LA FRANCE ET APRÈS ? LE BOUC ÉMISSAIRE IDÉAL DES ENNEMIS DE L’INTÉRIEUR
Nous offrons aux lecteurs une série de réflexions autour du thème de “L’Afrique sous le signe de la régression ou les luttes trahies”, à partir des coups d’État militaires et du populisme manipulateur dont voici le premier élément.
La cascade des coups d’États militaires accompagnée des huées contre la France, est devenue une réalité du quotidien des pays africains sous la botte de la France.
Ces évènements sont vécus comme une vengeance, un défoulement des masses populaires spoliées par des forces politiques et économiques de prédation. L’ennemi est à l’intérieur et à l’extérieur. La France est à juste titre perçue comme le principal marionnettiste des régimes fantoches renversés ou encore en place. Mais la France est-elle plus coupable que les despotes kleptocrates et les élites opportunistes, corrompues et complices ?
La démagogie consiste à exonérer la cognée de la hache au détriment du manche. Les dirigeants dictateurs et autres faux démocrates sont-ils innocents ? Et les États-Unis auxquels la France est inféodée ? Et le Royaume uni ? Et l’Union européenne ? Et la Chine et la Russie ? Devons-nous oublier toutes ces puissances impérialistes dont la France est devenue le cache-sexe malodorant ? Dans les pays africains anglophones, les peuples sont aussi sinistrés. Au Ghana ou au Nigeria, les douaniers, les flics, les hôteliers et les commerçants exigent des voisins africains des francs CFA à la place du cedi et du naira. Quel désaveu de leur monnaie qui ne valent rien !
Et après le bouc émissaire ? Que faire ? Peu de gens sont focalisés sur l’après-bouc émissaire. C’est d’autant plus évident que les militaires putschistes sont arrivés au pouvoir les mains nues, sans aucun projet de développement. Ils vont s’y éterniser comme dans les années 1960-1990 et devenir des cauchemars à l’instar des civils qu’ils ont chassés.
Le pire, c’est dans la région du Sahel avec les djihadistes rétrogrades et manipulés. Les armées bidon formées par la France, ne sont capables de pas grand-chose. Fabriquées sur le modèle détestable des armées d’occupation coloniales, les indépendances de merde les ont écartées des véritables missions militaires pour en faire des instruments de répression des forces de résistance au despotisme et de gardiennes des luxueuses résidences des dignitaires civils et militaires. Elles ont excellé dans l’écrasement, le viol, la torture des peuples et les violations massives et répétées des droits humains avec lâcheté et un manque scandaleux du sens de l’honneur. Il suffit de lire tous les rapports des organisations des droits de l’homme sur ces États de pacotille pour être édifié. Étant perçues comme des ennemis des peuples qu’elles sont censées protéger, leur prise du pouvoir par des officiers complices des répressions et corrompus, est une opération d’opportunisme politique dont les dirigeants civils crapuleux ont fait les frais au profit des dirigeants militaires complices autour de la mangeoire.
Beaucoup d’Africains de bonne foi sont en train de se laisser égarer par la vague populiste ambiante. L’émotion n’est pas une analyse, elle n’est pas la vérité. Or il se fait que les évènements dramatiques que notre continent vit actuellement, requièrent de la part des élites intellectuelles des analyses qui invitent à la réflexion, qui recourent à la raison raisonnante. L’avenir se trace avec l’intelligence et non avec des vociférations à l’encontre de boucs émissaires. La désignation de boucs émissaires, partout et toujours dans l’histoire, est une ruse pour cacher aux peuples les vrais responsables des crises essentielles qui déchirent une société.
Avec le déchaînement du populisme à deux balles, les opportunistes responsables de la déconfiture du continent, sont en train de faire oublier à nos peuples tous les sacrifices inouïs qu’ils ont faits dans le sang, les privations de liberté, la terreur et la fuite vers l’étranger pour la libération, le développement, la démocratie et les droits des citoyens. Il s’agit d’une odieuse manipulation politique réussie dont les dirigeants civils et militaires se réjouissent autour de verres de champagne. “Tchin-tchin ! À notre longévité au pouvoir ! À notre richesse ! À notre impunité ! “, se souhaitent-ils avec cynisme dans leurs villas à air conditionné glacé. Nos peuples sont encore cocus. Le retour des régimes militaires est l’échec des classes politiques de pseudo-démocrates qui ont cru qu’ils pouvaient faire de la démocratie sans démocrates comme au temps des partis uniques. C’est de la même manière que nous avons vu des antidémocrates notoires des régimes à parti unique se recycler dans le mouvement démocratique des années 1990. Avec toutes les conséquences désastreuses que nous savons. L’Afrique tourne en rond.
Réveillons-nous avant que la situation n’empire ! Cessons d’être les dindons de la sinistre farce ! Nos ennemis de l’intérieur qui sont les plus dangereux, se moquent de notre aveuglement !
Ayayi Togoata APÉDO-AMAH