Des réactions
Bien évidemment cette nouvelle n’a pas laissé indifférents la classe politique et les acteurs de la société civile. Agbéyomé Kodjo, un des alliés du Front républicain pour l’alternance et le changement (Frac) se félicite de cette initiative de Jean-Pierre Fabre et échafaude même déjà des perspectives d’avenir. « Dans les jours à venir nous pensons nous organiser pour réorganiser notre résistance citoyenne pour trouver des solutions à la crise que nous traversons aujourd’hui », déclare le Président de l’Organisation pour bâtir dans l’union un Togo solidaire (Obuts), le parti réhabilité après une traversée du désert. Même son de cloche chez l’économiste Michel Nadim Khalif qui apprécie la démarche, mais émet un peu de bémol. Il regrette qu’au lieu d’un nouveau parti, on n’ait pas plutôt transformé le Frac en formation politique pour rentabiliser et fédérer toutes les énergies qui s’y retrouvent. Pour Me Raphaël Kpandé-Adzaré, président de la Ligue togolaise des droits de l’homme (Ldth), la création d’un nouveau parti est la « meilleure solution après plusieurs mois de querelles internes ».
Le seul son discordant vient du camp des AGO. Pour Isaac Tchiakpé, l’un des « meilleurs » lèche-cul de Gilchrist Olympio, la mise sur les fonts baptismaux de l’Anc est un « non évènement ». « Olympio a proposé la main tendue, ils ont refusé. Ce n’est pas une perte irremplaçable pour le parti. D’autres talents et compétences beaucoup plus aguerris vont fleurir au sein de l’Union des forces de changement pour faire aboutir l’alternance dans climat un apaisé », a-t-il dardé. Le conseiller spécial du « Maréchal » bombe le torse, mais quand on voit toutes les peines que le « pépé » a eu pour rassembler les compétences – humm…- envoyées au gouvernement et toutes les gymnastiques faites pour trouver des ressources à proposer aux postes d’ambassadeurs, maires, préfets et autres directeurs de sociétés et services publics, on ne peut que leur souhaiter « yakoo », du courage donc.
Des forces de l’Anc
A en croire les observateurs aguerris de la scène politique togolaise, le nouveau parti est promu à un bel avenir. Son tout premier atout que l’on met en avant, ce sont les ressources humaines qui composent ses instances dirigeantes. Le Bureau le Comité exécutif et le Conseil des sages ne sont pas une mixture de Djimon Oré, François Galley, Fofana Bakalawa et autres Brim-Diabacté, bref une sélection de calamités (sic). C’est tout le gotha de l’ex Union des forces de changement (Ufc) qui suit Jean-Pierre Fabre. De Patrick Lawson à Mme Isabelle Ameganvi en passant par les Doe-Bruce, Georges Lawson, Jean Eklou ou Eric Dupuy, c’est toute l’élite du « Détia » qui se retrouve dans l’Anc. Ce sont des têtes bien pleines et bien faites, des hommes et femmes assez bien aguerris qui n’ont plus rien à prouver sur le plan politique. Des compétences, ils en ont à revendre.
L’autre atout majeur c’est le soutien des fédérations de la désormais coquille vide de l’Ufc. En effet toutes les fédérations ou presque de l’Ufc qui s’étaient ralliées à la cause de Jean-Pierre Fabre l’ont suivi dans le nouveau parti. Sur la quarantaine que comptait le parti de son Excellence Gilchrist Olympio, à peine quatre (04) lui sont acquises. Plus de la trentaine s’est juste mutée en fédérations locales de l’Alliance nationale pour le changement (Anc). Le nouveau parti n’aura donc aucune peine à s’implanter sur le territoire, atteindre les coins les plus reculés et faire passer son message. Et dans l’entourage de Jean-Pierre Fabre, on se contente de dire que « le bébé est né avec des dents ».
La bataille de l’Assemblée nationale est aussi gagnée d’avance. Le nouveau Président de l’Anc avait réussi à rallier à sa cause vingt (20) députés sur les vingt-sept (27) que comptait l’Ufc, et ils lui sont restés fidèles. Ils sont en nombre suffisant pour créer un groupe parlementaire.
L’avantage ultime, le plus important est la caution populaire. Et ça, le nouveau parti l’a d’office. Jean-Pierre Fabre est devenu depuis la traitrise de l’Antéchrist Gilchrist Olympio le nouveau leader de l’opposition, le chouchou des Togolais. Il suffit de voir la ferveur qui entourait les manifestations auxquelles il appelait pour s’en convaincre. A force d’être quotidiennement brimé à cause de la juste cause qu’il défendait, il a fini par suscité de la sympathie des Togolais –comme cela arrive souvent pour une victime de l’injustice -, même de ceux qui lui trouvaient avant des tas de défauts. « On ne sait pas s’il nous a envoûtés, mais on l’aime tellement, Jean-Pierre Fabre », entend-on des jeunes Togolaises et Togolais chanter lors des rassemblements à Bè Kodjindji et lors des marches. Il va de soi que tout ce beau monde le suive dans sa nouvelle aventure. Déjà ils sont des milliers à déclarer vouloir adhérer au nouveau parti, avant même qu’il ne soit légalement reconnu. Reste à Jean-Pierre Fabre et ses lieutenants de capitaliser cette popularité et tous ces atouts.
Tino Kossi
LIBERTE HEBDO TOGO