Dans un article intitulé « et si un certain terrorisme frappait le Togo demain ? », Me Jean Yaovi Dégli estime que le portrait d’islamiste radical que l’on veut peindre de Tikpi Atchadam, le leader du Parti national panafricain (PNP) de qui la contestation du régime de Faure Gnassingbé est devenue plus vive, arrive difficilement à coller à la réalité.
«Rien ne permet aujourd’hui de lier le PNP et son leader au terrorisme islamiste ou international. S’il n’y a pas la certitude absolue que rien n’existe en ce sens, au moins ils ont le bénéfice du doute», écrit-il.
Dans son article, le quatrième sur la situation sociopolitique que traverse le Togo, l’avocat se pose une question : un attentat terroriste pourrait-il demain voir le jour dans notre pays et permettre de siffler la fin de cette nouvelle recréation qui a commencé depuis le 19 août dernier ?
Pour toute réponse, le président de l’association «Bâtir le Togo» écrit que si l’on prend le passé du régime en place qui utilisait la « stratégie de la terreur», une réponse affirmative s’impose. « Face à la volonté implacable de garder le pouvoir et de le garder à tout prix, rien n’est impossible», soutient-il.
Après avoir listé les cinq (5) scénarii possibles en tenant compte de ce qui s’est passé dans les années 1990 sous le général Eyadéma Gnassingbé, Me Dégli estime que si cet « attentat » qui sera mis en scène par le pouvoir se produit, il aura pour but de permettre au pouvoir en place de reprendre la situation en main en gagnant en crédibilité devant la communauté internationale.
«Même la procédure actuelle de réformes et les discussions subséquentes en vue de les avoir seront suspendues. Le régime gagnera non seulement du temps mais aura la possibilité de faire renvoyer les réformes et le problème d’alternance aux calendes grecques», ajoute-t-il.
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Depuis le 19 août 2017, jour où dans la surprise totale pour le régime en place, les Togolais se sont encore levés pour revendiquer leurs droits fondamentaux et plus particulièrement les réformes constitutionnelles, un certain nombre d’accusations sont portées contre les forces de revendication, essentiellement contre Tikpi Atchadam, l’homme qui a osé, et son Parti National Panafricain (PNP). Ainsi, lorsque l’on ne taxe pas le PNP et son président de comportement identitaire, de tribalisme et autres (sans d’ailleurs jamais rapporter la preuve de ce qui a été commis comme faute en ce sens), ceux-ci sont accusés pêle-mêle d’islamisme, de djihadisme, de terrorisme islamiste, ou de radicalisme islamiste, etc… De tout ceci les preuves rapportées sont inconsistantes : le PNP n’aurait pas pu organiser plusieurs meetings de suite s’il n’avait obtenu des financements de source islamiste ; son leader est un musulman ; le PNP et son leader seraient soutenus par des imams, etc. Un autre argument utilisé est la prétendue concomitance entre la période de lancement de la mobilisation du PNP et celle de la tenue du sommet israélo-arabe. Puisqu’un certain nombre de pays du monde arabe s’opposaient au sommet Israélo-africain organisé par Lomé et que le Togo persistait à vouloir organiser ledit sommet, ces pays auraient alors instrumentalisé le leader du PNP pour faire échouer ledit sommet.
Même si le trouble créé par les manifestations du 19 août 2017 et la proportion prise très rapidement par le mouvement sur toute l’étendue du territoire (aussi bien le Sud que dans le Nord) n’auraient pas permis la tenue dudit sommet dans le calme et la sérénité indispensables à ce genre d’événements, ce n’est pas du tout le mouvement du 19 août 2017 qui a entraîné l’avortement du sommet Israélo-africain. La forte contestation de la tenue de ce sommet par les pays arabes et le rejet manifesté par des pays du sahel ainsi que d’autres pays africains à majorité musulmane ou opposés à la politique israélienne en Palestine avaient déjà largement plombé le sommet en question qui ne pouvait qu’être reporté si l’on ne veut pas aller à un fiasco diplomatique. Ce report aux calendes grecques n’est donc nullement l’œuvre de Tikpi Atchadam.
Comme on peut le noter, le portrait d’islamiste radical que l’on veut peindre de Tikpi Atchadam arrive difficilement à coller à la réalité. L’indigence de l’argumentaire le discute d’ailleurs souvent à la force avec laquelle les partisans du pouvoir martèlent leurs accusations. Cependant, c’est sur le fondement de ces éléments que l’on a tenté depuis le début de prouver que ce qui se passe aujourd’hui au Togo relève d’un complot islamiste et derrière ces arguments que l’on se cache depuis quelque temps pour distiller savamment dans la société togolaise une probabilité (devenue d’ailleurs certitude) que des attentats terroristes sont en préparation contre notre pays et deviendraient bientôt réalité.
