Dans la nuit du mercredi 9 au jeudi 10 janvier, le grand marché de Kara a été ravagé par les flammes suite à un incendie. 48 plus tard, c’est le tour du grand marché de Lomé, le poumon de l’économie nationale d’être à son tour dévasté par un autre incendie. Deux grands marchés d’un pays qui partent en fumée en deux jours, il y a désormais de quoi penser à une piste criminelle. Que ce soit à Kara ou à Lomé, les commerçants ont vu leurs milliards, que dis-je, leur vie partie en fumée.
Sur les lieux du sinistre à Lomé, face à l’impuissance des sapeurs-pompiers togolais aux matériels bien dérisoires pour ne pas dire inexistants, les commerçants dont certains tombaient en syncope ont vu les fruits de tant d’années d’efforts, de sacrifices s’envoler en fumée. Des actes criminels d’une ampleur gravissime pour les commerçants et surtout l’économie nationale. Naturellement, la question des auteurs de ces incendies se pose et chacun y va de son commentaire. Comme on peut l’imaginer, Faure Gnassingbé qui n’a pas daigné sortir de son luxueux palais pour visiter le lieu du drame, commence par jeter son dévolu sur certains membres de l’opposition qu’on tente de faire passer pour des boucs émissaires d’une gestion hasardeuse et « vampiriste » qui consume le peuple togolais depuis quatre décennies. Oui, cela fait 46 ans que les populations togolaises du Sud au Nord subissent tous les jours les affres d’un régime destructeur, répressif, anachronique qui cherche par tous les moyens à se perpétuer au pouvoir. Les injustices, les brimades, les manipulations de tout genre, la caporalisation de la Justice à des fins de règlements de comptes, les coups d’Etat imaginaires à des fins de purge politique, bref, le cynisme et la méchanceté ont atteint sous le règne de Faure un niveau inimaginable.
Partout dans le pays, la haine, la révolte, la rengaine consument les cœurs des populations. Cette série d’incendies intervient au moment où la situation sociale et politique dans le pays est extrêmement tendue par la seule volonté d’un pouvoir sclérosé, qui refus de matérialiser des réformes institutionnelles et constitutionnelles inscrites dans l’APG en vue de permettre au Togo de basculer sur la voie d’une démocratie apaisée. Au sein même du système en place, la purge organisée par Faure Gnassingbé pour consolider son pouvoir a créé une race de redoutables contestataires qui jurent en silence de lui faire la peau. La situation est bien délétère et le pays est au bord de l’apocalypse ; mais comme la corruption est l’arme la plus efficace du régime, les laudateurs, ceux qui sont grassement entretenus avec l’argent du contribuable togolais ne cessent de claironner que leur bienfaiteur est le meilleur dirigeant et que le pays se trouve sur le bon chemin. Même certains diplomates se mêlent à la danse et il ne leur reste qu’à prendre la carte de l’UNIR. Une gouvernance monstrueuse qui aboutit à une constellation de petits ayatollah qui, à leur tour, au nom des pouvoirs qui sont les leurs, se plaisent à brimer les populations.
Un règne de 46 ans qui n’offre aucune alternative aux revendications des citoyens à part la violence permanente et inouïe, les injustices de tous genres, les brimades, la prédation des richesses, autant de frustration qui constituent une porte grandement ouverte à l’aventure. Et l’aventure, nous y sommes de plain-pied. Si des gens ont pu s’organiser pour réduire en fumée deux grands marchés de ce pays en moins de 48h, c’est qu’ils sont bien organisés et visent in fine un objectif précis. Chercher à faire porter le chapeau de ces actes criminels à un responsable politique pour masquer son incompétence ne changera rien à la situation. Personne ne croit à cette diversion. Aujourd’hui ce sont les marchés qui partent en fumée, au grand malheur des femmes ; peut-être demain, les criminels changeront de cible.
Le pire est devant nous, pour ne pas dire devant Faure Gnassingbé, l’homme qui après 46 de règne d’un système nocif et destructeur, s’obstine à s’accrocher par tous les moyens au pouvoir. Ne perdons donc jamais de vue cette réflexion de Nelson Mandela dans Un Long Chemin vers la Liberté : « C’est toujours l’oppresseur, non l’opprimé, qui détermine la forme de la lutte. Si l’oppresseur utilise la violence, l’opprimé n’a d’autres choix que de répondre par la violence ». Parole d’un sage d’Afrique.
Ferdinand Mensah AYITE
lalternative-togo
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