Devant la presse vendredi, la conférence des présidents de la Dynamique Mgr Kpodzro (DMK) s’est prononcée sur l’actualité socio-politique et sécuritaire du pays. Face aux grands maux qui rongent actuellement le pays, la DMK invite le régime en place à un sursaut patriotique. Aux Togolais qui rêvent de l’alternance depuis plus de 50 ans, elle les exhorte à dépasser leurs rancœurs légitimes pour poursuivre la lutte. Voici en intégralité, la déclaration liminaire sanctionnant cette rencontre avec la presse.
IL EST TEMPS POUR LE COURAGE, LA VERITE ET LA JUSTICE. IL EST TEMPS DE FAIRE RENAITRE NOTRE PAYS
L’actualité socio-politique et sécuritaire du pays amène encore une fois, la DMK à s’adresser au peuple togolais à travers la presse nationale et internationale.
Comme vous le savez, le régime en place a initié le 4 août 2022, une réunion d’information sur l’extrémisme violent. Certains partis membres de la DMK ayant été invités, nous avons rendu public un communiqué annonçant la nouvelle aux populations togolaises, et les informant que des représentants de ces partis iraient écouter les organisateurs de la réunion et reviendrait leur rendre compte.
La Conférence de presse de ce jour vise d’abord à rendre compte comme promis au peuple togolais avec qui nous menons la lutte de libération de notre pays , de la rencontre du 4 aout que nous qualifions d’une fuite en avant et une instrumentalisation de la grave question sécuritaire à laquelle notre pays est confrontée. Ensuite en deuxième partie, la DMK reprendra imperturbable le cheminement de sa lutte en sonnant le tocsin afin que le régime et les partis de l’oppositions, prennent leurs responsabilités pour éviter le pire à notre pays qui connaît une crise sociopolitique grave sur laquelle est venue se greffer la récente crise sécuritaire.
Une fuite en avant et une instrumentalisation de plus qui ne doivent pas divertir les togolais.
Comme annoncé dans le communiqué de la DMK du 4 août et conformément à l’adage qui dit que répondre positivement lorsqu’on vous invite à venir écouter n’est pas encore un problème, 4 représentants des partis membres de la DMK se sont rendus à la réunion d’information sur l’extrémisme violent à laquelle elle a été invitée. Après le mot d’introduction de la première ministre, le thème principal de la réunion a été décliné en 3 sous thèmes qui ont fait l’objet d’exposés de la part des organisateurs : l’état de sécurité au Togo, l’état d’urgence sécuritaire, le plan d’urgence dans les savanes. Les idées principales ressortant des interventions sont les suivantes :
- Un appel à l’unité, à la collaboration et une référence à un pacte entre acteurs politiques ;
- Les forces de défenses font face aux attaques dans les savanes,mais ont malheureusement commis une bavure qui a couté la vie à 7 de nos enfants ;
- Bien que l’état d’urgence ait été décrété uniquement dans la région des Savanes il y a sur toute l’étendue du territoire une interdiction de manifestations politiques et citoyennes, notamment des meetings et marches.
- Des actions d’urgences sont menées dans la région des savanes pour un total de 259 milliards.
Suite aux exposés, l’opportunité a été donnée à l’assistance de poser des questions. Les représentants des partis membres de la DMK ont saisi cette perche pour demander la libération des détenus politiques, la levée des poursuites contre les leaders de l’opposition et le règlement des questions sources de frustrations préjudiciables à l’unité, à la collaboration et à la cohésion auxquelles le régime ne cesse d’appeler. L’exemple des problèmes fonciers que pose la décision de l’implantation d’un camp militaire dans le Danpken a été donné.
La DMK dénonce une énième fois, au lendemain de cette rencontre, la persistance manifeste du régime à vouloir ignorer, diviser et décapiter la première force politique d’opposition se battant à ce jour pour que le suffrage des citoyens soit respecté et qu’il y ait alternance dans notre pays.
La réunion du 4 août est une simple rencontre d’information que le régime a organisée et qu’il tente déjà de présenter à l’opinion publique nationale mais surtout internationale, comme une rencontre d’échanges et de discussions, voire de dialogue avec la classe politique de l’opposition. Mais les populations togolaises qui s’expriment sur les médias sur la réunion du 4 aout ne sont pas dupes !