Face à cette situation la question se pose de savoir si un attentat terroriste pourrait demain voir le jour dans notre pays et permettre de « siffler la fin de cette nouvelle recréation ». Si l’on prend le passé du régime en place, une réponse affirmative s’impose. Face à la volonté implacable de garder le pouvoir et de le garder à tout prix, rien n’est impossible.
Quels sont les précédents qui permettent d’intégrer dans le paysage politique actuel cette vision macabre (I), quelles sont les genres de scénarios imaginables (II), quelles sont les raisons qui rendent ce scénario plausible (III), quelles peuvent être les conséquences d’un éventuel attentat (IV) et enfin y-a-t-il des éléments permettant vraiment de lier le PNP et son chef à une lutte islamiste radicale (V).
I- LES PRECEDENTS
Il faut préciser que si malgré le grand bruit fait par les autorités togolaises et leurs divers soutiens nationaux sur le fait que le mouvement du 19 août 2017 serait d’origine ou d’inspiration djihadiste, Lomé peine à convaincre, c’est aussi parce que les occidentaux qui ont aujourd’hui des tas d’informations sur le terrorisme islamiste dans le monde et donc dans notre sous-région n’ont rien réuni comme indice concernant Tikpi Atchadam ou concernant ses soutiens extérieurs et qui leur permettrait un tant soit peu de croire à la version servie par le pouvoir togolais.
Malgré l’évidence, Lomé qui, faisant la politique habituelle d’autruche du régime Eyadèma refuse d’accepter l’évidence du ras le bol des Togolais et qui souhaite faire croire au monde entier qu’il est plutôt victime d’un complot islamiste qui mêlerait les mécontents de la tenue du sommet israélo-africain et des candidats au djihad sur le plan intérieur continue de faire feu de tout bois pour amener le monde entier à croire que les Togolais ne sont pas aussi mal en point que cela et que c’est simplement par le jeu d’un complot terroriste international qu’il est contesté aujourd’hui du Nord au Sud.
Cette stratégie a été utilisée à outrance dans les années 80 et 90 par le régime Eyadèma qui a toujours été prompte à se présenter en victime à chaque fois que les Togolais le contestent et veulent le renverser. On se rappelle de comment au lendemain du 5 octobre 1990, après avoir claironné que les « troubles » à Lomé avaient été commandités et organisés de l’extérieur et exécutés par de jeunes étrangers dans notre pays, le gouvernement avait fait arrêter la plupart des jeunes cireurs de chaussures, cordonniers et faiseurs de petits boulots ghanéens et sahéliens à Lomé. Cela n’a malheureusement pas empêché la grogne de reprendre dès novembre 90 et de connaître son paroxysme à partir de mars 91. Lors du putsch manqué du 25 septembre 1986, c’était le terrorisme international qui avait été évoqué. A chaque fois, le régime avait réussi à s’attirer la sympathie internationale. La stratégie n’avait pas réussi au Président Dictateur Général (PDG) dans les années 90.
Face à cette incapacité de convaincre de son idée de complot, le PDG qui avait tenté d’inviter au Togo ce qui se passait alors au Libéria et pointait du nez en Sierra Leone, fit appel au spectre de la guerre civile. Contre cette guerre civile d’ailleurs, le régime de celui qui avait pris le pouvoir depuis 1967 en invoquant les risques de guerre civile et qui, 24 ans après, n’avait rien pu faire pour éviter cette guerre civile qui menaçait toujours son pays en 1990, n’a pas compris que cette situation représentait un échec pour lui. Il se présentait toujours en seul rempart contre cette prétendue guerre civile. Il lui fallait donc créer au Togo le décor de ce fléau.
Là-dessus, il avait su jouer finement en créant une situation (menaces et intimidations) qui a renvoyé plusieurs ressortissants du Nord Togo et notamment des Kabyès dans leur région d’origine où on les a parqués à différents endroits comme des bêtes, sans aucun respect de leur dignité, histoire de créer les conditions qui permettront de les montrer dans un état de détresse pour justifier les mensonges du régime. Ce sont ces personnes qui ont été exhibées à la communauté internationale comme des persécutés par les populations du Sud et qui ont fait l’objet du fameux « Livre Blanc » du régime. Eyadèma tentait ainsi de faire croire au monde qu’en fait de revendications démocratiques, les forces progressistes voulaient juste prendre le pouvoir pour des règlements de compte ; qu’elles s’attaquaient aux ressortissants du Nord et étaient justement en train de créer les conditions de cette fameuse guerre civile contre laquelle il demeurait le « seul rempart ». C’est également cette mise en scène ajoutée à celle des violences volontaires faites par le régime contre des familles de certains militaires à divers endroits du territoire qui ont permis au PDG de lâcher quelques militaires ainsi manipulés contre les populations civiles (pour des expéditions punitives) et de justifier les actes ainsi perpétrés par le fait que ces militaires se vengeaient ainsi du sort fait à leurs parents et familles par les forces démocratiques. On a encore en mémoire, cette histoire d’un gendarme dont on a dit qu’il aurait été assassiné à Bè, ce qui a déclenché des expéditions punitives des soldats dans ledit quartier.
