AMBASSADE DE FRANCE AU TOGO
Célébration du 14 juillet 2011 à Lomé
Discours de M. Dominique Renaux, Ambassadeur de France au Togo
Monsieur le Ministre d’Etat, Ministre des affaires étrangères et de la coopération,
Monsieur le Président de la Cour constitutionnelle
M. le Ministre d’Etat, Mesdames et Messieurs les Ministres,
Messieurs les anciens Premiers Ministres,
Mesdames et Messieurs les représentants des hautes autorités et institutions de la République
Mesdames et Messieurs les Parlementaires et représentants des Autorités civiles, militaires, religieuses et traditionnelles et des organisations politiques, professionnelles, syndicales, associatives, et des médias
Chers collègues du corps diplomatique et consulaire et représentants des organisations internationales
Chers compatriotes, chers invités,
Nous sommes très heureux, Nive et moi, de vous accueillir à nouveau en cette résidence aux côtés de M. Elliott OHIN, Ministre d’Etat, Ministre des affaires étrangères et de la coopération, représentant le Président Faure Essozimna Gnassingbé. Au nom de l’Ambassade de France et de ses membres, nous vous souhaitons la bienvenue en ce jour de Fête nationale.
1. Depuis le 14 juillet dernier, le monde a connu des développements qui ont surpris les plus blasés, catastrophes comme au Japon, difficultés financières de plusieurs pays, soulèvements dans le monde arabe qui se poursuivent en Libye et en Syrie, crise en Côte d’Ivoire, etc.. Dans ces dernières crises, la position constante de la France a été d’une part de se tourner vers les Nations-Unies pour fixer le cap et le cadre des interventions de la communauté internationale – il est préoccupant à cet égard que le Conseil de sécurité ne parvienne pas à prendre position sur la répression sanglante en Syrie – et d’autre part d’apporter une aide rapide à ces pays en transition démocratique. C’est ce qui a été fait au sommet de Deauville en faveur des pays arabes. La présence du Premier ministre François Fillon à Abidjan à partir de ce soir illustre bien le soutien de la France à la sortie de crise ivoirienne. Mon pays assume ses responsabilités internationales avec ses partenaires et alliés et dans le respect du droit ; il en paie tout le prix, nous l’avons encore vu hélas hier.
A côté des crises qui éclatent et peuvent surprendre, le monde est confronté à de grands défis qui sont eux connus : défis climatiques, défis du développement, défis d’un système financier et monétaire qui semble parfois échapper à tout contrôle. Nous avons la conviction que la mondialisation, qui est globalement bénéfique, doit être tempérée par une régulation, ce qui implique une gouvernance mondiale plus efficace. Avec l’aide de ses partenaires, la présidence française du G8 et du G20, sous l’impulsion du Président Sarkozy, entend progresser sur des questions comme la réforme du système monétaire international, le prix des matières premières ou encore la sûreté nucléaire ou l’émergence d’un Internet plus responsable.
Ces initiatives n’ont de sens que si elles recueillent un large consensus. Je dois à cet égard me féliciter, M. le Ministre d’Etat, des fortes convergences entre nos deux pays sur les affaires mondiales. Le Togo soutient ces initiatives françaises, notamment pour trouver de nouveaux financements pour le développement. Il a renforcé sa contribution au règlement des crises sur le continent et assumé toutes ses responsabilités en Côte d’Ivoire au sein de l’ONUCI. Il peut en être fier. Il affirme son rôle régional avec la présidence de l’UEMOA et postule à un siège au Conseil de sécurité. De plus en plus, M. le Ministre d’Etat, diplomates togolais et français seront amenés à travailler ensemble.
2. L’année passée a été celle du cinquantenaire des indépendances africaines, occasion de célébrer cinquante années de relations entre nos deux pays et de rappeler tout ce que la France doit à l’Afrique, tout ce qui la lie à l’Afrique. Loin de nous reposer sur nos lauriers, nous avons poursuivi la rénovation, la modernisation, de nos relations. Le Togo et la France ont ratifié leur nouvel accord de défense, qui ouvre une nouvelle page, diversifié leurs échanges, qui associent les hautes autorités politiques, je pense à la visite du Premier Ministre à Paris en mars dernier, mais aussi les parlementaires, les collectivités locales, la société civile…
Notre effort de coopération s’est renforcé dans les secteurs sociaux, où les besoins sont immenses, avec les interventions de l’AFD dans la santé, l’éducation et les infrastructures à Lomé.