Le régime vient d’échouer encore une fois dans sa fuite en avant et l’instrumentalisation de la crise sécuritaire en vue de divertir les togolais et de se maintenir au pouvoir.
2. Il est temps pour le premier responsable qui se maintient à la tête de ce pays prenne des initiatives pour engager avec son opposition de véritables discussions sur les enjeux vitaux des togolais et du Togo
Pour la DMK, le Togo est à la croisée des chemins et il faut un sursaut patriotique sincère pour recoudre le tissu social et faire face efficacement au problème d’insécurité auquel il est confronté. En effet, aujourd’hui, les populations togolaises sont confrontées à plusieurs difficultés, en l’occurrence, la vie chère et la détresse sociale, les violations des droits humains fondamentaux et des libertés publiques et politiques, une contestation sérieuse de l’élection présidentielle du 22 février 2022, auxquels se sont ajoutés les problèmes d’insécurité.
La vie chère et la détresse sociale
La DMK estime que la vie chère trouve ses origines dans la gouvernance économique et politique, notamment, les choix d’investissements économiques ; l’inflation très mal maitrisée au Togo dans l’espace UEMOA ; la faiblesse des revenus ; la corruption ; la pression fiscale ; etc.
En effet, depuis la dernière élection présidentielle du 22 février 2020 qui a vu une fois encore la victoire du peuple confisquée, le gouvernement de Faure Gnassingbé ne cesse de trouver les occasions pour renforcer la dictature. Cette situation le pousse à orienter ses priorités dans les domaines qui peuvent lui garantir sa propre sécurité tout en développant des stratégies de propagande inutiles et coûteuses pour les citoyens. Les ressources du pays sont ainsi utilisées à des fins de corruptions et de ripolinage d’un régime perçu partout comme indésirable. Aussi, les tenants du pouvoir sont-ils prêts à tout concéder à ceux qui peuvent leur garantir leur maintien au pouvoir. Nos principaux moyens de production des richesses économiques nationales sont ainsi passés aux mains des étrangers qui rapatrient la plupart de nos ressources financières. Résultats, le pays est riche mais les richesses sont confisquées pars des groupes prédateurs assistés d’une minorité. Pour pouvoir disposer des ressources et assurer les dépenses essentielles de L’Etat, le gouvernement est obligé de saigner les pauvres populations par des créations des taxes supplémentaires et l’augmentation de celle déjà existantes.
La DMK estime que pour juguler la flambée des prix et lutter de façon plus efficiente contre la vie chère, il faut de manière consensuelle prendre des mesures audacieuses comme : baisser les prix du carburant à la pompe ; annuler les hausses des taxes ; réduire le train de vie de l’Etat ; annuler les élections régionales ; supprimer le sénat ; décider un abattement conséquent sur les frets maritimes et aériens pour le calcul des droits de douanes à liquider ; prendre des mesures drastiques contre le pillage des ressources publiques et la corruption ; augmenter les salaires comme l’exigent le corps médical et les enseignants qui n’a comme réponse que la répression ; élaborer et adopter un plan de soutien aux entreprises formelles et informel ; publier le coût des mesures.
La violation des libertés et des droits humains.
La DMK observe que depuis plus de 50 ans, le régime se maintient légalement au pouvoir en se servant du monopole de la violence d’Etat, dont il use pour confisquer par le bais d’élections instrumentalisées et tronquées les institutions du pays, en l’occurrence : la présidence, l’assemblée nationale ; les conseils municipaux, la cour constitutionnelle, la cour suprême, la cour des comptes ; les administrations centrale, déconcentrée et décentralisée, etc.
Fort de la légalité qu’il s’est octroyé, le régime restreint les libertés publiques, d’opinions et de presse. A ce titre, nombre de personnes sont dans les prisons pour avoir manifester ou exprimer des opinions contre la gouvernance politique et économique. Aux lendemains des élections du 22 février 2020, pour étouffer les velléités légitime de contestation de la victoire de Gabriel Messan Agbéyomé KODJO, les restrictions de liberté n’ont cessé de croitre. Aujourd’hui plusieurs togolaises et togolais se retrouvent en prison pour des critiques du système et d’autres y sont pour avoir exercé leurs droits syndicaux. Il faut aussi noter que plusieurs acteurs politiques sont en exil pour des raisons politiques.
