Le Togo est en rupture de carburant. La situation serait liée à la fermeture des frontières nigérianes depuis le 20 août 2019. Certains concluent qu’une partie du carburant vendu dans les stations proviendrait aussi de la contrebande.
La pénurie d’essence se fait de plus en plus forte au Togo. Depuis le début de la semaine, les stations service tombent les unes après les autres en rupture de carburant. Trois jours après, les pannes atteignent toutes les stations. « Nous sommes en rupture », « Il n’y a pas de carburant », « Rien dans la pompe ». Telles sont les réponses que donnent les pompistes aux usagers.
Chez les vendeurs de carburant de contrebande aussi, la pénurie se fait ressentir. Les prix ont également flambé, atteignant parfois le double des prix fixés à la pompe. Une situation qui n’est pas sans conséquence sur le tarif des transports qui ont subitement grimpé, surtout chez les motos-taxis. « Pour les distances qui sont couvertes par un tarif de 200 FCFA, les motos-taxi exigent entre 250 et 300 FCFA. Si la situation n’évolue pas positivement, il nous sera très difficile d’effectuer certains déplacements en ville », alerte un compatriote.
Dès les premières heures, les consommateurs ont commencé par se poser de multiples questions. Habitués aux augmentations impromptues des prix des produits pétroliers, beaucoup ont vu dans cette pénurie les signes précurseurs d’une prochaine hausse. Mais cela n’est pas encore le cas, et tout porte à croire qu’aucune augmentation n’est en vue.
Pourquoi donc cette pénurie ? Si certains ont mis du temps à comprendre la situation, d’autres ont très vite fait le lien entre la fermeture des frontières entre le Nigeria et le Bénin et la rareté du carburant au Togo. En réalité, une grande partie sinon la quasi-totalité du carburant de contrebande commercialisé au Togo provient du géant anglophone de l’Afrique de l’Ouest. Le carburant transite du Nigeria via le Bénin avant d’atteindre le consommateur togolais. On peut comprendre aisément pourquoi les vendeurs de carburant de contrebande ont du mal à satisfaire la demande.
Mais, chose curieuse, la situation est plus alarmante dans les stations service. T-Oil, MRS, OANDO, SANOL, SOMAYAF et même le géant français TOTAL sont en rupture de carburant. La Société togolaise d’entreposage (STE) est-elle aussi en rupture de stock ? Une partie importante du carburant servi par les stations provient-elle de la contrebande ? Difficile de répondre par la négative quand on sait que certaines sociétés de vente de carburant s’approvisionnent sur le marché noir. TOTAL aussi ? Dans tous les cas, la probité de ses stations fait débat. « Cette soudaine pénurie de carburant nous montre que les sociétés du secteur sont peut-être dans des trafics illicites, même si dans les faits, la répression ne touche que les vendeurs de carburant de contrebande qui sont souvent poursuivis comme du gibier par les forces de l’ordre », souligne un consommateur.
Pour rappel, le Nigeria a fermé ses frontières avec le Bénin depuis le 20 août 2019. Officiellement, il s’agit d’une mesure motivée par les activités massives de contrebande, notamment de riz, opérées sur ce corridor. Ce trafic est présenté comme une menace pour la politique d’autosuffisance alimentaire mise en place par le gouvernement nigérian.
G.A.
source : Liberté