« Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots » (Martin Luther King)
Le Togo est une dictature, un Etat policier très peu respectueux des droits de l’Homme. Les hommes en calotte et godillots semblent disposer du droit de vie et de mort sur les populations. Le couvre-feu rime avec exactions, bastonnades, violences, brimades et abus de toutes sortes. Ayant la gâchette un peu trop facile, pour un oui ou pour un non, les forces de l’ordre et de sécurité chargées de veiller à la sécurité et à la protection de leurs frères et sœurs, bref des populations, n’hésitent pas à retourner souvent leurs armes contre eux. Justement à cause de leur folie meurtrière, le couvre-feu décrété par le gouvernement pour lutter contre la propagation du Covid-19 dans ces périodes de fête de fin d’année ne doit pas être assimilé par les éléments de la force mixte anti-pandémie à un permis de tuer.
Le gouvernement a pris un certain nombre de mesures restrictives dans le cadre des fêtes de fin d’année aux fins de limiter les risques de propagation du coronavirus : instauration du couvre-feu au Grand Lomé du 20 décembre 2020 au 03 janvier 2021, de 22 heures à 05 heures, interdiction de la consommation sur place dans les bars, interdiction de rassemblements de plus de 15 personnes, interdiction des évènements culturels et commerciaux, interdiction des pèlerinages et des camps de prières, etc. Le gouvernement appelle les populations à s’approprier ces dispositions et compte sur leur sens de responsabilité.
Le sens de responsabilité, les forces de l’ordre et de sécurité chargées de veiller au respect des mesures en ont besoin. Les mesures similaires prises en avril dernier au début du déclenchement de la pandémie ont été meurtrières à cause des exactions et bavures des hommes en tenue. Ils se sont déchainés sur les populations avec une rare violence : une demi-douzaine de personnes avaient été tuées dans le cadre du couvre-feu et plusieurs autres ont été blessées. Les exactions étaient telles que les Organisations de défense des droits de l’Homme étaient amenées à se demander si « les forces de sécurité étaient vraiment des forces de protection des citoyens ou des forces d’une cruauté indescriptible ».
Un jeune homme surpris au-delà de l’heure du couvre-feu avait été battu à mort au quartier Avedji à Lomé, les testicules écrasés. A Adakpamé, un autre, sorti pour ses besoins naturels, avait été battu à mort par les forces de l’ordre. Un conducteur de Zémidjan (taxi-moto) s’en était sorti avec le visage ensanglanté, les yeux bouffis et gorgés de sang. Une dame, la soixantaine qui s’était retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment, avait été sauvagement battue.
« Pourquoi tant de violences gratuites et sans raison ? Pourquoi une telle cruauté dans un pays qui n’est pas en guerre ? Pourquoi ce mépris répété des forces de l’ordre qui font régner la terreur comme si elles sont au-dessus de toutes les lois ? », s’étaient indignés les responsables de la Ligue togolaise des droits de l’Homme.
Les autorités en charge de la sécurité doivent éduquer leurs éléments pour éviter aux Togolais pendant ces périodes de fête, les horreurs qu’ils avaient vécues il y a quelques mois. Malgré la bonne volonté des populations, malgré toutes les précautions prises, certaines personnes peuvent être surprises par l’heure du couvre-feu. Il revient aux éléments de la force anti-pandémie de les éduquer ou simplement les verbaliser comme ça se fait dans les pays civilisés. Mais bastonner ses propres frères et sœurs jusqu’à la mort, est intolérable. « Plus jamais ça sur la Terre de nos aïeux ! »
Médard AMETEPE
Source : Liberté