La collaboration de l’Union des forces de changement (Ufc) avec le pouvoir RPT reconverti en UNIR depuis avril 2012, aurait été la plus triste, mais en même temps la plus scandaleuse qu’a connue le Togo. La participation de la Convention démocratique des peuples africains (Cdpa), du Comité d’action pour le renouveau (Car) et bien d’autres partis de l’opposition aux divers gouvernements de Faure Gnassingbé n’a pas été aussi catastrophique comme on le remarque aujourd’hui avec l’Ufc de Gilchrist Olympio. Et dire que c’était cet homme qui traitait ses camarades de « traîtres » ou de « vendus », comme il aimait à les appeler, les accusant de servir de béquilles pour le régime. Comment comprendre aujourd’hui que le parti « jaune » fasse pire que ce qu’on avait connu avec ces partis qui voulaient seulement « manger un peu » ?
Gilchrist Olympio et son parti sont en passe de réinscrire le Togo au rang des pays peu fréquentables, surtout avec leur caution aux nombreuses violations des textes qui régissent le pays. Des observateurs n’hésitent pas à dire que c’est ce parti qui est l’initiateur de la dynamique destructrice des institutions de la République, tout en prenant soin de s’assurer de la couverture du pouvoir RPT/UNIR qui, fort du soutien de la force répressive, marche sur toutes les manifestations populaires. Des déboires préjudiciables à la jeune démocratie togolaise, orchestrés par l’Ufc, on peut en retenir principalement trois qui font la honte de ce pays qui avait à peine commencé à avoir de l’audience auprès de la communauté internationale.
« Selon les informations que nous avons eues, c’est Gilchrist Olympio qui aurait ordonné que les députés Anc ne retournent pas à l’Assemblée nationale », a indiqué Me Zeus Ajavon lors du meeting du samedi 16 février dernier. Ainsi, le premier acte posé par l’opposant préhistorique après son ralliement à la mangeoire décrié par les Togolais, surtout ceux qui avaient tout perdu en le suivant, c’est d’ordonner le renvoi des députés Ufc qui ont refusé de le suivre dans son aventure périlleuse, en se rangeant du côté de Jean-Pierre Fabre qui a créé l’Anc. Inutile de revenir ici sur les nombreuses contorsions juridiques qui ont été à la base de ces « togolaiseries » qui ont jeté du discrédit sur le pays. La décision de l’Union Interparlementaire (UIP) et l’arrêt de la Cour de Justice de la CEDEAO qui ont demandé la réintégration et le dédommagement des députés, n’ont pas été considérés.
Ce coup réussi, Gilchrist Olympio et son parti ont donc les mains libres pour mettre en marche leur plan mafieux en complicité avec le régime Faure Gnassingbé, refuser les réformes constitutionnelles et institutionnelles. En effet, au moment l’opinion nationale et internationale interpelle le pouvoir pour réaliser les réformes, l’Ufc qui se dit parti de l’opposition au pouvoir, crie sur tous les toits qu’il faut aller prioritairement aux élections. Le parti se fait coopter dans une Ceni controversée, où les signes de mascarade électorale sont bien visibles. Tout porte à croire que l’Ufc ne veut plus voir aujourd’hui un autre parti à la prochaine Assemblée nationale à part le RPT/UNIR et elle. Il lui faut donc encourager toutes les manipulations et contorsions puériles des lois de la République entreprises par le pouvoir pour se maintenir aux affaires. D’aucuns voient derrière les arrestations des leaders de l’opposition, du Collectif « Sauvons le Togo » surtout, la main du parti de Gilchrist. Tout est ficelé pour décapiter ce grand mouvement, mettre en déroute les partis de l’opposition crédible et ainsi permettre à l’Ufc et son allié de disposer d’assez de députés au prochain parlement pour continuer de piétiner les lois. C’est pourquoi au moment où les leaders sont en train d’être arbitrairement arrêtés pour les incendies des marchés dont les Togolais connaissent les auteurs, où la communauté internationale fustige la manière cavalière dont le pouvoir conduit le processus électoral et l’appelle à organiser un dialogue franc, sincère et inclusif, l’UFC, elle, se met en campagne et demande aux populations d’aller voter pour le parti à ces élections dont on ne connaît même pas encore la date d’organisation.
L’autre forfaiture que commet ce parti aux côtés de Faure Gnassingbé et qui fait couler de l’encre reste la loi liberticide donnant plein pouvoir à la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac). Djimon Oré, le ministre de la Communication, le protégé de Gilchrist Olympio ne fait qu’exécuter le plan du pouvoir qui consiste à museler la presse critique, celle qui a rendu d’énormes services à cet inconnu devenu ministre. Aujourd’hui, c’est toute la presse privée togolaise soutenue par des organisations internationales de défense des journalistes, qui s’élève contre la loi liberticide dont le projet a été introduit à l’Assemblée nationale par un ministre Ufc. Nombre d’observateurs s’étonnent de l’acharnement de ce parti qui, hier, ne pouvait se faire entendre que grâce à cette presse qu’il tente de museler aujourd’hui. On voit là à quel point le pouvoir peut parfois rendre fous certains individus à qui on en confie une parcelle.
Il est clair aujourd’hui que l’Ufc ne peut rien apporter aux Togolais dans son aventure avec le pouvoir. Ce n’est d’ailleurs plus un parti de l’opposition. « On ne peut pas être dans l’opposition et en même temps au pouvoir », a déclaré un constitutionnaliste. Gilchrist Olympio et son parti constituent une menace sérieuse pour la démocratie togolaise. On est tenté aujourd’hui de donner raison à l’autre « perroquet » du régime qui ne cessait de traiter cet opposant d’« inconstant » et d’« amnésique ». Dans tous les cas, l’histoire retiendra chaque acte qu’aurait posé chaque Togolais.
K. I.
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