La chronologie des événements ne pouvait pas laisser penser à une coïncidence. A peine le forum de Lomé sur la paix et la sécurité fermait ses portes que Manssah groupe ouvrait les siennes, avec presque le même public.
Le discours des fondateurs peut être, à certains égards, louable. L’Afrique aux Africains, ne tendons plus la main, comptons sur notre potentiel car celui qui vient vers nous n’est pas un bon samaritain. Sur papier, le discours et bien.
Mais j’ai, comme toujours, trois observations.
La première est que les politiques des pays africains sont exécutées par des pouvoirs autonomes, dans chaque pays. Comment un groupe d’influence compte orienter ces politiques nationales ?
La seconde est que si beaucoup d’Etat africains dépendent du soutien extérieur, c’est souvent du fait de la pauvreté. 21 des 25 pays les plus pauvres au monde sont en Afrique. C’est même pour ces raisons que des pays comme le Mali et le Burkina, qui ont un discours hostile contre l’Occident, continuent à recevoir l’aide au développement et les aides budgétaires. Par quelle alchimie cette pauvreté va disparaître, sauf à réussir à développer le secteur tertiaire, en se basant sur une main d’œuvre qualifiée. Mais il faut même dans ce cas des investissements massifs dans l’éducation, la formation professionnelle et la recherche et développement. Certains pays n’ont pas d’autres choix que de solliciter des appuis budgétaires et des dons pour assurer la mise en œuvre de programmes de base comme la santé, les infrastructures, l’éducation, l’eau…
La troisième et que, de mon point de vue, il n’y a que l’Afrique francophone à se gargariser tous les dix ans de projets dits de panafricanisme, qui aboutissent sur du vide. Les anglophones sont plus pragmatiques et se concentrent plus sur le patriotisme. Quand les intérêts des politiciens sont en jeu, toutes les promesses panafricanistes disparaissent. Je rappelle que l’Union africaine est la plus grande organisation panafricaniste. Et son siège à Addis Abeba a été construit gratuitement par les Chinois. C’est de ça qu’il s’agit.
Bref, je me pose juste des questions. Si vous avez des réponses, je suis preneur. Que pensez-vous du lancement de ce groupe au Togo ?
Pour finir, je suis quand même surpris par le choix du Togo comme siège d’un tel groupe, dans un pays où les journalistes tirent tous le diable par la queue. Il y’a donc un tel potentiel dans le pays que mes amis patrons de presse ne saisissent pas?. Biabiayé !
Je souhaite bon vent à Manssah groupe. Ils vont forcément recruter certains Togolais dans leur entreprise et c’est le plus important pour moi.
Profitons des opportunités, vivants.
Gerry Taama