Cette tactique qualifiée de « stratégie de la terreur » a été le moyen par lequel le Général avait mis à exécution le mécanisme de « coup d’état rampant » qui va lui permettre progressivement de reconquérir la totalité d’un pouvoir qu’il avait pourtant presque totalement perdu au sortir de la Conférence Nationale. Assassinats, tortures, blessures volontaires, plasticages de maisons et autres bâtiments, arrestations, disparitions forcées, détentions arbitraires, vols, viols, destructions de biens, etc. Tout a été utilisé pour créer le chaos dans lequel le PDG devait ramasser son pouvoir.
Dans cette stratégie de la terreur tout était bon et la vie des populations ne pèse pas devant la volonté du régime de reprendre « son pouvoir ». Peu importe le nombre de cadavres. Le serpent apocalyptique a avancé inexorablement, avalant nombre de vies humaines. L’essentiel est qu’à la fin il reprenne le pouvoir. Et cette stratégie a payé.
Cette stratégie de la terreur et du chaos sorti des laboratoires du régime pour lutter contre toute menace sur le pouvoir et surtout sa perte est-elle aujourd’hui de mise ? Une chose est certaine, les habitudes de la maison sont pour la plupart demeurées les mêmes ; elles ont la vie dure. Et les inquiétudes qui font craindre le pire sont confortées par ce qui s’est passé dans notre pays en 2005. Le régime actuel est né dans le sang, beaucoup de sang. Et pour qu’il naisse, la volonté d’acquérir le pouvoir n’a reculé devant rien. Des morts, des blessés, des arrestations et détentions arbitraires, des tortures, des viols, des vols, des destructions de biens, etc. ont émaillé le chemin qui a conduit au fauteuil présidentiel. En cela le régime du fils est né dans la même stratégie de la terreur que celle mise en place par le père pour reconquérir le pouvoir dans les années 90. Certains avaient alors affirmé que Faure Gnassingbé ne savait rien de ce qui s’était passé et que ce sont les autres qui avaient « tout fait » pour lui, même si c’est à son pouvoir qu’ont profité les crimes. Le fameux « plus jamais ça » lancé dans son fameux discours d’Atakpamé par l’actuel président avait semblé donner raison à ces affirmations auxquelles bon nombre d’analyses avaient refusé de donner du crédit. Aujourd’hui, le problème se pose directement au fils. Jusqu’où ira alors le nouveau régime pour conserver un pouvoir qui semble vouloir déserter son camp ? D’où la question peut-on demain avoir un attentat « terroriste » ou le chaos au Togo ?
II- LA PREPARATION PROGRESSIVE ET LES SCENARIOS POSSIBLES
Si l’on avait été dans le régime d’Eyadèma comme nous l’avons connu dans les années 80-90, qu’est ce qui se serait exactement passé dans les circonstances actuelles où le régime craint de perdre le pouvoir et peine à convaincre de son idée de complot ? La réponse est simple : simuler un attentat un chaos, notamment un attentat terroriste, ou le provoquer. Un tel scénario semble se profiler aujourd’hui dans notre pays. Pour ce faire, une préparation progressive du terrain (A) et des différentes stratégies sont envisagées ou envisageables (B).
A- Convaincre de l’Innommable pour le Rendre Plausible
Certes, tout comme la communauté internationale, les fortes insinuations sur le caractère islamiste et djihadiste du jeu leader Tem n’ont pas réussi à convaincre la majorité des Togolais qui reste sceptique face à ces accusations. Toutefois, comme cela s’est passé en Côte d’Ivoire lorsque les partisans de Gbagbo accusaient Alassane Ouattara de vouloir prendre le pouvoir pour instaurer un régime islamiste et notamment la Sharia, les partisans du régime croient ou feignent de croire à cette thèse du complot islamiste. Et à force de marteler ces accusations et arguments, ils ont fini par instiller une sorte de doute dans la tête de certains citoyens qui n’ont pas toute la capacité d’analyse nécessaire pour réfuter certaines thèses. Un autre groupe de citoyens qui joue aussi dans le registre d’intégrisme religieux, essaye de cautionner cette thèse en devenant l’allié objectif des partisans du pouvoir en place. Il s’agit des chrétiens qui croient malheureusement que tout ce qui ne proclame pas Jésus Christ est d’inspiration satanique. Pour eux, puisque le musulman est de Satan, il ne peut ne pas penser à faire du mal et il faut donc le combattre. Pour ce groupe, les accusations du pouvoir ne font que confirmer les sermons présentant les musulmans comme des démoniaques, des gens à combattre et l’islam comme une religion à éviter. Pour eux, Atchadam et son parti seraient à combattre parce que si le jeune Kotokoli devenait président demain, il y aurait de forts risques qu’il instaure la Sharia au Togo.
