« Laissez passer une injustice, vous êtes sûres qu’elle en engendrera des milliers » disait Émile de Gérardin.
disait Émile de Gérardin. Une mosquée presqu’en fin de chantier a Agoe Assiyeye à Lomé a reçu la visite de profanateurs. Alors que les fideles se sont retirés en famille après la prière de 19h hier, l’imam Djibril est revenu au petit matin découvrir les portes de sa mosquée violées par des visiteurs. Pour une mosquée encore en chantier, il n’y avait rien comme équipement particulier à voler, mais les copies du Livre saint y étaient comme on le voit dans toute mosquée.
L’objectif n’était donc pas de voler quoi que ce soit, mais de profaner le saint coran. Et ils ne l’ont pas fait à moitié. Des copies du Livre ont été déchirées et amassées à côté du Mimbar, place réservée a l’imam, ses verres médicaux cassés, d’autre copies du coran chiffonnées puis accrochées aux grilles de la clôture, dans la cours, on y voit les copies de la sainte parole dispersée ici et là. L’imam en a informé le président de l’Union Musulmane du Togo, UMT, qui y a fait le déplacement en prenant soin de commettre un huissier et d’inviter la gendarmerie que nous avons trouvé sur les lieux alors qu’il sonnait 11H 30. Le constat est fait, une enquête va s’ouvrir comme de coutume. Jamais deux sans trois, puisque tout silence des pieux nourrit le crime des pervers, le crime contre les musulmans au Togo a été assez nourrit et il est présentement mâture, il devient un monstre qui hante toute la communauté musulmane du monde.
Il vous souvient que le 16 octobre 2017, suite à l’enlèvement de l’imam Hassan Mollah de Sokode et de la confusion savamment organisée qui s’en est suivie, des militaires togolais, tout corps confondus, ont violes des mosquées à Sokodé pour y frapper et arrêter des manifestants. Un vendredi, au cœur de ces événements, l’imam de la grande mosquée de cette ville a renoncé à la grande prière de Djoumah pour préserver l’intégrité physique des fidèles musulmans pris pour cible par les militaires. Pendant ce temps, toute la machine de communication de l’état togolais et des cadres, dit musulmans, s’évertuent à faire passer les musulmans comme étant des jihadistes. Tout ceci n’a pas suffit pour sortir les premières autorités musulmanes, les leaders d’opinions et autres citoyens, cadre musulman pour les uns et esclaves de la monarchie pour les autres, de leur silence.
Toutefois, quelques imams ont eu le courage de dénoncer cette situation dans leurs sermons de vendredi. Dans la même ambiance, en fin octobre, une mosquée sera détruite à Kara dans le quartier Tchintchinda sur la route de Kétao par une milice au chevet de la monarchie. Toujours le même décor, silence radio. Aujourd’hui, les faits décrits plus haut sont survenus. Mais c’est un décor qui semble avoir été planté depuis quelques semaines. Pendant le mois de ramadan, elles sont nombreuses ces mosquées de la capitale et de l’intérieur où les prières des imams et fidèles ne sont pas allés dans le sens du poil pour un régime cinquantenaire qui a pris un pays en otage. Tout comme ils le priaient hier, ils le font aujourd’hui, sans hypocrisie, pour ou contre toute injustice.
Alors, sur rapport des services de renseignement, souvent envoyés en peaux d’agneau dans des mosquées, certains lieux de culte ont été pris pour cibles ces derniers moments. C’est ainsi qu’il y a seulement 3 semaines, une jeep des bérets verts, garde présidentielle, surmontée de la traditionnelle armes d’assaut, à stationnée devant la grande mosquée de Kégue. Sans interroger qui que ce soit, les militaires ont fait la ronde de toutes les façades de la mosquée pour y prendre les photos avant de s’en approcher pour enregistrer toutes les références inscrite sur le temple. Ils repartiront devant des riverains ébahis. Cette mosquée n’est pas le seul endroit qui reçoit de tels visiteurs. On pouvait encore croire en de simples opérations de dissuasion. Aujourd’hui, c’est le saint coran qui est profané. Hier vendredi, Unir demandait une prière dans les mosquées pour sa survie politique en se cachant derrière une certaine conférence à venir. Ce n’est plus un secret, de telles prières ne connaissent plus l’engouement des fidèles. A chaque fois que la dictature demande des prières dans les lieux saints, une fois le culte fini, les fidèles vident les lieux avec des murmures en laissant l’imam et les envoyés du régime avec leurs enveloppes en main.
Hier, il était difficile d’être un musulman au Togo, il était ancrée dans l’opinion collective que c’est sur les musulmans que repose la force de la dictature et l’Union musulmane en faisait un véritable fond de commerce malgré une communauté impuissante. Aujourd’hui, la même communauté est devenue la racine du mal d’une fin de règne. Elle est donc prise pour cible, les rafles et état de sièges, en cours dans les villes et quartiers musulmans, en disent long. Dans un environnement incertain ou les valeurs sont battues en brèches, ce ne sont pas les discours mais ce sont les comportements qui trahissent les bourreaux. Quel lien est possible entre le climat politique actuel et ces événements ?
C’est la dernière actualité dans la communauté musulmane du Togo. Aucune formation politique, aucune coalition politique, aucun musulman, soit-il du Togo ou d’ailleurs, n’est l’auteur du saint coran, si ce n’est celui qui a permis à notre dictature de faire de si vieux os. Si quelqu’un compte voir une communauté musulmane se venger de cette profanation, il attendra longtemps. Aucun musulmans n’est défié à travers cet acte, mais c’est bien un défi lancé au Seigneur des cieux et de la terre. Il a promis être le conservateur de sa parole et aucun musulman ne se sent assez fort pour l’aider dans cette mission. Le saint coran qui sauvait la dictature hier est devenu celui qui la tue aujourd’hui, inutile de rappeler que dans la mosquée de Kara aussi le saint coran et ete vendangé. Si en détruisant les écrits de Dieu une dictature peut mieux se porter, et résister aux vagues, bonne chance à elle.
Aujourd’hui, c’est une mosquée, demain, peut-être, une église. L’essentiel est de provoquer l’opinion afin de déplacer le débat politique. Quant aux leaders d’opinion, responsables politiques et autres cadres qui se sentent le devoir mais ont peur de dénoncer ces dérives pour leur vie ou leur pain, Dieu fera en sorte que cette peur les accompagne jusqu’au jour dernier.
ABI-ALFA/Le Rendez-vous