Des volontaires nationaux de l’éducation (VNE) en remplacement des enseignants volontaires (EV). La recette pour diminuer le nombre d’EV dans le domaine de l’éducation s’applique depuis quelques jours. Les directeurs régionaux de l’éducation ont reçu des instructions sur les recours aux enseignants volontaires qui sont progressivement remplacés par leurs pairs en provenance de l’Agence nationale du volontariat au Togo (ANVT). Dans deux ans, ces VNE deviendront à leur tour des EV. Le problème va donc demeurer.
Il l’a promis, il l’accomplit. Quelques jours après sa prise de fonction, le ministre des Enseignements primaire, secondaire, technique et de l’artisanat a annoncé des mesures dont celles visant à solutionner le problème des enseignants volontaires. Pour lui, le grand nombre d’enseignants volontaires est dû à la création anarchique d’écoles d’initiative locale par les associations des parents d’élèves. « Ce que nous vivons aujourd’hui avec les EV réveille la conscience de chacun d’entre nous. Et il s’agit d’une responsabilité partagée… L’une des mesures phares qui est en train d’être prise au niveau du ministère, c’est un gel provisoire de ces créations anarchiques d’établissements…Plus nous vivrons dans ce laisser-aller, plus la problématique des EV se posera toujours. En contrepartie le gouvernement doit prendre ses responsabilités et mener une politique ambitieuse de recrutement des enseignants », a-t-il estimé, le 22 octobre 2020, lors de la conférence de presse hebdomadaire de la Coordination nationale de gestion de la riposte au Covid-19 (CNGR).
Dans la même logique, les inspecteurs de l’éducation et les chefs d’établissements ont été interdits de procéder à de nouveaux recrutements d’enseignants volontaires sans avoir recours à l’autorisation formelle du ministère. Une décision qui a suscité de l’indignation au sein de la corporation. Pour sa part, l’Association nationale des enseignants volontaires du Togo (Anevoto) a indiqué que le problème émane plutôt du système de volontariat instauré dans le pays. « C’est l’ANVT (Agence nationale du volontariat au Togo, Ndlr) plutôt qui encourage le volontariat », a déclaré Florent Sondou, président de l’Anevoto.
Malheureusement, le problème des enseignants volontaires (EV) revient sur le tapis. Depuis quelques jours, une vague de licenciements d’EV s’observe dans les écoles. Et aussi curieux que cela puisse paraître, ces licenciements coïncident avec la publication, le 08 décembre 2020, d’une note du ministère portant « instruction sur les recours aux enseignants volontaires (EV) ». Le ministre Kokoroko y rappelle que par arrêté n°172/MEPSA/CAB/SG du 14 décembre 2011, l’arrêté n°181MEN-R/CAB du 07 mars 2000 autorisant les Associations des parents d’élèves (APE) à recruter des Enseignants volontaires au primaire public est abrogé. Et comme il l’a fait dans une précédente note, il interdit la reconduction des contrats liant les EV aux établissements scolaires. « L’amélioration de la qualité des enseignements/apprentissages étant au cœur des engagements du gouvernement, je vous informe que pour cette année scolaire 2020-2021, les enseignants volontaires qui interviennent dans vos établissements scolaires publics de l’enseignement secondaire doivent répondre à des besoins effectifs et bien justifiés. La tacite reconduction est proscrite », écrit-il, précisant les diplômes requis pour chaque niveau d’enseignement.
On peut y voir une volonté du gouvernement d’offrir le meilleur de l’éducation aux élèves, mais dans les faits, cette note est venue à un moment où elle ne devrait pas. En effet, la rentrée scolaire a été effective le 02 novembre 2020. Plus de six semaines après, les écoles ont stabilisé leurs emplois du temps et la répartition des heures de cours entre les enseignants. Ainsi, de nombreux EV ont été intégrés aux effectifs des établissements pour combler le déficit d’encadreurs. Certains de ces EV se retrouvent aujourd’hui au chômage, et de nombreux établissements scolaires ont été touchés, surtout dans les grandes villes. Le problème, c’est que ces EV qui, pour la plupart enseignent également dans le privé, ont rejeté des offres pour se mettre à la disposition des écoles publiques où les honoraires sont plus avantageux. En cette période de ralentissement de l’économie à cause de la Covid-19, point n’est besoin de rappeler l’impact économique de cette vague de licenciements.
Mais la solution que pensent imposer les autorités en charge de l’éducation porte en elle son problème. Et pour cause, les EV touchés par les licenciements sont remplacés par des Volontaires nationaux de l’éducation (VNE). La différence est que cette dernière catégorie relève de l’Agence nationale du volontariat au Togo (ANVT). Ils vivent la même précarité que leurs pairs EV et vont retourner à la case départ après deux années de services et devenir des EV eux aussi. « Ces personnes qui sont recrutées par l’ANVT signent un contrat de 2 ans à la fin duquel ils sont laissés à eux-mêmes ; ce qui augmente le nombre d’EV sur le terrain », avait expliqué le président de l’Anevoto. EV ou VNE, le calvaire se poursuit. La solution, comme le propose les organisations syndicales, c’est l’intégration des volontaires disposant des compétences dans la Fonction publique.
G.A. / Liberté