Les chefs d’Etats de la CEDEAO se sont retrouvés à Abuja vendredi dernier pour élire le nouveau président en exercice de la communauté. Le président sortant Goodluck Jonathan a passé le témoin à son homologue ivoirien, Alassane Dramane Ouattara qui venait d’être élu par ses pairs. Le lendemain, samedi 18 février, un mini-sommet de l’UA convoqué par le président Yayi Boni, actuel président en exercice de l’Union africaine, s’est tenu à Cotonou (Bénin) et a regroupé quatorze chefs d’Etat.
A Cotonou les discussions ont été menées sur la situation dans la corne de l’Afrique, la crise entre les deux Soudan, la révolution libyenne et ses conséquences et l’élection prochaine dans quelques mois du nouveau président de la Commission. Tels sont les problèmes qui ont préoccupé ces dirigeants africains. Ce qui se passe depuis quelques mois au Sénégal et qui semble gagner en intensité au fur et à mesure qu’approche la date fatidique du 26 février avec son cortège de dégâts et de blessés, ne semble les préoccuper outre mesure. Pourtant, ils se disent pour la paix sur le continent et n’hésitent pas à exhiber des prétendus mécanismes de maintien de la paix. Attendent-ils de jouer les sapeurs pompiers après le 26 février ?
Il est un peu surprenant que ni le sommet d’Abuja, ni celui de Cotonou auxquels ont pris part des chefs d’Etats du continent, n’aient eu à aborder la situation qui prévaut depuis quelques semaines au Sénégal. Tout s’est passé ici et là comme si le Sénégal n’était pas à un début d’ébullition par la volonté délibérée d’un chef d’Etat sortant de mettre à mal la démocratie dans son pays. Pourtant, plus que six jours aujourd’hui pour un rendez électoral qui préfigure des lendemains postélectoraux très difficiles.
La raison n’est autre que l’entêtement dont fait preuve le président Wade qui, en dépit de son âge très avancé (85ans), tient à briguer un troisième mandat de 7 ans après des gymnastiques juridico-politiques qui sont loin de faire l’unanimité et encore moins son honneur. Et pourtant ! A y voir de près, Wade est en train de mener malheureusement son pays vers un inquiétant recul en matière démocratique. Que cela n’inquiète pas ses pairs qui semblent visiblement le laisser faire, est très grave, surtout qu’on aura vu l’homme donner sans vergogne il y a quelques mois, des leçons de démocratie à Mouammar Kadhafi. On l’aura également vu soutenant le président Ouattara aux temps forts de la crise en Côte d’Ivoire. Autant d’attitudes qui laissent croire qu’il s’agirait d’un homme de l’alternance. Mais c’est tout le contraire.
Depuis quelques semaines, suite à la validation de la candidature tant contestée du président sortant, le pays est en proie à des troubles persistants nés de l’exigence par les opposants et la société civile sénégalais du retrait de la candidature de Wade. Après 26 ans d’opposition et 12 ans de pouvoir, en tout 38 ans d’activités politiques, il est difficile de comprendre pourquoi Abdoulaye Wade se refuse à sortir par la grande porte pour un repos mérité. Difficile de comprendre que jusqu’ici, aucun des chefs d’Etat africains n’ait eu le courage, de conseiller Wade qui devrait servir le bon exemple, d’arrêter ce qu’il est en train de faire, quitte à le mécontenter.
A part les Américains et un peu timidement les Français, tous les chefs d’Etat africains se font des spectateurs et attendent le pire pour jouer les pompiers avec leur UA, CEDEAO ou autres machins. Pendant ce temps Bongo, Gnassingbé et dans une moindre mesure Kabila fils, ne peuvent que prier pour que Wade se maintienne et impose son fils Karim avec le soutien de la France qui ne dit jamais non aux forfaitures en Afrique francophone. L’objectif c’est de grossir les rangs des républiques dynastiques avariées qui n’ont pas de raison de prospérer sur le continent, pour ne pas être seuls.
En tout état de cause, à quoi riment les regroupements sous régionaux et africains? Si ce n’est uniquement à la solidarité dans le mal. Sûrement que quand le moment sera venu pour obéir à un appel à s’aligner de la part de l’ex-métropole, d’une seule voix comme ce fut le cas contre Gbagbo, ils n’hésiteront pas à se manifester comme de petits élèves acceptant d’avaler la couleuvre à leur corps défendant, parce qu’il faut plaire à une puissance.
Alain SIMOUBA
liberte-togo.com
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