérer de la France. Pour exemple, ce monsieur qui cours à votre secours n’a pas encore dénoncer une seule des nombreuses clauses préférentielles colonialistes que vous avez retiré de haute lutte à la France, il n’a pas l’intention de le faire, s’il avait l’intention il ne peut pas. Autant la France est assise sur les compromissions contre le continent noir, autant les longs règnes France- Africains sont assis sur les compromissions contre la libération de leur pays et par ricochet du continent.
Si on revisite le vibrant discours du représentant du Burkina aux Nations-Unies, peut-on trouver pire que le Togo en terme de «mensonge d’État, d’hypocrisie diplomatique, de la boulimie du pouvoir, de l’esprit démoniaque de domination et d’exploitation de l’Homme par l’Homme » qu’au Togo ? ». Il est vrai vous avez besoin d’être ouvert sur la mer pour la survie de votre population, vous n’êtes pas pressés de renouer avec le Bénin, malgré sa mains tendue. Au temps fort de la crise, il nous revient qu’il a fallu de peu pour que le Gal du Niger saute définitivement le pont entre son pays et le Bénin. Certaines compromissions donnent à réfléchir quand les Panafricains revoient le passé du Togo et le rôle qu’il joue actuellement à vos cheveux. Nous pouvons nous tromper, mais ce n’est pas interdit à un journaliste d’attirer votre intention.
Abi-Alfa
Source: Le Rendez-Vous / lerendez-vous.tg