Mes chers compatriotes, Togolaises et Togolais
L’année 2010 si riche en événements qui ont scandé la vie de la société togolaise, s’éteint lentement en laissant la place à de réelles lueurs d’espoir pour un possible dénouement de crise dont l’année 2011 pourrait nous gratifier.
La période particulière des fêtes de fin d’année, est un moment privilégié de célébration de paix et de concorde en famille, même si la grande majorité de nos compatriotes est contrainte de réaliser des prouesses pour faire entrer un peu de joie dans les foyers. Dans des circonstances difficiles, il est tout à votre honneur d’avoir gardé intacte votre foi dans l’espérance qu’il est possible de changer le cours de nos vies et d’améliorer la situation de millions de nos compatriotes. En particulier les plus touchés par les difficultés d’une vie toujours plus dure.
De la gestion de l’attaque de Cabinda où deux de nos ambassadeurs au sein des Eperviers périrent tandis que d’autres sont handicapés à vie, en passant par les violences meurtrières sur de paisibles citoyens aux mains nues dans le cadre des luttes sociales qui ont fait plusieurs victimes civiles, par l’arbitraire des coups de force politico-juridiques, par les submersions à répétition qui ont accentué la précarité de nombre de nos compatriotes, abandonnés à leur triste sort, le Pouvoir en place a montré les limites de ses ambitions pour une société de confiance dans un Togo démocratique et prospère. A tous les cris de détresse, il est resté de marbre et pire, il n’a rien fait pour alléger les souffrances de la plupart de nos compatriotes confrontés à une pauvreté déshumanisante.
Plus que beaucoup d’autres dans l’histoire de notre jeune pays indépendant, l’année qui s’achève aura été celle des paradoxes. L’espoir d’une véritable alternance politique, a soulevé l’enthousiasme du peuple Togolais convaincu que la perspective de changements réels et palpables était à portée de sa main. Mais cet espoir s’est heurté à l’intransigeance d’un pouvoir politique prêt à toutes les compromissions pour garder sa mainmise sur les affaires de l’Etat, et au mur de l’indifférence d’une Communauté internationale devant ses légitimes protestations pour faire triompher la vérité des urnes et des comptes publics.
Le dialogue politique franc et sincère qui aurait dû avoir lieu entre les fils de notre pays, en vue la refondation démocratique de la République, pour une société de confiance et de prospérité partagée, n’a pu avoir lieu malgré les propositions pertinentes des états-majors des partis politiques. Quant au dialogue social, il reste inexistant. Nous avons vu en effet, au cours de cette année 2010, que pour la première fois depuis bien longtemps, les luttes sociales pour revendiquer de meilleures conditions de vie, pour lutter contre la vie chère et exiger de véritables revalorisations de revenus, sont venues à plusieurs reprises se superposer à la lutte politique pour un vrai changement de gouvernance !
C’est bien l’illustration que de graves problèmes récurrents de gouvernance entravent aujourd’hui durablement le développement du Togo, même si le pouvoir politique privé de tout soutien populaire feint de les ignorer. Le pouvoir est de plus en plus empêtré dans ses propres contradictions, notamment dans la mesure où n’ayant pas gagné le pouvoir dans les urnes, il ne peut solliciter une adhésion massive de ceux qui lui ont refusé leur confiance, pour soutenir les réformes qui seraient nécessaires pour engager notre pays sur la voie du développement.
Le résultat est que cinquante années après notre indépendance, nous sommes dans une misère politique et matérielle qui préoccupe et nous interpelle avec gravité quant à l’avenir de notre pays.
OBUTS sera toujours là du côté du peuple pour défendre résolument son exigence de bien être quotidien et les valeurs qui fondent la démocratie et la prospérité partagée. Jamais OBUTS ne laissera orphelins tous ceux qui sont convaincus que l’avenir du Togo est avant tout entre les mains de son Peuple, et dépend de la volonté de tous ses enfants d’aller de l’avant. Il urge donc que nous transformions maintenant l’essai de la mobilisation citoyenne qui a prévalu jusqu’ici, en une force d’union qui soit capable de jeter durablement les bases d’une société au sein de laquelle « l’intérêt général primera sur la volonté d’une minorité jouissant d’un pouvoir illégitime » !
