Frère du chef de l’Etat togolais, Kpatcha Gnassingbé est mis en prison depuis 2009 pour atteinte à la sureté de l’Etat. Il vient subitement d’être transféré au Gabon depuis soixante-douze heures, et on évoque une évacuation sanitaire.
D’abord on se demande si réellement c’est une soudaine magnanimité qui pousse le régime à une action humanitaire. Ensuite, se pose la question de savoir s’il s’agit d’une décision politique. Bien sûr, le frère du chef de l’Etat est souffrant depuis plusieurs années et il aurait même passé les vingt-quatre derniers mois au pavillon militaire du principal hôpital de Lomé.
Mais, les interrogations qui entourent ce départ sont légitimes.
En effet, d’une part, le régime togolais n’a pas la réputation d’être très attentif au sort des prisonniers, bien au contraire, d’autre part, le cas de Kpatcha Gnassingbé est très particulier, par sa dimension familiale, politique, et même le risque sécuritaire qu’il représenterait pour le pouvoir. Par ailleurs, on sait que le Gabon même évacuait jusqu’à récemment ses malades vers le Maroc, et c’est la toute première fois qu’on apprend au Togo qu’une évacuation sanitaire se fait vers le Gabon. Etrange !
Pour toutes ces raisons, on se demande si finalement il ne s’agit tout simplement pas d’envoyer Kpatcha Gnassingbé en exil.
Il faut rappeler que depuis plusieurs années, le pouvoir togolais était sous pression de l’Onu et de la CEDEAO qui considèrent que l’emprisonnement de Kpatcha Gnassingbé est arbitraire. Les acteurs politiques du Togo, les organisations de la société civile et les défenseurs des droits humains, locaux et internationaux, ont très régulièrement demandé la libération du prisonnier.
Il est bien difficile de se faire à l’idée d’une mansuétude du régime dans ce cas précis, alors que plus d’une centaine de prisonniers d’opinion sont encore dans les geôles, dans des conditions très difficiles. Certains sont soumis à des tortures, à des traitements cruels, inhumains et dégradants. C’est ce qui amène Abdoul Aziz Goma, récemment libéré de prison, à porter plainte à la Cour de justice de la CEDEAO.
Il faut souhaiter que ce départ au Gabon donne l’occasion d’amélioration des conditions de vie et de prise en charge de la santé de Kpatcha Gnassingbé.
Gamesu
Nathaniel OlympioPrésident du Parti des Togolais