*1. Dans un communiqué rendu public ce jeudi, 9 février 2023, le gouvernement togolais dit prendre acte du rapport d’audit de la Cour des comptes et se réjouit de ce que ce rapport considère que les dépenses relatives aux mesures barrières, de riposte ou sanitaires sont « conformes, régulières et sincères ».*
*2. C’est ce qu’on appelle véritablement une fuite en avant ! C’est du gangstérisme d’État et la consécration de l’impunité à l’état pur.*
*3. Le gouvernement du Togo est coutumier des faits. Qu’on en juge !*
*4. L’on se souvient en 2012, du tripatouillage qu’avait fait l’objet le rapport de la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) sur les actes de torture dont ont été victimes les personnes arrêtées dans la lugubre affaire Kpatcha Gnassingbé et coaccusés, dans le seul et unique but d’altérer la vérité. Le président de cette commission à l’époque des faits, est aujourd’hui contraint à l’exil.*
*5. L’on se rappelle ensuite de l’affaire Vincent Bolloré où le Tribunal Judiciaire de Paris avait clairement mentionné qu’il y a eu corruption d’agents publics étrangers et que la souveraineté du Togo avait été violée, mais que M. Gilbert Bawara, ministre de la Fonction publique, du travail et du dialogue social estimait sur une radio privée locale que _ »L’Etat togolais n’a aucun élément fiable du dossier qui est en cours en France. Nous n’avons pas à prendre d’engagement particulier, nous n’avons pas à donner d’assurance quelconque, parce que nous ne nous sentons pas concernés »_. Son collègue de la communication et porte parole du gouvernement, le professeur Akodah Ayewouandan reste lui catégorique sur la chaîne internationale TV5 Monde : _ »La position du gouvernement est de ne pas commenter une procédure en cours dans les juridictions d’un pays étranger »_. Au Togo donc, cette affaire reste pour l’heure enterrée parce qu’elle est abusivement qualifiée de _ »franco-française »_ par nos illustres gouvernants.*
*6. L’on se rappelle enfin de la réaction du ministre en charge des Droits de l’Homme, et porte-parole du gouvernement, M. Christian Trimua, parlant du rapport d’audit produit par l’Inspection Générale des Finances dans le cadre de l’affaire _ »Petroilgate »_: _ »Ce rapport qui est brandi comme preuve n’est pas fiable »_.*
*7. Ce sont des prévisions et des signes des temps qui ne doivent pas tromper. Faisant une analyse sur les impacts dûs au Covid-19, Monsieur Michel Cabirol, Rédacteur en chef Industrie et Services, faisait ressortir déjà, dans son article intitulé _ »Comment la France imagine une possible implosion de l’Afrique face au Covid-19″_ paru le 1er avril 2020 à _LA TRIBUNE PARTAGEONS L’ÉCONOMIE_, et en faisant référence sur les interrogations du Quai d’Orsay relativement à l’impact terrible que pourra avoir la crise du Covid-19 en Afrique, et se basant sur des éléments relevés par le Centre d’analyse, de prévision et de stratégie (CAPS) qui évoque un possible effondrement des États en place.*
*8. Le CAPS a en effet relevé de justesse _ »L’immanquable détournement de biens publics (à commencer par des masques) et de l’aide sanitaire internationale à venir (déjà dénoncée sous le terme « Covid-business ») peut facilement cristalliser l’ultime perte de crédit des dirigeants », (https://www.latribune.fr/economie/international/comment-la-france-imagine-une-possible-implosion-de-l-afrique-face-au-covid-19-844055.html)._*
*9. Cette analyse est largement et effectivement explicative de la situation togolaise, qui ne tardera pas certainement à emboîter les pas du Sénégal. Après les multiples restrictions des libertés politiques et leurs répercussions énormes sur les droits humains, c’est le tour des libertés économiques d’en prendre un coup dur. Cela ne restera pas impuni, quel que soit le temps que ça prendra.*
*10. Cette vague de mépris, de déloyauté envers un peuple meurtri et le cortège de violations des libertés politiques et économiques qui en est la conséquence directe, emporteront nécessairement avec elle toute cette équipe gouvernementale togolaise qui a accepté endosser cette forfaiture.*
*11. Car au moment où nos gouvernants demandaient au peuple de serrer les ceintures pour faire face aux contraintes économiques et financières imposées par la crise du Covid-19, eux desserraient les leurs pour pouvoir dilater les _ventres_ trop pleins, afin de pouvoir _avaler_ encore et encore ; pouvoir amasser de plus belle !*
*Me Raphaël Nyama Kpandé-Adzaré*