« Lorsqu’on emploie de trop de temps à voyager, on devient étranger enfin étranger en son pays » (René Descartes)
Depuis le déclenchement de la crise du Coronavirus, hormis le président de la transition du Mali Bah N’Daw qui a effectué une visite à Lomé pour des raisons qu’on sait, nous n’avons pas souvenance qu’un autre dirigeant se soit déplacé à Lomé. Cependant Faure Gnassingbé, lui, semble retrouver ses sensations. En bon globe-trotter, il ne se donne plus de répit et est à tout bout de champ dans les airs. A fond la mise en forme !
Gabon, RD Congo, Congo Brazzaville, Côte d’Ivoire, Guinée, Burkina Faso, etc. le jeune président togolais est par monts et par vaux. Il ne lâche plus ses valises et reste toujours prêt à partir. A fond la mise en forme !
La semaine dernière, il a assisté coup sur coup aux cérémonies d’investiture de ses pairs Alassane Ouattara et Alpha Condé pour leur troisième mandat controversé à Abidjan et Conakry. Le « jeune doyen » comme l’appelaient ses hôtes était l’invité de prestige, la guest-star à ces happenings haut-de-gamme.
Cette semaine, il a repris place dans le cockpit. Mardi 22 décembre, Faure Gnassingbé était à Niamey au Niger où il a été accueilli par son homologue Mahamadou Issoufou. Officiellement pour une « visite d’amitié et de travail». Les deux chefs d’Etat auraient évoqué des questions bilatérales et régionales. Le Niger est de plain-pied dans la campagne électorale pour la présidentielle du 27 décembre. Dans certains milieux, on trouve ce voyage de Faure Gnassingbé assez curieux.
Il a ensuite mis le cap sur le Burkina Faso où il s’est entretenu avec le président Roch Marc Christian Kaboré. Cette visite s’inscrirait dans le cadre de la consolidation des « relations bilatérales entre Lomé et Ouagadougou avec en toile de fond le commerce, le transport de marchandises à partir du port autonome de Lomé ».
Dans les tout prochains jours, le n°1 togolais devrait certainement s’envoler de nouveau à Ouagadougou ensuite à Accra pour assister à l’investiture de ses homologues. Ces périples viennent s’ajouter aux précédents effectués en Afrique Centrale, aux deux Congo et surtout au Gabon où il est très assidu. Le président togolais et son frère et pair Ali Bongo Ondimba ne se quittent plus. En pleine crise sanitaire, au moment où la pandémie était à son pic, Faure Gnassingbé n’hésitait pas à violer l’état d’urgence sanitaire qu’il a lui-même instauré pour se rendre à Libreville chez Ali Bongo qui, rappelons-le, avait été foudroyé il y a deux ans par un accident vasculaire cérébral dont il se remet mollement.
Même pour les pérégrinations dans la zone ouest-africaine, il faut rappeler que l’état d’urgence sanitaire est toujours en vigueur au Togo puisqu’en septembre dernier, la mesure avait été prorogée de six mois jusqu’en mars 2021. Mais comme dans notre pays, on ne respecte jamais la loi qu’on s’est prescrite, il n’est guère surprenant que Faure Gnassingbé viole allègrement ces mesures au profit de ses odyssées présidentielles.
Que peuvent cacher ces voyages incessants dans l’espace CEDEAO ? Nous rappelons juste qu’il y a quelques jours, des révélations ont été faites sur les relations assez particulières qu’entretient Faure Gnassingbé avec la junte au Mali à laquelle il avait apporté appui et conseils au lendemain du putsch. Tente-t-il de plaider la cause des putschistes maliens auprès de ses pairs de la sous-région ?
Médard AMETEPE
Source : Liberté