Dans une lettre ouverte en date du 15 décembre 2020, le Syndicat de l’enseignement supérieur du Togo (SEST) déplorait les comportements aux allures dictatoriales des autorités universités. Cette affirmation se confirme par les derniers développements intervenus dans les relations entre enseignants-chercheurs et les autorités universitaires. 6 enseignants-chercheurs sont menacés de licenciement par Dodzi Kokoroko, président de l’Université de Lomé.
Il nous souvient que le 20 novembre 2020, les enseignants-chercheurs de l’Université de Lomé avaient tenu une assemblée générale dans des conditions particulières, sous la menace de bastonnade des éléments du Corps de la police universitaire. A cette rencontre, la décision a été prise de cesser toutes activités académiques et pédagogiques, jusqu’à la satisfaction totale des revendications. Une note a été ensuite envoyée au ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche l’information de la décision ainsi qu’une ampliation à la présidence de l’Université de Lomé.
Dans la note, le Collectif des enseignants-chercheurs de l’université de Lomé déclarait avoir constaté qu’aucun relèvement indiciaire des salaires des enseignants-chercheurs des universités publiques du Togo n’a été effectif alors que d’autres fonctionnaires togolais jouissent de ce droit depuis le 1er janvier 2020. « Il a été constaté que l’engagement du gouvernement à solder le reliquat des accords de 2011 n’a pas été entièrement respecté jusqu’à ce jour », a-t-il ajouté.
La correspondance adressée au ministre a été signée par six enseignants-chercheurs issus d’autant de spécialités. Pour avoir signé cette lettre, ces universitaires sont menacés de licenciement par le président de l’Université de Lomé et ministre des Enseignements, Dodzi Kokoroko. Près d’un mois après l’assemblée générale du 20 novembre, ils ont reçu des lettres dont les termes ne cachent pas la volonté du signataire de les licencier. Et pourtant, l’Université de Lomé n’était pas le destinataire de la lettre annonçant la cessation des activités académiques et pédagogiques. « Vous avez été cosignataire, au nom d’un certain collectif d’enseignants-chercheurs, d’une lettre datée du 20 novembre 2020, par laquelle vous saisissez officiellement, par ampliation, la présidence de l’Université de Lomé, de la suspension immédiate de votre participation à toutes les activités académiques et pédagogiques. Je voudrais vous informer que l’Université de Lomé a pris acte de votre décision dont elle tirera toutes les conséquences », a écrit Dodzi Kokoroko, le 18 décembre 2020.
La menace était à peine voilée, et pour montrer qu’il était déterminé à mettre à exécution ses menaces, le président de l’Université de Lomé publie un avis de recrutement, le même jour. « Le président de l’université de Lomé, agissant conformément aux dispositions de l’article 39 de la loi N°2000-016 du 1er septembre 2000 portant statut spécial du personnel enseignant de l’enseignement supérieur du Togo, lance un appel à manifestation d’intérêt pour la constitution d’un vivier de candidats. Cet appel a pour but de créer une base de données en vue de répondre efficacement aux besoins spécifiques en matière de recrutement d’enseignants-chercheurs au profit des différents établissements (facultés, écoles et instituts) », lit-on dans l’avis de recrutement.
Les dérapages et errements se poursuivent donc à l’Université de Lomé. Vouloir faire croire à l’opinion que le lancement d’avis de recrutement pour les six spécialités des signataires de la note de grève n’est pas lié à l’acte légitime qu’ils ont posé est un échec. Les méthodes utilisées par les autorités universitaires ressemblent trait pour trait à ceux des apprentis dictateurs qui pullulent au Togo. Au lieu de chercher à jouer le dur à cuire, le président de l’Université de Lomé ferait mieux de changer de fusil d’épaule et prendre langue avec ses collègues qui ont aussi les facultés pour être nommés ministres. D’ailleurs, il n’est pas le premier universitaire à avoir été nommé au gouvernement. Ces prédécesseurs, à l’instar du Professeur Kako Nubukpo, gardent toujours leur humilité malgré leur célébrité qui dépasse les frontières du Togo. « Il est temps que nous tous, puissions comprendre que l’exercice de l’autorité administrative ne vise pas à contraindre ses propres confrères à une quelconque servitude », avait martelé le SEST dans sa lettre ouverte.
G.A.
Source : Liberté