Maigre victoire, le journaliste d’investigation Pape Alé Niang, directeur du site Dakar Matin, a été libéré le 1à janvier au bout de deux mois d’incarcération. Mais sous un régime strict de liberté provisoire, et au prix d’une grève de la faim qui a mis en danger sa santé…Motif : avoir publié des informations confidentielles sur le « dispositif de sécurité » entourant la comparution de l’opposant Ousmane Sonko, accusé de viol alors qu’il songe à se présenter à la présidentielle.
Le Monde-(13/1) en profite pour faire un tour d’horizon du sort des journalistes d’investigation en Afrique de l’Ouest. A la tête du bihebdomadaire « L’Alternative », à Lomé, le Togolais Ferdinand Ayite craint de se faire empoisonner. Il faut dire qu’il a révélé, en 2020 le détournement de 764 millions d’euros par deux fonctionnaires qui ont cependant réussi à le faire condamner en diffamation à 9 100 euros d’amende, malgré la confirmation des faits par un audit gouvernemental ! en 2021, son confrère Joël Vignon Egah, avec qui il a été emprisonné trois semaines pour avoir critiqué deux ministres, a été retrouvé mort deux mois après sa libération.
Harcelé par l’Etat et le fisc, le Nigérien Moussa Aksar, patron de « L’évènement », qui avait notamment osé tenir tête à Kadhafi, se dit « abonné à la police judiciaire » et, asséché financièrement, a du se mettre aux travaux des champs : « Je cultive des mangues et j’élève des vaches pour payer mes pigistes. » Le Malien Malick Konate a eu droit à deux descentes de soldats, après avoir tourné pour BFM des images attestant la présence du groupe Wagner dans son pays. Il a dû s’exiler depuis dans un pays tenu secret. La journaliste burkinabée Sandrine Sawadogo, de « L’Economiste du Faso », se voit interdire certaines zones du pays touchées par le terrorisme.
Au nom de la sécurité nationale, et, en tant que femme, ne se risque plus à enquêter seule…
La liberté de la presse éclairant le monde a encore une sacrée marge de progression.
D.F.
Le Canard enchainé