Il y a quelques semaines les députés ont mis en place une mission d’enquête parlementaire pour passer à la loupe le rapport de la Cour des comptes. Dans le viseur des députés, les malversations liées à la gestion des fonds de riposte contre la pandémie Covid-19, avec l’implication supposée de hautes personnalités. Pourtant, ces mêmes députés avaient vigoureusement défendu l’Exécutif.
En effet, quelques mois plus tôt, ils affirmaient que c’était le pouvoir lui-même qui avait initié ce rapport. Pour eux, la transparence dans la publication d’un tel rapport prouvait qu’il n’y avait eu aucun dysfonctionnement. Cet étrange revirement pose questions.
Aujourd’hui, c’est le procès d’un pilier du régime, le général de division Félix Abalo Kadangha. Il est accusé de complicité d’assassinat, de complicité d’entrave au bon fonctionnement de la justice et de complot contre la sécurité intérieure de l’État. De lourdes accusations dans le cadre de l’assassinat du Colonel Bitala Toussaint Madjoulba.
Dans les deux cas, il s’agit d’affaires graves qui impliquent de hautes personnalités civiles ou militaires. Alors, il y a de quoi s’interroger. Le régime togolais est-il subitement frappé par l’envie de faire un peu de ménage dans ses rangs ? Rien n’est moins sûr.
Toutefois, quand on scrute les deux affaires, on pourrait se demander si ce revirement n’est pas dû à une pression extérieure, car l’impunité a toujours régné en maitre au Togo.
En effet, d’une part, les fonds de lutte contre Covid proviennent essentiellement de l’international. D’autre part, on sait aussi que les forces de défense bénéficient d’assistance et de formation des partenaires à l’international, particulièrement au moment où le général Kadangha était le chef d’état-major des Forces Armées Togolaises (FAT). Tout cela est difficile à confirmer, mais le scepticisme est légitime, car le pouvoir n’a pas habitué les Togolais à ce type d’initiative. Pourquoi changerait-il tout d’un coup ?
Quoi qu’il en soit, il faut attendre et observer si cette orientation se confirme, car il y a au Togo beaucoup d’affaires qui devraient faire l’objet d’investigations et de sanctions. L’emblématique expérience des incendies des marchés de Kara et de Lomé, par exemple, est encore très douloureuse pour la population.
Gamesu
Nathaniel Olympio
Président du Parti des Togolais