De plus en plus notre coopération se veut proche des bénéficiaires : Fonds Social de Développement de l’Ambassade, appui au microcrédit de l’AFD, interventions sur le terrain de collectivités locales françaises, des ONG et des nombreux volontaires présents un peu partout. Elle donne aussi la priorité à la formation des cadres de demain dont le Togo a besoin pour son développement : étudiants, magistrats, fonctionnaires…
3. Au cours de l’année passée, le Togo a franchi une nouvelle étape avec l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative P.P.T.E et l’accès à des financements multilatéraux importants, en matière d’éducation ou de lutte contre le Sida. Au FMI ou au Club de Paris, la France a favorisé et accompagné ces évolutions et annulé la dette bilatérale togolaise. Le Togo sera à l’avenir mieux en mesure de financer la lutte contre la pauvreté et la relance des secteurs productifs.
Par contraste, certaines évolutions ont semblé marquer le pas. Chacun constate que le dialogue national sur les réformes politiques et constitutionnelles tarde à s’engager, faute sans doute de climat propice, faute de confiance suffisante. Toute voie pour nourrir la confiance, engager un débat serein, constructif, doit être explorée sans relâche.
Il convient ainsi que les courants politiques, les partis autorisés, puissent participer normalement au débat démocratique, au premier chef dans ce lieu privilégié qu’est le Parlement. Le respect des mandats parlementaires, le respect des équilibres parlementaires est d’autant plus important.
En matière électorale, l’Union européenne et ses Etats membres sont attachés à la mise en œuvre des recommandations des missions d’observation de 2007 et de 2010, qui nous semblent nécessaires pour instaurer un climat de confiance en vue des prochaines échéances, législatives ou locales.
Partout dans le monde, les opinions publiques, mieux informées que jamais, se montrent plus vigilantes, plus exigeantes à l’égard de leurs gouvernants. Des comportements du passé ne sont plus tolérés, nous le voyons chaque jour. Partout dans le monde, l’appel à l’effort, au redressement national, est d’autant mieux compris des populations qu’il s’accompagne de justice sociale, d’égalité face à la loi, de lutte contre l’impunité ou la corruption.
En ce jour qui célèbre la liberté, l’égalité et la fraternité, je forme le souhait que la culture et les espaces démocratiques aillent en s’élargissant au Togo, dans le respect mutuel, dans l’écoute et avec pragmatisme : « les idées, même vraies, deviennent fausses dès lors qu’on s’en contente », disait le philosophe Alain.
Soyez assuré, en toute hypothèse, que la France restera à vos côtés sur la voie de l’approfondissement démocratique, d’un état de droit effectif, sur la voie du pluralisme, de la réconciliation et du développement.
4. Au cours de l’année écoulée, des Français et des Togolais ont partagé les mêmes épreuves. Ce fut le cas de nos soldats en Côte d’Ivoire, de nos otages au Niger, dont certains ont été libérés (je salue la présence d’Alex Kodjo AHONADO), d’autres sont toujours captifs. Je voudrais en cet instant avoir une pensée pour Stéphane Frantz di Rippel, assassiné à Abidjan, que nous sommes nombreux à avoir connu et apprécié à Lomé. De par leurs liens si anciens, si divers, nos deux peuples sont souvent amenés à partager les joies comme les peines. C’est ce qui a rendu ma mission à Lomé, qui approche de son terme, si passionnante, si dense humainement.
A tous, Français vivant au Togo et attachés à ce pays et prenant part à son développement, qu’ils travaillent pour nos sociétés ou nos services publics, aux Togolais liés à la France par tant de liens familiaux, amicaux, par la langue, les études, la culture ou l’art de vivre, je souhaite plein succès. A tous ceux qui ont travaillé plusieurs années pour les services français au Togo et vont le quitter cet été, je dis merci pour le travail accompli. Les messages d’estime qu’ils reçoivent de leurs amis togolais sont pour eux la meilleure des récompenses. Merci aussi à tous ceux, de l’ambassade, de la résidence et de l’Institut français, qui ont assuré ensemble la préparation de cette cérémonie
Je vais maintenant, avec M. le Ministre d’Etat, porter un toast « Au Togo, à la France et à leurs peuples, bonheur et prospérité, et excellent 14 juillet à tous”.
source: anctogo
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