Depuis ce 10 septembre,ont débuté des audiences foraines en vue de la délivrance des certificats de nationalité aux citoyens. Cette opération spéciale qui se déroulera dans les Chefs-lieux des 5 régions ne prend en compte que les conducteurs de moto. Ces derniers en ont naturellement besoin pour compléter leur dossier en vue de l’obtention du permis de conduire catégorie A. Cette campagne bien que louable ne comble manifestement pas les attentes des populations. Au Parti des Togolais-qui a fait de ce sujet son cheval de bataille-, c’est un sentiment d’insatisfaction qui domine. Son président Nathaniel Olympio, au-delà des griefs, formule des propositions au gouvernement pour que la mesure soit bénéfique à une large partie des compatriotes.
La Direction du service des nationalités et la Délégation à l’organisation du secteur informel (DOSI) sont les initiateurs des audiences foraines d’établissement des certificats de nationalité. L’objectif poursuivi est d’accompagner la mesure du gouvernement rendant obligatoire la détention du permis de conduire catégorie A aux conducteurs de moto. Seulement, cette opération parait insignifiante au regard des besoins sur le terrain.
Il est établi que la majorité des Togolais sont des « sans-papiers ». Le rapport de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) suite à l’audit du fichier électoral en 2015 indique que plus de 75% des Togolais n’ont pas d’acte de naissance. Ceux qui ne disposent pas de carte nationale d’identité sont estimés à plus de 85% de la population. Ces chiffres qui font froid dans le dos justifient le combat du Parti des Togolais qui veut que tout soit mis en œuvre pour que les citoyens togolais soient dotés d’actes d’identité. Son leader déplore d’ailleurs la manière dont les choses se font. « On ne peut pas conduire une telle opération avec légèreté. Le besoin est significatif et c’est regrettable qu’on ait ciblé seulement une seule couche », relève l’homme politique qui déplore d’ailleurs le manque de communication autour de la campagne.
Pour Nathaniel Olympio, il y a nécessité pour que l’Etat reprenne les choses en main pour donner un caractère plus sérieux et inclusif. « Il va falloir que l’Etat depuis le haut sommet se réapproprie cette campagne. Ainsi, il reviendra aux deux ministères qui sont consternés à savoir, celui de la Justice et de l’Administration territoriale de conduire le processus. Aussi, pour la réussite d’une telle campagne, faudra-t-il mener une véritable communication. Il s’agit en pratique d’impliquer tous les canaux possibles pour atteindre les populations. J’ai l’impression que ce qui se fait actuellement se mène en catimini car à part quelques flyers partagés sur les réseaux sociaux, on ne sent rien. Il y a les radios, les télés, la presse traditionnelle, entre autres, à associer. La communication est capitale pour toucher le maximum de personnes », a-t-il proposé.
Le président du Parti des Togolais suggère également que les pièces délivrées aux citoyens à travers ces audiences foraines le soient gratuitement. « L’Etat doit décider de la gratuité des actes délivrés lors de ces audiences foraines. Déjà les gens vivent dans une précarité, et s’il faille qu’ils déboursent encore au moins 7500 F CFA pour avoir ces pièces, je pense que ce n’est pas encourageant et cela risque de démotiver plus d’un », explique-t-il. Pour lui, le délai accordé à la campagne doit être conséquent.
Le Parti des Togolais ne se cantonne guère sur la dénonciation. Il a entrepris un certain nombre d’initiatives pour amener le pouvoir de Lomé à répondre favorablement à sa requête. A part les actions présentes (lobbying auprès des institutions européennes, conférences de presse etc), le parti, à travers son président, a adressé un courrier aux ministres concernés, aux groupes parlementaires, à la présidente de l’Assemblée nationale, apprend-on.
Dans un des courriers, le président du Parti des Togolais revient sur toutes les opportunités dont ne bénéficient pas les compatriotes qui ne disposent pas de pièces d’identité, ce qui constitue d’ailleurs un droit fondamental pour eux. Il n’a pas non plus occulté dans le courrier les conséquences de cette situation sur les plans social, économique et sécuritaire. « Nous voudrions appeler le gouvernement à prendre en urgence la mesure de ce problème et à organiser rapidement des audiences foraines sur toute l’étendue du territoire, afin de délivrer un jugement supplétif d’acte de naissance puis établir un certificat de nationalité et une carte nationale d’identité à la population », plaide-t-il dans sa lettre.
Shalom A
source : Liberté