Une dictature ne s’appelle pas dictature pour rien. La nocivité ou la dangerosité d’une dictature comme celle incarnée aujourd’hui par Faure Gnassingbé au Togo ne se désagrège pas comme ça en un tour de passe passe. Comme s’il en était encore besoin, l’affaire qui oppose Fabrice Adjakly, dénommée « Pétrolegate » au bi-hebdomadaire «L’Alternative», vient, par la condamnation du journal et de notre confrère Ferdinand Ayité, malgré les preuves accablantes contre les Adjakly, de nous renvoyer au visage comme un miroir, la triste réalité de ce que c’est qu’une dictature, surtout celle que nous vivons au Togo, où seule l’évocation du mot Justice est une insulte au droit, à l’honneur et à la vie des citoyens.
Ils sont légion ces faits d’armes de ce régime viscéralement méchant contre le peuple togolais qui montrent à suffisance que personne ne peut plus, ne doit plus commettre l’erreur de lui faire confiance. Toutes les lois votées, toutes les promesses faites ne sont que guidées par la mauvaise foi et la ferme volonté de faire mal. Un gouvernement qui commande lui-même un audit aux inspecteurs des finances et du trésor. Ces derniers, dans leur travail, trouvent des preuves accablantes contre les délinquants épinglés depuis plusieurs mois par Ferdinand Ayité et sa rédaction; rédigent leur rapport dans lequel ils demandent la révocation du trio constitué par les Adjakly père et fils et l’actuel Coordonnateur général par intérim du Comité de suivi des fluctuations des prix des produits pétroliers (CSFPPP) Kondoh Komla Koffi, et leur mise à la disposition de la justice. La suite de l’affaire et la condamnation surprise du bi-hebdomadaire et de son directeur de publication n’étonnent que les naïfs qui ont oublié qu’ils vivent depuis un demi-siècle sous une dictature qui n’a pas d’égale sur le continent, et qui est animée, depuis le père jusqu’au fils par des pères et grands-pères de famille, civils comme militaires, sans foi ni loi.
Bienvenue à la République bananière appelée Togo où l’avocat du Ministère public, censé représenter l’intérêt de la collectivité, prend la place de l´avocat de la défense des Adjakly pour ridiculiser la défense du journal ayant pourtant en leur possession des dossiers accablants. Un juge qui ne serait pas au courant de l’audit confié aux inspecteurs des impôts par le gouvernement, qui fait à sa tête, fonce tête baissée et condamne presqu’à huis clos le Journal Alternative et son directeur de publication. Il faut avoir quelqu’un d’obscur autour du pouvoir qui tire les ficelles pour qu’un tel comportement soit possible. «Un complot sordide, nauséabond voire criminel, planifié par de ténébreux personnages dont les noms reviennent dans les dossiers pourris de notre rectangle, serait mis en branle pour faire la peau à notre confrère du journal l’Alternative.» écrit le journal Temps Nouveaux N°325 du 16 octobre 2020 Qui peut faire encore confiance à un pouvoir qui, pour briser l’élan de l’opposition, recourt à un plan criminel qui avait consisté à brûler les deux grands marchés de Kara et Lomé? De sinistres personnalités autour de Faure Gnassingbé, civiles comme militaires, clairement identifiés comme cerveaux de ces actes criminels, ne sont nullement inquiétées.
Comme nous le signalions dans le titre, aucune dictature ne détruit volontairement ses propres instruments de répression. Donner raison à l’Alternative dans l’affaire «Petrolegate» voudrait dire que la raison et le bon sens seraient revenus au sommet de l’État, alors que c’est très loin d’être le cas. Croire que nos magistrats, honteusement aplatis devant la dictature, diront enfin le droit, reviendrait à croire que tous les criminels militaires depuis 1990 jusqu’à ce jour seraient arrêtés et jugés; que Faure Gnassingbé accepterait toutes les conditions posées par l’opposition, en reconnaissant le caractère illégitime de son entêtement à rester en place et quitterait le pouvoir; que tous les crimes politiques, dont les derniers assassinats d’officiers supérieurs Madjoulba et Bataba, entre autres, seraient élucidés, les commanditaires identifiés et les familles dédommagées. Un rêve dont nous sommes éloignés, très éloignés. Il suffit de voir les actes hautement criminels que continue de poser ce régime d’un autre âge.
Le seul fait que Christian Trimua soit le Ministre des Droits de l’homme est une grande insulte au peuple togolais et surtout à la dignité humaine. Notre Ministre du piétinement des droits de l’homme était là quand de jeunes Togolais, originaires uniquement d’une certaine région de notre pays, sont arrêtés pour rien, présentés à la Télévision, emmenés dans des camps secrets et sauvagement soumis à la torture. Ces malheureux, victimes de cette fameuse affaire «Tiger Révolution» fabriquée de toutes pièces pour venir à bout des jeunes bouillants du PNP de Tikpi Atchadam, sont en train de mourir un à un sous les traîtements inhumains des militaires de Faure Gnassingbé. On compte déjà au moins 8 morts. La deuxième vague d’embastillés et clairement identifiés comme militants ou responsables du Parti National Panafricain (PNP) attendent dans la souffrance, depuis presqu’un an, qu’on les situe sur la raison de leur détention. Les responsables de la formation à l’emblème du Cheval appellent chaque semaine à leur libération et à la libération tout court de tous les prisonniers politiques. Et figurez-vous que le procureur et des magistrats ont instruit les dossiers vides de ces malheureux compatriotes qui sont en train de mourir! Figurez-vous que les Ministres de la Sécurité, des Droits de l’homme et les responsables de la CNDH sont au courant de ces mauvais traîtements d’êtres humains!
Tout ce qui précède nous prouve à suffisance, comme s’il en était encore besoin, que le Togo, dirigée dans la terreur par Faure Gnassingbé, est une dictature pour laquelle la vie humaine ne compte pas. Tout ceci nous montre qu’aucune justice au Togo ne dira le droit, parce que tout simplement il n’y a pas de justice. Ce qu’on appelle justice dans notre pays est un des instruments de répression comme l’armée, la police, l’administration politisée, sur lesquels repose le pouvoir absolu du RPT/UNIR. La négation du droit et la condamnation de Ferdinand Ayité et de son journal, malgré les preuves palpables, ne nous surprennent pas. Nommez-nous une seule dictature au monde qui a une fois scié, sans aucune contrainte, la branche sur laquelle elle est assise! Ce travail louable du Journal «Alternative» et de son Directeur de publication nous montre que nous sommes sur la bonne voie dans la lutte que nous menons pour nous libérer. Une dictature a tremblé devant un «petit» journaliste, et a dû recourir au mensonge, à son hypocrisie habituelle et à la raison du plus fort pour se tirer d´affaire. Encore plus de pression, encore plus de dénonciations et le géant au pied d´argile tombera!
Samari Tchadjobo
Allemagne
12/11/2020