Pour la DMK, il est aujourd’hui clair que cette situation insoutenable ne peut plus perdurer.
Le contentieux électoral des élections présidentielles du 22 février 2020
Depuis le vote de notre constitution, la seule occasion où les voix des électeurs ont effectivement compté dans notre pays, les résultats d’une élection ont été toujours contestés. Le Togo s’illustre désormais dans le monde par ses cycles : élections, violences et dialogues, un spectacle qui décrédibilise tous scrutins au Togo. Le dernier en date sont les élections présidentielles du 22 février 2020, où la légalité a une fois encore instrumentalisé la légitimité.
Cette situation ne peut et ne doit plus durer. La classe politiques doit rechercher et trouver une solution définitive à cette élection et partant aux processus électoraux au Togo.
L’insécurité
Notre pays a subi en l’espace de quelques mois, plusieurs attaques meurtrières d’assaillants terroristes. Pour enrayer ces agressions répétées et qualifiées de terrorismes, la réponse des autorités en place est militaire ; mais elle fut précipitée au point d’entrainer une bavure occasionnant sept morts d’adolescents.
Pour venir à bout d’agressions terroristes avérées, certes, la DMK est consciente qu’il faut que la nation togolaise devienne une réalité et reste soudée derrière les forces de défense et de sécurité. Mais cette vérité tautologique ne peut s’imposer dans un Togo au tissu social togolais en lambeau à cause des crises sociopolitiques récurrentes depuis plus de 30 ans et aussi du comportement de l’armée togolaise qui s’illustre plus par la répression des togolaises et togolais manifestant leurs désapprobations de la gouvernance économique et politique du régime. Pour la DMK, on ne peut régler cette crise qu’à travers un consensus national.
Que faire ?
Pendant que les Togolaises et togolais croupissent dans la misère sous le poids des problèmes économiques et politiques, auxquels il faut ajouter des problèmes sociaux relatifs aux fonciers à la chefferie traditionnelle, la classe politique en générale reste clivée en deux et l’opposition au régime se complait dans une lutte intestine sans aucun fondement idéologique.
Pour la DMK, il faut réagir et refonder le Togo ici et maintenant.
Pour ce faire, la DMK invite le régime en place à un sursaut patriotique. Faure Gnassingbé doit s’affranchir d’un entourage ombrageux et plonger dans une vision à court terme, pour chercher une solution pour le Togo. C’est le prix à payer pour qu’il entre dans l’histoire par la grande porte.
L’opposition patriotique doit se surpasser pour poursuivre ensemble un seul objectif : « démocratie d’abord, multipartisme ensuite »
Les togolaises et togolais qui rêvent de l’alternance depuis plus de 50 ans doivent dépasser leur rancœurs légitimes pour soutenir:
- l’adoption des mesures efficaces pour enrayer la vie chère au Togo ;
- la prise de décisions courageuses et inclusives pour créer les conditions pouvant induire une lutte collective et patriotique contre le terrorisme dans notre pays.
- la libération immédiate et sans conditions de tous les prisonniers politiques et cessation de toute poursuite ou harcèlement contre les acteurs politiques, les journalistes et les syndicalistes ;
- le retour des exilés politiques en toute sécurité.
- le respect du vote des togolaises et togolais lors de l’élection présidentielle du 22 février 2020 afin de libérer notre souveraineté confisquée depuis le 13 janvier 1963.
- le respect des libertés publiques et des manifestations telles que consacrées par notre constitution.
- l’engagement pour des démarches sincères et courageuses devant ramener la confiance entre les togolaises et togolais tout en créant les conditions nécessaires pour un vote effectif de la diaspora togolaise.
La DMK entend ainsi initier dans les jours à venir des démarches vers les acteurs politiques, la société civile et tout corps constitué tant en interne qu’au sein de la diaspora, en vue de renforcer la dynamique qui est en marche pour la refondation de notre pays.
Fait à Lomé, le 5 Août 2022.
La Conférence des présidents.