L’information à la une sur la toile politique togolaise de cette semaine sera, sans conteste, l’annonce par le Président du NET, Gerry Taama, de son retrait de la scène politique togolaise suite à ses mauvaises expériences durant les élections législatives passées.
Gerry Taama et moi nous nous connaissions avant qu’il n’entre en politique en 2012. En 2008-2009, nous faisions partie de la dizaine de Togolais ( avec le doyen du numérque au Togo Noel Kokou Tadegnon, l’écrivain Kangni Alem, le journaliste Sylvio Combey…) à détenir un blog (un vrai blog je veux dire).
Gerry fait également partie, tout comme moi, du très petit cercle de Togolais qui croient encore à la littérature et écrivent des livres. Nous nous connaissions donc avant le début de son aventure politique, disais-je.
Quand l’homme politique qu’il était devenu avait choisi sa position de centriste, j’avais immédiatement exprimé mes réserves, tout Togolais prudent sachant de quoi le centre est le nom dans un environnement politique comme le nôtre. Puis j’ai vu Gerry Taama commencer à taper sur l’opposition traditionnelle, prenant plaisir à vouloir couper la poire en deux, rejetant la responsabilité de la situation du Togo et sur l’opposition et sur le parti au pouvoir qu’il a la manie de dénoncer avec un ton timide qu’on ne lui connaît pas.
A plusieurs reprises, je lui ai envoyé des lettres ouvertes, lui signifiant qu’une telle position que nous avons déjà connue dans la politique togolaise était aussi erronée qu’hypocrite. Mais mon grand frère (c’est ainsi que je l’appelle durant nos discussions, grand frère) n’a pas changé et nos échanges en privé ( toujours dans la courtoisie) n’ont jamais réussi à nous mettre d’accord.
Je m’étais longuement brouillé avec lui en 2017 quand, dans la difficile situation politique où l’opposition s’était retrouvée dans l’obligation de boycotter des élections viciées, Gerry Taama s’était présenté, accusant Jean-Pierre Fabre et les autres d’être inconstants. Et je m’étais mis à l’attaquer violemment à travers mes articles. Mais Gerry a foncé. Le résultat, on l’a connu: il a siégé au parlement pendant cinq ans.
Ce soir, je me sens triste de voir que le grand frère a décidé, suite à sa débâcle électorale (il accuse le parti au pouvoir de fraudes et estime avoir été lésé (des réalités qu’on lui a toujours pourtant martelées à plusieurs reprises)), de jeter l’éponge. Je me sens triste parce que je connais et reconnais les qualités humaines, les compétences et l’ingéniosité de Gerry Taama et qui auraient pu contribuer à la construction d’un Togo meilleur.
Je me sens triste parce qu’un homme, relativement jeune (il n’a pas 50 ans) avec qui on peut encore parler de politique au Togo argument contre argument, a décidé de capituler.
Je me sens triste parce parce que j’ai l’impression que Gerry Taama n’a pas vite compris (ou l’a compris mais n’a pas voulu l’accepter) qu’il n’y a pas, ne peut pas y avoir de « centre » dans l’environnement politique actuel au Togo.
David Kpelly