Dans ce genre de situation, si l’on arrive à s’attaquer par le biais d’un attentat terroriste à de paisibles citoyens togolais, surtout de la religion chrétienne et plus particulièrement des chrétiens purs et durs, non seulement on créera les ingrédients d’un conflit religieux mais en plus on sèmera le doute dans la tête de la communauté internationale qui va commencer à croire à l’existence d’un véritable problème de terrorisme islamiste au Togo. En tout état de cause, le chaos indispensable à la reprise en main de la situation serait ainsi créé.
C’est dans ce contexte que de plus en plus on entend marteler qu’il peut y avoir et même qu’il va y avoir un attentat terroriste au Togo comme si on voulait préparer les esprits pour ce qui est en préparation dans les laboratoires politiques et qui risque de devenir réalité.
B- Les Stratégies Imaginables
Si donc on devait en arriver là (ce que personne ne souhaite bien sûr), quelles sont les stratégies possibles, en tenant compte de ce qui s’est passé dans les années 90 ?
Le premier scénario : déposer une bombe dans une église et de l’actionner à distance au moment où il y aura la plus grande affluence possible dans ladite église. Le nombre de morts frappera la conscience nationale et celle de la communauté internationale. Si les organisateurs de ce genre de projet macabre ont un peu pitié des populations civiles alors le scénario serait de poser un acte qui serait une sorte d’avertissement. On ferait alors actionner la bombe au moment où l’église est vide ou à un moment de moindre affluence.
Deuxième scénario : plastiquer plusieurs églises vides ou avec fidèles (de préférence vides) sur une période de plusieurs jours et créer la panique ainsi que la peur et le rejet du musulman mais surtout du PNP et son leader.
Troisième scénario : déposer une bombe et la faire exploser dans un lieu public autre qu’une église et faire des victimes et des dégâts matériels plus ou moins importants.
Quatrième scénario : ouvrir le feu sur des gens dans une église ou dans un lieu public. Les assaillants qui seront cagoulés crieront Allah Hou Akbar. Ce sera l’indication « claire » que ce crime est un crime d’origine islamiste et djihadiste.
Tous ces actes peuvent être signés par un message indiquant clairement qu’il s’agit d’un attentat commis au nom d’Allah de façon à montrer qu’il s’agit d’un acte terroriste à consonance djihadiste et islamiste.
Cinquième scénario : « déjouer » un attentat imaginaire comme le régime Eyadèma en a la magie. Cet attentat qui n’existera que dans la tête de ceux qui l’ont déjoué sera organisé par eux-mêmes. Les armes nécessaires pour cette organisation ne seront pas difficiles à trouver et l’histoire à monter de toutes pièces pour le rendre crédible trouvera des bouches pour la porter avec des accusations contre « quid de droit ».
Dans ce dernier cas, deux ou trois suites sont possibles : ou bien on fait disparaître toute trace de l’acte en faisant tuer immédiatement celui ou ceux qui ont commis ledit ou lesdits actes. On ne connaîtra jamais la réalité des faits et si oui ou non il y avait effectivement eu un acte terroriste puisque les auteurs auront été éliminés. Ils seront ainsi sacrifiés après leur acte et ne pourront jamais vivre pour jouir de ce qui leur a été promis. Par ailleurs, cette « neutralisation » des assaillants permettra de vanter la vaillance des forces de l’ordre dont la « vigilance et la perspicacité » auront permis de mettre des terroristes hors d’état de nuire plus aux populations togolaises.
La deuxième suite de ce genre de scénario sera proche de ce que nous avons connu dans le cas de l’attentat contre Tavio Amorin. Les auteurs sont protégés et ne sont jamais arrêtés même si on venait à les identifier.
Ou alors, et c’est la troisième issue, ce sont des jeunes qui auront été manipulés pour commettre ce genre d’actes et qu’on arrêtera officiellement mais puisque les enquêtes n’aboutissent jamais chez nous, soit l’affaire sera étouffée, soit ils seront jugés mais seront des victimes expiatoires puisqu’ils n’arriveront jamais à remonter la chaîne de commandement.
Nous avons volontairement écarté le scénario qui consisterait à inviter de vrais terroristes islamistes faire un tour dans notre pays et les laisser fuir car cela ouvrirait une brèche à ceux-ci et le régime risque de ne pas maîtriser la situation plus tard. La volonté de s’accrocher au pouvoir peut cependant donner aussi des idées en ce sens.
