« Les hommes sont si faux qu’ils ne valent pas la peine que nous poussions un soupir pour eux ! » (Paul de Kock)
Le malheur des uns fait le bonheur des autres. La crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19 qui ravage le monde est utilisée comme un filon juteux pour certaines personnes peu scrupuleuses dans nos pays pour réaliser de bonnes affaires. Surtout en ce qui concerne le test PCR, indispensable pour effectuer des voyages.
La crise du coronavirus rapporte énormément à ceux qui ont divorcé avec l’éthique, avec la morale. Tous les moyens sont bons pour réaliser de bonnes affaires. La corruption, l’escroquerie, l’arnaque ont fait leur lit et pris des proportions inquiétantes dans cette crise sanitaire, comme le souligne l’ONG Transparency International dans son dernier rapport publié le 28 janvier 2021.
« Durant la crise sanitaire, des actes de corruption ont été rapportés dans le monde entier et l’Afrique subsaharienne est malheureusement un terrain favorable à cette malveillance. Faux tests de dépistage PCR, faux médicaments, surfacturation de soins, détournement des aides alimentaires… Les exemples sont nombreux et montrent que la corruption n’a pas de limites et n’épargne pas les situations d’urgence », souligne l’organisation.
« Testez, testez, testez », tel est le mot d’ordre lancé en mars 2020 par le directeur de l’OMS face à l’aggravation de la pandémie de coronavirus. Tedros Adhanom Ghebreyesus appelait tous les pays à adopter une approche globale, car estimait-il, pour prévenir les infections et sauver des vies, le moyen le plus efficace est de briser les chaînes de transmission. « Pour cela, il faut dépister et isoler », avait insisté Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Sauf que le dépistage n’est pas gratuit. Pour enrayer la propagation du virus, les voyageurs sont tenus de présenter un test PCR négatif au Covid-19 avant l’embarquement, sous peine de se voir refouler par les compagnies aériennes. Seulement le précieux sésame n’est pas toujours facile à obtenir. En raison du coût très élevé du test PCR, des agents véreux manipulent les résultats pour obliger les voyageurs à payer cher ou proposent de faux tests PCR ressemblant à des vrais. Un compatriote de la diaspora qui est revenu au pays s’indignait d’avoir déboursé plus de 200.000 FCFA pour pouvoir retourner à l’étranger.
« Quand je suis revenu au pays, j’ai payé 40.000 FCFA pour le test de Coronavirus. Ceux qui ont des amis et connaissances passent par le salon VIP sans faire le test. Les dépistages sont devenus de véritables business. Après mon séjour au pays et avant de repartir, j’ai fait à nouveau le test. Trois jours plus tard, quelqu’un m’appelle au téléphone m’annonçant que mon test est positif. Un ami m’a conseillé d’aller refaire un nouveau test au consulat de France, mais on était au week-end et le consulat est fermé. Nous avons dû passer par beaucoup de personnes et in fine j’ai payé 200.000 FCFA et à ma grande surprise, on m’a fait un nouveau test qui est cette fois négatif et j’ai pu voyager », raconta-t-il.
Le site du gouvernement repubublicoftogo.com aussi rapportait en août dernier un cas similaire d’escroquerie au dépistage du Covid-19 où un passager, par miracle, est passé de positif à négatif. « Trois personnes travaillant pour une clinique privée à Lomé sont suspectées d’avoir délivré de faux résultats de tests PCR. Toute l’affaire est partie d’un voyageur testé positif à l’aéroport qui souhaitait se rendre à l’étranger. En échange de quelques billets, un résultat, cette fois négatif, a été délivré par la clinique », avait écrit le site.
Le recours au faux est devenu la norme. Où va le monde ?
Médard AMETEPE / Liberté N°3319 du 03-02-21