Après avoir mis fin à « l’Union sacrée de la nation » qu’il avait créée avec son prédécesseur Joseph Kabila lors de l’élection présidentielle de 2018, Félix Tshisekedi veut maintenant mettre les bouchées double : trouver au sein du parlement une majorité qui lui soit favorable afin de se donner davantage de marge de manœuvre pour la suite de son mandat. Mission quasi impossible, d’autant qu’il lui faudra révoquer son Premier ministre Sylvestre Ilunga, pro-Kabila s’il en est. Or la constitution ne lui permet pas de s’offrir ce luxe. Qu’à cela ne tienne, »Fatshi » a rencontré ses principaux alliés Jean-Pierre Bemba du MLC et Moïse Katumbi d’Ensemble pour la République, auxquels s’est joint Jean-Marc Kabund, le président intérimaire de l’UDPS.
Des discussions, il ressort que Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi ont évoqué la nécessité d’inscrire une nouvelle union sacrée de la nation dans les besoins et les problématiques du quotidien des Congolais. Ils disent vouloir en finir avec la persistance de l’insécurité et les tueries dans l’Est du pays, les violations de l’intégrité du territoire. L’économie, la gratuité de l’enseignement qui connaît une application difficile, la santé, l’alimentation, l’accès à l’eau et l’électricité, etc. sont autant de dossiers qui parlent à ces deux hommes qui, on le voit bien, veulent mettre l’intérêt de leurs populations avant les leurs. D’autres acteurs vont plus loin : s’il faut-il parler de réconciliation et de consolidation de la cohésion nationale, un proche de Moïse Katumbi dit carrément attendre le rapatriement des dépouilles du président Mobutu et du premier ministre Tshombe.
Certes, tout cela n’est qu’à l’état embryonnaire, mais le président congolais semble assez motivé pour mettre en musique ces propositions qui sont dans ses cordes. Avec la volonté, Félix Tshisekedi trouve de nouvelles alliances pour être à la hauteur de son statut de chef d’Etat élu pour répondre aux besoins des citoyens. On ne voit pas pourquoi Faure Gnassingbé ne peut pas agir de même, lui qui est capable d’enfin rassembler les Togolais aujourd’hui plus divisés que jamais.
Depuis l’élection présidentielle de février 2020, il y a eu comme un sentiment de blocage qui, à l’instar d’une chape de plomb, n’a de cesse de freiner les projets gouvernementaux, quelque grandioses qu’ils paraissent. Les rivalités entre pouvoir et opposition ont nui aux pauvres populations qui n’ont que faire de ces bisbilles. Si réconciliation nationale telle que souhaitée par Faure Gnassingbé il doit y avoir, celui-ci doit être à même de travailler à rendre leur liberté aux opposants toujours détenus en prison, tandis que d’autres ne bénéficient pas de leur liberté de manifester, droit inaliénable pour tout citoyen. Pourquoi ne pas mettre de côté les dissensions pour enfin penser aux réels besoins des populations ?
Faure peut s’inspirer de la méthode Tshisekedi en libérant d’abord les prisonniers politiques, ensuite mettre en place un cadre devant déboucher sur la cohésion nationale, la vraie. Autrement, on ferait du surplace.
Source : Le Correcteur