III- LES RAISONS RENDANT PLAUSIBLE LE SCENARIO MACABRE
D’emblée, il faut rappeler que la stratégie de la terreur a toujours fait ses preuves pour le régime Eyadèma et l’impunité a toujours été assurée à ses exécutants. On ne change pas une stratégie qui a fait ses preuves et « aux mêmes maux les mêmes remèdes ». Le régime ne reculera certainement aujourd’hui devant rien pour faire comme son fondateur puisque ceux qui exécuteront les projets macabres n’ont guère peur de quelque poursuite ou punition que ce soit.
Si nos inquiétudes se sont faites de plus en plus grandes au point de commander la publication de ces analyses, c’est simplement parce que des insinuations de plus en plus fortes sur la possibilité d’attentats djihadistes au Togo (A) et la volonté implacable de s’accrocher au pouvoir en jouant les scénarios les plus extrêmes (B) nous ont interpellé.
A- Des Informations et Actes Comme Pour Préparer les Esprits
La première alerte qui nous fait craindre que le pire est peut-être déjà à nos portes est le fait que depuis quelques temps des informations circulent dans divers cercles du pouvoir vers les populations et faisant état d’une possibilité pour le Togo d’être la cible d’un attentat terroriste ou de plusieurs. Dernièrement, des précisions supplémentaires sont même apparues puisqu’il est indiqué que ce genre d’événement risque de se produire d’ici la fin de l’année 2017. Ces informations sont distillées avec force vigueur par des personnes d’une façon méthodique et concordante qui montrent que ce n’est pas le fruit d’un hasard. Les cercles du pouvoir sont les plus convaincants sur le scénario. Certains des relais comme des journalistes et autres semblent eux-mêmes déjà très persuadés et tentent de persuader le plus grand nombre. Les justifications sont simplistes et toujours les mêmes. Le complot ourdi par le Koweït et les islamistes radicaux à travers le PNP et son président Tikpi Atchadam. La certitude dont font preuve ceux qui distillent lesdites informations finit par faire croire qu’ils sont absolument sûrs et certains de ce qui va arriver. Et au Togo, cela n’est pas anodin. Dans le même temps, pour les esprits éveillés et ceux qui ont l’expérience du régime en place, ces informations sont trop précises, trop insistantes et trop certaines pour être crues sans attirer l’attention. Car en matière de sécurité, lorsque l’on a de telles informations et qu’elles sont avérées, non seulement on ne les divulgue pas aussi largement, on n’essaye pas de convaincre les citoyens que les faits vont absolument se produire mais en plus on fait tout pour tuer le complot dans l’œuf ou pour neutraliser les malfaiteurs. Par ailleurs, dans un pays comme le nôtre où on ne badine pas avec la sécurité, où les services de renseignements et de sécurité ont plusieurs fois prouvé leur efficacité pour moins que ça, on a des difficultés à comprendre que le pouvoir attende et proclame un attentat terroriste comme une fatalité qui va nécessairement s’abattre sur le pays. Et si l’on rajoute à tout ceci le fait que nos services cités ci-haut ont l’aide et l’assistance d’Israël dont on connaît de degré d’efficacité en matière de renseignement et de sécurité, il est difficile de penser que les autorités ont de telles informations et n’essayent pas de les garder jalousement pour neutraliser les malfrats ou déjouer le complot mais se contentent de divulguer aussi largement, aussi fortement et aussi facilement lesdites informations.
A tout ceci, il faut ajouter d’autres éléments étonnants. Lors de l’arrestation de l’Imam DJOBO à Sokodé, il a été indiqué que deux militaires ont été lynchés. Des informations claires avaient fait état de comment ces militaires auraient été battus et tués. Personne n’a jamais indiqué que ceux-ci avaient été égorgés. Depuis l’enterrement de ces militaires, comme pour donner à ce lynchage largement commenté une touche islamiste, on indique désormais que ces militaires auraient en fait eu la « gorge tranchée ». Curieuse information invérifiable après l’enterrement des intéressés et qui va dans le sens du fameux complot islamiste puisque décapiter ou trancher la gorge est une pratique habituelle des terroristes islamistes. Pourquoi d’un seul coup une touche islamiste vient se greffer sur ce lynchage dont on ne sait d’ailleurs pas pour le moment qui en sont exactement les auteurs ? Histoire d’accréditer la thèse du complot islamiste en vue ?
Certains actes ou événements sont tout aussi étonnants. L’arrestation de deux imams, un à Sokodé et un autre à Bafilo, le saccage d’une mosquée à Kara paraissent anormaux dans un pays où on devrait normalement jouer l’apaisement. Est-ce de la provocation pour faire monter la colère et rendre possible l’inimaginable ? Tout porte à croire que ces événements ne sont pas anodins ni innocents. En tous les cas, ils concourent à la préparation d’une situation de chaos, voulu ou non.
