Le président de la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH), Koffi Kounté, qui avait publié samedi un rapport dit « authentique » sur les allégations de tortures commises sur les personnes détenues dans l’affaire d’atteinte à la sûreté de l’Etat, a demandé au ministère des Affaires étrangères de la France où il a été reçu mardi, « la protection pour lui et sa famille », a appris l’Agence Afreepress.
A la sortie de l’entretien qu’il a eu avec le ministre des Affaires étrangères français, le président de la CNDH a laissé entendre que le rapport de la CNDH avait été accueilli avec « hostilité par l’entourage du chef de l’Etat », tandis, a-t-il laissé entendre au micro de Radio France Internationale (RFI), que Faure Gnassingbé a « exprimé sa satisfaction » par rapport à ce rapport.
Koffi Kounté, président de la CNDH, demande la protection de la France
Parlant des pressions et menaces dont-il a été victime, Koffi Kounté a laissé entendre que « ces pressions avaient débuté depuis plusieurs jours lorsque le rapport avait été porté à la connaissance des autorités togolaises ». Certaines personnes, a-t-il dit, voulaient simplement que la CNDH publie « un contre rapport » pour soutenir le contraire de ce qui était révélé dans le premier.
Il a exprimé le vœu que les personnes qui sont citées dans ce rapport comme ayant commis des actes de tortures et de traitements inhumains et dégradants sur les détenus de l’affaire d’atteinte à la sûreté de l’Etat subissent des sanctions exemplaires afin de décourager celles qui seraient tentés de s’adonner à ces pratiques dans le futur. «Seule l’exemplarité de la sanction est de nature à mettre un terme à l’impunité. Mais à l’allure où les chose vont, rien ne leur arrivera », a-t-il regretté.
Le ministre de la Culture Hamadou Koumadjro, réagissant à cette sortie de Koffi Kounté, a exprimé toute sa surprise par rapport à l’attitude du président de la CNDH qui se dit menacer par « l’entourage du chef de l’Etat » et qui n’a pas le courage de contacter le chef de l’Etat pour lui faire part de ces menaces.
L’ancien ministre des Droits de l’Homme dit ne pas croire que le rapport de la CNDH soit travesti. « Le rapport a été travesti par qui et les menaces viennent de qui ? », s’est-il demandé.
Samedi dernier, le gouvernement togolais avait publié un rapport sur les enquêtes portant sur les allégations de tortures commises sur les personnes détenues dans l’affaire du « coup d’Etat de pâques 2009 ».
Selon le gouvernement, il « n’y a pas eu de torture » au Togo. Quelques heures après ce premier rapport, la CNDH publiait un autre qualifié d’«authentique » dans lequel il soutient le contraire et donne les noms des personnes accusées d’avoir commis des traitements inhumains et dégradants sur les compagnons de Kpatcha Gnassingbé, demi-frère du Chef de l’Etat accusé de tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat.
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Jusqu’à quand les autorités togolaises se refuseront de regarder la vérité en face? Refuser les conclusions d’une enquête de ce genre serait vraiment de nature à encourager ces pratiques qui n’honorent pas la personne humaine. Le Togo à travers ses dirigeants doit se ressaisir. Pour une fois, acceptons la vérité et prenons les dispositions qui s’imposent. Trop c’est trop.