Le seul moyen de priver le pouvoir en place de sa capacité de nuisance sociétale, c’est d’élargir considérablement le champ de la démocratie et de la liberté dans toutes ses composantes. Une solution qui se limiterait à des mesures de ravaudage, sans réellement transformer en profondeur le système de gouvernance, ne serait pas viable. En dehors d’une solution largement consensuelle qui place la démocratie au cœur de toutes les réformes, il n’est pas possible de sortir le Togo de la crise globale dans laquelle il s’est durablement enraciné.
En cette période propice au recueillement, je veux rendre hommage à tous ceux – soit victimes collatérales des luttes politiques et sociales menées tout au long de cette année, arbitrairement arrêtés et détenus, pour des motifs fallacieux – qui ont passé Noël en prison, et dont nous devons affirmer encore plus fort l’exigence de leur libération. Nos pensées vont également à notre compatriote retenu avec ses collègues français et malgache, au Mali depuis cent cinq jours par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Je souhaite que tout soit mis en œuvre pour leur libération.
Mon Vœu le plus ardent est qu’il ne doit plus y avoir de prisonnier politique au Togo ! Tous ceux qui défendent les libertés, politique, économique ou d’expression, luttent pour tracer le chemin du progrès en ouvrant grandes les portes de la délivrance, doivent pouvoir exercer leurs droits prévus par la déclaration universelle des droits de l’homme et la loi fondamentale de notre pays.
Ce qui est essentiel aujourd’hui, est la conviction qui anime la majorité de nos compatriotes qui ont la certitude que le changement et l’alternance pour lesquels ils se sont tant sacrifié seront au rendez vous plus tôt que les thuriféraires du régime ne l’imaginent. Mes chers compatriotes, Togolaises et Togolais, Malgré les apparences, il est encore possible de changer les règles du jeu politicien. La possibilité reste ouverte d’amener l’ensemble des protagonistes à s’assoir à la même table pour trouver la solution idoine à nos problèmes. Les forces qui aspirent au progrès sont en lutte depuis neuf mois pour faire émerger la vérité des urnes et des comptes publics. Elles constituent un socle très solide pour jeter les bases d’une solution durable !
C’est dans l’union politique sur des bases contractuelles et consensuelles de gouvernance, claires, transparentes, très largement rendues publiques que réside demain la solution de sortie de crise à laquelle aspire la grande majorité des togolais. C’est la seule alternative possible !
Au terme de la première décennie du 21e siècle, je forme le vœu, à l’adresse de l’ensemble de tous mes compatriotes sans aucune exception, que cette deuxième décennie de notre siècle s’ouvre sur une année 2011 qui nous permette enfin, après tant d’années d’attente et de sacrifices consentis, de voir s’ouvrir la perspective d’une solution consensuelle de sortie de crise, dans les plus grandes clarté et transparence.
Je formule le vœu de Paix et de prospérité partagée à l’Humanité tout entière, spécialement à nos sœurs et frères de la Côte d’ivoire dans le désarroi et la souffrance, et dont nombre d’entre eux ont pris le chemin de l’exil. Puisse l’Agenda de la Paix et de la Prospérité Partagée (AP3) que nous proposons, ouvrir à l’Afrique, en cette deuxième décennie du 21e siècle, le chemin de son véritable décollage pour un développement harmonieux de notre continent !
Je vous souhaite à toutes et à tous une bonne et heureuse année 2011, qu’elle voie toutes vos aspirations individuelles et nos espérances communes s’accomplir pleinement !
Que Dieu nous bénisse !
Vive la Démocratie et vive le Togo !
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