Dernièrement, c’est le refus affiché du parti au pouvoir d’aller enfin au dialogue tant demandé par lui-même au départ qui interroge. En effet, depuis quelques jours, alors que la communauté internationale tout entière demande aux parties prenantes d’aller à la table de négociation, le pouvoir semble ne plus souhaiter ce dialogue. En effet, ses exigences et arguments préalables ou contre le dialogue sont devenus étonnants. D’un côté il voudrait que les leaders de l’opposition aillent dire publiquement devant leurs partisans ou sur les ondes qu’ils renoncent à demander le départ de faure Gnassingbé avant tout dialogue. D’un autre côté, on évoque à titre de casus belli, le fait que les manifestations aient été émaillées de violences, le fait que l’opposition n’ait pas présente de condoléances aux familles des deux militaires tués à Sokodé. On évoque même que l’opposition serait tellement de mauvaise foi qu’elle ne respectera pas les résultats du dialogue ou les fera capoter en réclamant une fois aux négociations le départ du président de la République. En fait, tout est désormais bon pour éviter le dialogue ou le retarder le plus longtemps possible. Tout ceci donne l’impression que le pouvoir attend la survenance d’un événement qui devrait lui permettre soit d’aborder le dialogue en position d’extrême force, soit lui permettre d’obtenir des résultats autrement plus importants que ce qu’il peut obtenir à la table de négociation. Qu’attend-on exactement ? La preuve que les manifestations actuelles cachent un complot djihadiste ? La combinaison des informations distillées et des événements laisse fortement croire cela.
B- La Volonté de S’accrocher au Pouvoir à Tous Prix
Ceux qui étaient au pouvoir hier et ceux qui y sont aujourd’hui ont une même philosophie et des méthodes similaires. S’accrocher au pouvoir à tout prix et créer le chaos s’il le faut pour conserver ledit pouvoir. La stratégie de la terreur mise en place dans les années 90 par Eyadèma et l’exemple de 2005 sont là pour nous le rappeler. Dans cette volonté de conservation du pouvoir, la vie des citoyens togolais n’a aucun prix. S’il faut marcher sur des cadavres pour conserver le pouvoir, on est prêt à le faire. Par ailleurs, le Chef de l’Etat togolais, par son silence, semble pour l’heure avoir plus que démontré qu’il n’est pas ému par les morts et les blessés parmi ses concitoyens. Il n’est cependant jamais trop tard de bien faire. Nous espérons le voir prendre le parti du Peuple dont il préside aux destinées et surtout mettre fin à toute volonté de conduire notre pays au pire.
La répression sauvage des manifestations de rue, l’usage excessif de la force, la mise en œuvre des diverses stratégies du chaos comme le déversement des milices dites « forces d’autodéfense » dans les rues montrent clairement que le régime ne reculera devant rien. Les propos de certains hauts cadre du pouvoir selon lesquels « si vous voulez que le pays brûle il brûlera pour nous tous » pour répondre à une simple demande de réformes constitutionnelles et institutionnelles ne font l’objet d’aucun doute sur la volonté jusqu’auboutiste des tenants du pouvoir.
D’aucuns affirment d’ailleurs que l’interdiction illégale des manifestations en semaine par le ministre de l’administration territoriale était destinée uniquement à expérimenter l’aspect milice de la nouvelle stratégie de reconquête du pouvoir par la terreur. Vrai ou faux ? Dieu seul sait. Ce qui est sûr, c’est que c’est à cette occasion que lesdites milices sont réapparues dans notre pays avec la bénédiction des forces de l’ordre qu’elles ont côtoyées et celle du Gouvernement dont le ministre de la sécurité a justifié leur rôle présenté comme action « salvatrice » bénie par le pouvoir en place.
Nos analyses sont basées sur ce que nous avons vécu dans les années 90 et connaissons du régime Eyadèma à ce jour. Ils devront normalement tous aboutir aux mêmes résultats.
