Les temps ont véritablement changé. Mercredi était le 13 janvier, une date passée inaperçue par les Togolais. La grande majorité, préoccupés par leur survie quotidienne, n’en se sont même pas souvenus. Les populations ont d’autres soucis beaucoup plus importants à gérer que de se remémorer des dates de l’histoire du pays. Avant la survenue de Covid-19, elles ne vivaient pas mieux. L’addiction s’est corsée pour elles qui portaient déjà en bandoulière la misère et la pauvreté au quotidien. Trouver de quoi se mettre sous la dent, est leur souci majeur. Et pourtant, c’était une date importante dans l’histoire du Togo, et particulièrement du Rassemblement du Peuple Togolais (RPT), l’ancien parti unique et de son ex-président.
Le 13 janvier marque deux évènements majeurs au royaume des Gnassingbé. C’est à cette date que le premier président du Togo et père de l’Indépendance, Sylvanus Olympio a été lâchement assassiné par des demi-soldes démobilisées de l’armée coloniale française, avec la bénédiction des colons. « Les jours qui ont suivi, le sergent Eyadema s’est vanté devant les reporters du Figaro, du Monde, de Paris Match et de Time Magazine d’avoir abattu le président de ses propres mains : « Je l’ai descendu parce qu’il ne voulait pas avancer». Avant de se rétracter des années plus années plus tard.
Le sergent Eyadema, devenu président du Togo en 1967, célébra avec flonflons 38 ans de règne durant, la date du 13 janvier qu’il avait transformée en fête nationale en lieu et place du 27 avril fête de l’Indépendance du Togo. Le 13 janvier était un jour férié, chômé et payé sur toute l’étendue du territoire « gnassional ». Lomé faisait sa toilette et se parait de ses plus habits. Un défilé militaire et civil grandiose est organisé que présidait personnellement le général Eyadema. Les mêmes parades étaient organisées dans toutes les préfectures. En plus, des multitudes de groupes folkloriques et d’animation débarquaient de l’intérieur du pays à Lomé pour agrémenter la fête. Le soir on faisait bombance jusqu’au lendemain. Et pour permettre aux fêtards de bien prendre un repos bien mérité, le 14 janvier était également férié. Ah la belle époque !
Pendant que Eyadema et les siens festoyaient et faisaient bonne chère, les partisans d’Ablodé, eux, se recueillaient en la mémoire de l’illustre président assassiné…
Source : Liberté N°3306 du 15-01-21