Le 5 octobre 1990 et le 5 octobre 2020, 30 ans dans une semaine; que des contestations ouvertes, soutenues et sanglantes ont cours au Togo. Que de crimes odieux ont étéet continus d’être commis par la« minorité pilleuse » au pouvoir. Malgré tout, le peuple togolais continue sa quête vers plus de libertés et de droits. Car le propre de l’Homme, c’est de gagner sa liberté de choix et non de toujours subir un sort imposé; même au Togo des Gnassingbé. Toutefois plus la situation s’éternise, plus la finalité ne sera encore plus douloureuse.
Ainsi après 38 ans d’oppression de Gnassingbé Père, leFils vient d’entamer son 4e mandat de confiscation du pouvoir. Et cette éclipse de plus de 53 ans est un chapelet de persécutions, d’assassinats, de manipulation des opinions et de crimes économiques avérés; notamment des campagnes de séduction et de polissage à l’intérieur comme à l’extérieur du pays; des détournements à ciel ouvert et le bradage des richesses et domaines de souveraineté du Togo. Les moyens de l’État sont utilisés sans vergogne pour entretenir une corruption diarrhéique et le silence des consciences.
L’opposition traditionnelle togolaise, contre toute logique, se démaille dans une « sorte de courbe d’apprentissage inversée ». Apparemment des « opposants de métiers », sans culture politique, n’apprennent pas de leurs erreurs. À moins que, leur égo respectif soit tel qu’ils pratiquent à souhait «le moi ou rien». Il faut avoir une stratégie dans toute lute ou entreprise. Et notons que la stratégie se déploie ou peut se profiler en tactique et autres… Et qu’est-ce une stratégie? Dans sa forme simple, disons qu’elle est <l’art de diriger et de coordonner des actions pour atteindre un objectif>.
Alors la question pour nous togolais consciencieux est à savoir; si depuis les années 90 nous avons observé de la part de l’opposition des actions coordonnées, orientées, adaptées, soutenues pour libérer le peuple. Ou plutôt quela lutte du peuple togolais n’est qu’une échappatoire pour eux pour concrétiser leurs fantasmes ou se réaliser. Et encore là, que fait-on de la postérité. Doit-on en rire ou en pleurer?
Un pays, quel que soit sa taille, sa puissance ou sa richesse, est une condensée d’intérêts, de jeux de pouvoir et d’influences. C’est pourquoi en relation internationale, il est de notoriété qu’il n’y a pas d’amitié entre les États, mais des jeux d’intérêts. Juste pour preuves les rivalités entre les grandes puissances; même des alliées entre alliées, pour le contrôle de l’agenda international et des ressources stratégiques. Toute chose étant égale par ailleurs, Chaque État cherche le meilleur pour son peuple.
Particulièrement en politique, la «perception est la réalité». Et comme le résume si bien ce proverbe tchèque « un mensonge répété mille fois devient une vérité». Et c’est ce que la minorité pilleuse pratique de manière machiavélique. Puis, quand le mensonge ne suffit plus, elle use de la peur et l’oppression aveugle. Et elle n’a apparemment rien à craindre. De toute façon, de quoi dit-elle avoir peur, surtout face à cette opposition dissonante? Par contre, le peuple togolais a répondu toujours présent, plus que la plupart des peuples de la sous-région ouest-africaine dont les luttes ont abouti.
Ne perdons pas de vue que la répression n’est pas que physique, politique; mais aussi économique, structurelle, sociologique. Combien de togolais ont été renvoyés d’écoles, parce qu’ils auraient refusé de faire «l’animation politique» ou lâché une phrase maladroite sur le tyran, par exemple? Combien ont-ils vu leur carrière, leurs entreprises détruites à jamais? Combien de paysans, d’agriculteurs, d’artisans togolais ont vu leurs cultures ou leurs biens confisqués, détruits sur de simples soupçons. Et quand comme mère ou père de famille on ne peut plus mettre du pain sur la table à manger, la peine est sans mesure. Et on meure à petit feu.