IV- LES CONSEQUENCES DE « L’ATTENTAT »
La mise en scène ainsi orchestrée va aboutir aux conséquences suivantes :
1- Forcer la communauté internationale à croire qu’en fait de contestations du régime en place, il s’agit en réalité d’un complot djihadiste contre le Togo. A partir de là s’attirer la sympathie de ladite communauté internationale qui dans l’immédiat, même si celle-ci ne croit pas vraiment totalement à la thèse de l’attentat, sera obligée de prendre provisoirement le parti du régime et d’accepter toutes les solutions proposées par celui-ci pour parer au « pire » ou au plus pressé ;
2- Créer sur le plan national un climat de chaos notamment de conflit religieux, de tensions entre les ethnies et de méfiance vis-à-vis du parti indexé et de son leader. Les Togolais n’ont pas deux camps en face pour que l’on parle de risque de guerre civile. Mais à partir du moment où on indexe une partie du peuple comme djihadiste, une atmosphère de guerre civile vraie ou simplement imaginaire va planer sur le pays ;
3- Comme dans ce genre de situation et comme le régime Eyadèma avait l’habitude de le faire accroire, le pouvoir va tenter d’apparaître comme le seul sauveur et il prendra des mesures pour le démontrer ;
4- Apparaissant désormais comme le « sauveur », le régime peut prendre toutes sortes de mesures. Parmi celles-ci, l’état d’urgence pourra être proclamé. Il est même très probable dans ce genre de situation que l’état d’urgence sera décrété car cela permettra au régime de reprendre totalement en main la situation. Cet état d’urgence autorisera également des arrestations de tous ceux qui sont soupçonnés de « djihadisme » et notamment d’interdire partis politiques, associations et lieux de culte taxés comme tels. Toutes manifestations seront bien sûr interdites et les libertés restreintes. Même la procédure actuelle de réformes et les discussions subséquentes en vue de les avoir seront suspendues. Le régime gagnera non seulement du temps mais aura la possibilité de faire renvoyer les réformes et le problème d’alternance aux calendes grecques. « L’insécurité » ainsi créée permettra de tout justifier et servira à sauver la mise au pouvoir.
Le scénario décrit ci-haut qui semble relever de la fiction mais qui est en réalité basée sur l’expérience que nous avons du régime Eyadèma est-il possible aujourd’hui ? Sans nul doute et pour cause.
V- ATCHADAM ET SON PNP CÔTOIENT-ILS LE DIABLE ?
Tikpi Atchadam est-il un djihadiste ou un islamiste et son parti un parti aux ordres des forces islamistes, un parti tribaliste ? Tout porte à croire en l’état actuel des faits et des informations que non.
D’abord parce que comme il le clame lui-même, le nom même du parti du jeune Tem est clair. Il s’agit d’un parti panafricain. Le panafricanisme est antinomique avec l’islamisme, le tribalisme et la culture de comportement identitaire. Bien sûr, au Togo comme dans tous les pays africains où il y a plusieurs ethnies, chaque leader est d’abord et avant tout soutenu par les ressortissants de chez lui et les personnes venant de son ethnie. Le régime actuel a lui-même tout le temps utilisé cette fibre ethnique ou tribale en faisant croire, souvent à tort d’ailleurs, que les membres de l’ethnie du chef de l’Etat mais aussi les ressortissants de la partie septentrionale du pays sont tous derrière lui et seraient sa chasse gardée. Eyadèma avait largement utilisé cette stratégie hier. La même tactique est mise en œuvre aujourd’hui. Malheureusement, le fait que les manifestations ont commencé d’abord dans la partie septentrionale du pays et s’y sont incrustées, le fait que la ville de Kara ait été le théâtre des mêmes revendications alors que le régime l’a toujours considérée et présentée comme sa chasse gardée au point d’en interdire l’accès de façon presque permanente aux activités des autres partis politiques, prouvent à suffisance que ni le Nord Togo ni Kara n’ont jamais été la chose du pouvoir en place ou de qui que ce soit d’ailleurs.
Ensuite, ce qui concerne le caractère islamiste ou djihadiste de la lutte de Tikpi Atchadam et du PNP, les divers arguments alignés par le régime peinent à convaincre les Togolais capables de faire des analyses objectives et surtout ceux qui ont connu le régime du PDG et savent comment on fabrique des « terroristes » au Togo. L’argument tenant au financement des meetings ne tient pas la route. Pour ceux qui, comme nous, ont eu à organiser des meetings au Togo, on sait que les moyens mis en œuvre ne sont pas énormes. Et lorsque l’on a des membres et sympathisants sérieux et/ou généreux, on couvre d’ailleurs facilement ces dépenses. Sur ce plan la solidarité Kotokoli qui est l’une des plus exemplaires au Togo jouera fortement.
Pour ce qui est des réseaux Atchadam, nous savons qu’un grand nombre de supporteurs du leader du PNP se retrouve dans la diaspora togolaise. Nous connaissons d’ailleurs un certain nombre d’entre eux pour être intervenus dans leurs dossiers de réfugiés ou de séjour dans les années 90. A ce jour, c’est le meilleur réseau qui est connu pour Atchadam. En a-t-il dans le milieu islamiste radical ? Cela reste à prouver.
