PARIS – Charles Blé Goudé, figure de proue du régime de Laurent Gbagbo, appelle le président ivoirien Alassane Ouattara à cesser de réprimer les partisans du président déchu et assure qu’il ne sera « pas un opposant qui prend les armes », dans une vidéo diffusée samedi lors d’un meeting à Paris.
« Je serai un opposant bien éduqué, un opposant qui propose, qui critique. Je ne serai pas un opposant qui prend les armes », affirme l’ancien ministre de la Jeunesse qui est entré dans la clandestinité au moment de la capture de Laurent Gbagbo en avril dernier.
Ce message vidéo a été diffusé lors d’un rassemblement de la diaspora ivoirienne pro-Gbgbo à Paris, organisé à l’initiative du Congrès panafricain des jeunes et des patriotes (Cojep), un mouvement dirigé par Charles Blé Goudé qui a été à la pointe de la mobilisation dans les milieux étudiants à Abidjan pendant la crise électorale.
Le message a été enregistré le 9 juillet, selon le Cojep.
Décontracté, costume bleu ciel et cravate aux rayures rouges, Charles Blé Goudé y apparaît assis dans un jardin, devant un arbre du voyageur. Sous le coup d’un mandat d’arrêt international délivré par la justice ivoirienne il y a quelques semaines, il ne dit pas où il se trouve et dément les « rumeurs » qui le donnent notamment au Bénin ou au Ghana, où se sont réfugiés plusieurs personnalités de l’ancien régime.
Tout en critiquant durement le régime d’Alassane Ouattara, il esquisse une ouverture, en appelant le nouveau régime à « permettre » à l’opposition d’exister.
« Je voudrais lancer cet appel au régime de M. Ouattara: quand on est à la tête d’un Etat, on enlève sa veste (…) de président de parti politique et on évite d’instrumentaliser la justice », dit-il, dénonçant la traque des partisans de Laurent Gbagbo, des meurtres et des détentions arbitraires.
« En Côte d’Ivoire, on parle aujourd’hui de réconciliation. Tout le monde veut se réconcilier (…) Je pense qu’au delà des discours, des slogans, la réconciliation doit se traduire par des actes », estime-t-il.
« Tous les cadres qui ne sont pas originaires du Nord (région de M. Ouattara) ont été chassés », dénonce l’ancien leader estudiantin, qui craint l’installation d’une « administration tribale ».
Comme il l’a déjà fait à plusieurs reprises, il réclame la libération de Laurent Gbagbo et de ses proches, et affirme que les poursuites judiciaires à son encontre ne sont qu’un « prétexte » pour bâillonner l’opposition.
« La place de l’opposition n’est pas en prison, elle est sur le terrain », martèle-t-il.
Laurent Gbagbo a été arrêté le 11 avril après plus de quatre mois de crise née de son refus de reconnaître sa défaite à la présidentielle du 28 novembre 2010 face à Alassane Ouattara, et à l’issue de dix jours de guerre dans Abidjan. Il est actuellement en résidence surveillée dans le Nord, comme son épouse et 13 autres proches. Ils n’ont pas été inculpés pour l’heure.
Quelque 3.000 personnes ont trouvé la mort durant la crise, la pire de l’histoire du pays.
Enfin, Charles Blé Goudé s’inquiète de la tenue prochaine de législatives, dont la date n’a pas encore été fixée: « J’invite la communauté internationale à interpeller M. Ouattara pour que les conditions réelles d’élections équitables, justes et transparentes soient créées en Côte d’Ivoire avant que nous allions aux législatives ».