Récemment, les soulèvements historiques du 19 août 2017 furent tellementprometteurs pour enclenché le «règne du mérite», que la déception a été grande au finish. Le peupletogolais était de nouveau debout. Cependant le clan des Gnassingbé et sa carapace RPT/UNIR-FAT usèrent encore de subterfuges, de manipulation, de répression, d’un <légalisme débonnaire et malveillant> et de la stratégie de <l’os lancé dans une meute de chiens>.De nouveau l’opposition s’enfargea royalement, comme elle seule fait le faire avec une grande prévisible.Albert Einstein disait « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. »
Quand tu as le dos au mur, il n’y a que 2 choix censés; « soit, tu te donnes les moyens de l’escalader ou tu te retournes ettu fais face à l’agresseur ». Si tu te fourvoie dans le dilatoire, c’est peine perdue.Et le prix de ses dernières chances vilipendées est lourd en termes de vies perdues, brisées et d’espoirs éteints. Et jusqu’à ce jour certaines villes (Sokodé, Bafilo, Bassar, etc…) sont toujours assiégées. En plus le pouvoir joue au chrono. Ainsi cette répression planifiée et soutenue, finit par mettre en veilleuse la détermination de certains citoyens. C’est une question de simple logique. Et en attendant de meilleures occasions, le règne des bêtes sauvages continue.
Notons que depuis les années 90 le pouvoir et l’opposition ont signé pas moins de 27 accords politiques non respectés par la minorité pilleuse, dont 8d’envergure; notamment les accords Lomé 1, Lomé 2, Ouaga 1, Ouaga 2, Ouaga 3, Colmar, Paris, du dialogue inter togolais à Lomé, l’APG et autres. Alors où le bon sens? Ce questionnement n’est nullement un refus de négocier, mais le fait de se rendre à l’évidence.On ne négocie pas avec quelqu’un qui n’a pas de parole; à moins de se donner les moyens de lui imposer sa parole donnée.
Plus de 60 articles de la constitution du peuple, celle de septembre 1992, ont été modifiés pour permettre aux Gnassingbé père et fils de confisquer pouvoir dans le sang.
Les dernières élections présidentielles du 22 février 2020 démontrent à suffisance l’instrumentalisation de l’armée, la perversion des institutions togolaises pour la pérennisation du clan des Gnassingbé et de ses redevables. Les 1eres projetions en faveurs du candidat de la dynamique Mgr Kpodzro; Dr Gabriel Kodjo Agbéyomé ont été telles que, la CENI au pas avait « fabriqués des résultats dans la précipitions » le 24 février2020, en inversant presque les résultats.
De mémoire d’hommes, aucun résultat d’élections n’a été proclamé aussi tôt au Togo. Ainsi Faure Gnassingbé fut gratifié de 72,36 % des voix et Dr Gabriel Kodjo Agbéyomé ramené à 18,37 %; pour un taux de participation déclaré de 76,63% par la CENI. D’autres rectifications suivront cette mascarade de résultats. Finalement la Cour constitutionnelle aux ordres fera passer le taux de participation de 72,36% à 92,28% et le score fabriqué de Faure Gnassingbé de 76,63% à 70,78%, par contre celui du gagnant dépouillé de 18,37% à 19,46 %. Une gymnastique électorale qui servira d’exemple de chose à ne pas faire.
Cette perpétuation de la comédie politique au Togo est rendue possible par l’incohérence et le refus d’excellence d’une opposition aux égos puérils et aux desseins alimentaires. Elle ne semble pas comprendre qu’on ne peut exercer un pouvoir que seulement, si on l’a. Notons pour mémoire certaines des occasions où cette oppositionavait a échappé la balle.
èla gestion de la Conférence Nationale Souveraine, acquise au prix de vies togolaises,
èla nomination du premier de la transition en 1991; à la fin de la CNS,
èla gestion de la transition sous Joseph Kokou Koffigoh (JoKoKo),
èla guerre des candidatures aux élections présidentielles successives (93, 98, 2003,2005, 2010, 2010, 2015, 2020),
èla majorité sans majorité de l’opposition lors des législatives de 1994 (CAR et UTD),
èdes boycotts d’élections sans plans de match.
Nous pouvons continuer la liste indéfiniment. Par contre nous avons le devoir d’écourter cette litanie d’erreurs et de drames qui assomme le peuple presqu’autant que la cruauté de la minorité pilleuse au pouvoir.
Pour Napoléon Bonaparte « Le bon sens fait les hommes capables ». Alors osons devenir des capables pour le « futur de la terre de nos aïeux ».
Togolais vient, bâtissons la cité!
Joseph Kato!
Source : Liberté N° 3250