D’un autre côté, les occidentaux qui sont bien documentés sur les activités et réseau d’Al Qu’Aïda, de l’Organisation de l’Etat Islamique et de Boko Haram, n’ont aucune information au niveau de leurs services de renseignements hautement performants permettant d’accréditer la thèse d’une prétendue lutte djihadiste ou islamiste de la part du leader du PNP et de son parti. Mais au-delà de tout cela, ce qui a le plus fait prendre du plomb dans l’aile à la thèse du complot islamiste est la déclaration du 19 octobre 2017 sur RFI où le président du PNP en appelait clairement à l’intervention du chef de l’Etat français, Emmanuel MACRON, dans la crise togolaise. Un djihadiste ou un islamiste n’appelle pas une France ou un autre pays occidental, ennemis jurés du djihadisme et de l’islamisme radical, au secours. Son agenda et ses soutiens ne peuvent l’y autoriser. En ce sens, Tikpi Atchadam a surpris ses détracteurs qui se sont un peu vus couper l’herbe sous les pieds. La surprise dans le cercle de ses thuriféraires a été grande et grave après cette déclaration. Ils ne s’y attendaient guère et n’y ont semblé n’y avoir rien compris. Etonnement et consternation se sont emparés de plusieurs d’entre eux après ces propos car dorénavant il va falloir rebâtir cet édifice d’accusations qui paraît désormais s’être écroulé comme un château de cartes.
En clair, rien ne permet aujourd’hui de lier le PNP et son leader au terrorisme islamiste ou international. S’il n’y a pas la certitude absolue que rien n’existe en ce sens, au moins ils ont le bénéfice du doute. Si demain les données devaient changer en leur défaveur, nous serons parmi les premiers à les dénoncer car tout ce qui peut toucher au Bien Être de la Terre de nos Aïeux et de nos concitoyens doit recevoir le même traitement de notre part.
Disons pour conclure que depuis la sortie du fils de Tchaoudjo pour faire appel à la France, les choses se sont un peu accélérées puisque les conditions d’un dialogue semblent désormais se mettre progressivement en place. Parlementaires ouest africains, chefs d’Etat de la CEDEAO et autres semblent se grouiller pendant que la France multiplie les déclarations par communiqués du Quai d’Orsay et les Etats Unis appellent au respect des droits de l’homme et de la liberté de manifestation. Une sorte de décrispation ou de désescalade semble donc s’être amorcée (même si les informations sur le prétendu complot djihadiste continuent d’être répandues). Cette situation d’accalmie sera-t-elle cependant suffisante pour décourager les personnes désireuses de se servir de l’éternelle stratégie de la terreur du régime Eyadèma Nulle ne le sait.
Si, comme le dit le Chef de l’Etat, la vérité va finir par triompher, laquelle de ces vérités finira-t-elle par triompher pour le Togo ? Celle qui fera définitivement du président Faure un bon président pour les Togolais ?, Celle qui confirmera les accusations de dictateur sanguinaire qui sont portées contre lui ? Celle qui démontrera que ce qui se passe depuis le 19 août est un complot du terrorisme islamiste contre le Togo ? Celle qui prouvera que le conflit actuel est essentiellement tribal, identitaire et va déboucher sur une guerre civile ? Nous osons espérer que la vérité qui va triompher ne le sera pas pour le pire mais pour le meilleur. Aucun des pays qui ont connu des attentats terroristes ou en sont menacés ne sort facilement de ce genre de situation, ni sur le plan social, ni sur le plan économique. La sécurité ou l’image que nous en donnons est un bien que le Togo vend pour attirer des investissements même si nous n’en tirons pas tous les bénéfices pour nos populations. Si nous la perdons juste pour le jeu du pouvoir, nous aurons grandement perdu.
Le Chef de l’Etat doit donc se ressaisir et demander à ceux qui, autour de lui, veulent jouer les faucons de savoir que tous les œufs ne servent pas à faire des omelettes et que le monde de 1990 est différent de celui de 2017. De son côté, l’opposition et les forces progressistes doivent aussi savoir mettre de l’eau dans leur vin quand le moment arrive et saisir les opportunités de traduire dans la réalité la mobilisation planétaire et inédite qu’elles ont réussie. Les gens qu’on tue ou qu’on blesse sont des citoyens togolais comme tous les autres. Leurs parents souffrent comme tous autres. A chaque mort, à chaque blessé, c’est l’Humanité qui saigne et qui est meurtrie. La Terre de nos Aïeux en a assez d’être abreuvée de sang. Personne ne gagnera ce combat si le Togo n’en sort victorieux. L’histoire nous regarde et nous jugera. A propos de la deuxième guerre mondiale, Adolf Hitler avait affirmé : si nous gagnons il n’y aura personne pour nous juger ; si nous perdons nous ne serons pas là pour être jugés. Et pourtant, il est jugé jusqu’à aujourd’hui. Il faut savoir choisir le bon côté de l’histoire, celui de l’Humanité.
En tout état de cause, ce qui demeure certain et immuable, c’est qu’en aucun cas, nul ne doit tenter et même penser à exécuter des projets macabres contre son peuple ou son pays dans le but de conquérir ou de conserver le pouvoir politique quels que soient les privilèges et la jouissance que l’on peut en tirer.
« Prêts pour la Démocratie, la lutte continue »
Jean Yaovi DEGLI
Avocat à la Cour
Président de Bâtir le Togo
source : Global actu